DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Pascal, André: Pierre Julien, [1]: sculpteur
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
enseignement, à développer les idées de retour à l’antique, et quel
antique que le sien! C’est lui qui, entraînant Vien et David, fournit
à toute une génération d'artistes sinon l’idée, du moins les moyens
d’opérer une révolution dans le goût.
Julien dut écouter modérément ces leçons : pourtant nous le
verrons à Rome occupé à de nombreuses copies d’antiques, et si plus
tard ses œuvres ont un reflet antique, l’esprit qui les anime semble
plutôt puisé à la belle époque de la sculpture athénienne que pro-
céder des froides statues de la Rome impériale, modèles préférés de
l’école de David. Par le charme classique de ses œuvres il tiendra le
milieu entre le réalisme correct et magistral de Houdon et l’idéalisme
faux et déclamatoire des novateurs.
Julien a terminé ses trois années d’étude. 11 ne lui manque que
son brevet de grand prix de Rome pour se mettre en route vers la
capitale des arts. Vanloo et Cochin font les démarches nécessaires
auprès de M. le marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments,
et le 6 juin 1768 le brevet est délivré1.
Julien et son compagnon de voyage Jean Bardin, le grand prix
de peinture de 1765, se mettent en route pour l’Italie et arrivent à
Rome le 1er décembre 17682. Notre artiste est heureux de retrouver
son ami Beauvais, son camarade d’atelier chez leur maître Coustou3.
Pendant les quatre années qu’il passa à Rome, outre les travaux
prescrits aux pensionnaires Julien exécuta, pour le président IIoc-
quard, des copies en marbre de Y Apollon et du Gladiateur, de trois
pieds de proportion. A l’époque de la Révolution ces statues furent
placées au musée de Versailles. En 1869 elles se trouvaient à Saint-
Cloud. Outre ces deux ouvrages, Julien avait fait des moulages sur
des antiques; nous en voyons l’attestation dans son testament et
1. Archives Nationales, O1 1084.
2. Arch. Nat., O11941. Lettre de Natoire (25 janvier 1768) au marquis de Mari-
gny. État des pensionnaires.
3. Il occupe avec cet ami un logement dans l’entresol à côté du grand
escalier. Son talent est apprécié par l’un de ses camarades, l’architecte Ray-
mond, qui le choisira plus tard pour collaborer avec Clodion, Pajou et Moitte à
la décoration de la Place du Peyrou à Montpellier. En mars 1773, Julien reprend
le chemin de la France comme nous l’apprend la lettre de Natoire : « Le
sr Julien sculpteur après avoir passé quelque temps à Rome depuis qu'il a fini
sa pension, part ces jours-cy pour sen retourner en france, je vien de luy donner
la gratification accoutumée. Je n’ay que du bien à vous dire de ce jeune artiste
lequel a fait de très bonne études, quelques ouvrages qu’il a fait pour M. Haucart,
jadis président, luy feront honneur, pour sa conduite il n’y a rien à lui repro-
cher. Rome, le 24 février 1773. (Signé) : Natoire.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
enseignement, à développer les idées de retour à l’antique, et quel
antique que le sien! C’est lui qui, entraînant Vien et David, fournit
à toute une génération d'artistes sinon l’idée, du moins les moyens
d’opérer une révolution dans le goût.
Julien dut écouter modérément ces leçons : pourtant nous le
verrons à Rome occupé à de nombreuses copies d’antiques, et si plus
tard ses œuvres ont un reflet antique, l’esprit qui les anime semble
plutôt puisé à la belle époque de la sculpture athénienne que pro-
céder des froides statues de la Rome impériale, modèles préférés de
l’école de David. Par le charme classique de ses œuvres il tiendra le
milieu entre le réalisme correct et magistral de Houdon et l’idéalisme
faux et déclamatoire des novateurs.
Julien a terminé ses trois années d’étude. 11 ne lui manque que
son brevet de grand prix de Rome pour se mettre en route vers la
capitale des arts. Vanloo et Cochin font les démarches nécessaires
auprès de M. le marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments,
et le 6 juin 1768 le brevet est délivré1.
Julien et son compagnon de voyage Jean Bardin, le grand prix
de peinture de 1765, se mettent en route pour l’Italie et arrivent à
Rome le 1er décembre 17682. Notre artiste est heureux de retrouver
son ami Beauvais, son camarade d’atelier chez leur maître Coustou3.
Pendant les quatre années qu’il passa à Rome, outre les travaux
prescrits aux pensionnaires Julien exécuta, pour le président IIoc-
quard, des copies en marbre de Y Apollon et du Gladiateur, de trois
pieds de proportion. A l’époque de la Révolution ces statues furent
placées au musée de Versailles. En 1869 elles se trouvaient à Saint-
Cloud. Outre ces deux ouvrages, Julien avait fait des moulages sur
des antiques; nous en voyons l’attestation dans son testament et
1. Archives Nationales, O1 1084.
2. Arch. Nat., O11941. Lettre de Natoire (25 janvier 1768) au marquis de Mari-
gny. État des pensionnaires.
3. Il occupe avec cet ami un logement dans l’entresol à côté du grand
escalier. Son talent est apprécié par l’un de ses camarades, l’architecte Ray-
mond, qui le choisira plus tard pour collaborer avec Clodion, Pajou et Moitte à
la décoration de la Place du Peyrou à Montpellier. En mars 1773, Julien reprend
le chemin de la France comme nous l’apprend la lettre de Natoire : « Le
sr Julien sculpteur après avoir passé quelque temps à Rome depuis qu'il a fini
sa pension, part ces jours-cy pour sen retourner en france, je vien de luy donner
la gratification accoutumée. Je n’ay que du bien à vous dire de ce jeune artiste
lequel a fait de très bonne études, quelques ouvrages qu’il a fait pour M. Haucart,
jadis président, luy feront honneur, pour sa conduite il n’y a rien à lui repro-
cher. Rome, le 24 février 1773. (Signé) : Natoire.