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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 6
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Roche, Denis: Dmitri-Grigorévitch Lévitski, 1: un portraitiste petit-russien au temps de Catherine II
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0547
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

avait donné un million de roubles à la maison des Enfants trouvés
de Moscou et fondé tout récemment à Saint-Pétersbourg l’Ecole
commerciale où son portrait par Dmitri-Grigorévitch est encore con-
servé. Le jeune peintre voulut assurément montrer, mieux encore
qu’il ne l’avait indiqué dans les portraits de Kokorinov et d’Oums-
koï, quelle pompe il pourrait déployer et quelle vérité adroite il
savait saisir. C’est un portrait très séduisant. Un grand beau vieil-
lard apparaît dans le jardin d’un palais, accoudé sur un arrosoir, et
environné de plantes rares qu’il soigne et étudie. Inaugurant des
goûts que continuèrent ses enfants, Procope Demidov s’occupait
d’histoire naturelle et d’acclimatation. Son « Jardin botanique » fut
décrit par Pallas. Son image par Lévitski fait songer à quelque
effigie de Gœthe.

Cette même année (1773), au mois de septembre, Diderot arriva
en Russie. L’artiste durant le séjour du philosophe, qui se prolon-
gea jusqu’en mars 1774, fit son portrait. On ne sait aux frais de qui,
et dans quelles conditions. Il a représenté Diderot de trois quarts,
nu-tête, le col déboutonné, d’une ressemblance très concordante
avec le buste de Mlle Collot que l’écrivain regardait comme sa meil-
leure image. Diderot est vêtu d’une robe de chambre en satin feu,
doublée de soie verte. Le faire est gras, souple et très sobre. Ce por-
trait est d’une bonne série de Lévitski, que l’on pourrait appeler
la série des hommes de lettres, et où nous verrons figurer Novitski,
Lvov, Dmitriev, etc. 11 fut légué par le philosophe à sa fille, Mme de
Yandeul, qui le donna à Et. Dumont. Il appartient maintenant à la
bibliothèque de Genève où il est un des portraits les plus admirés l.

On ne saurait dire si, au moment de l’arrivée de Diderot en Russie,
Lévitski était déjà connu de l’impératrice; cela semble néanmoins.
Le premier portrait d’une suite charmante qui a très heureusement
inspiré Dmitri-Grigorévitch est daté, en effet, de 1773. Cette suite,
qui comprendra sept portraits, est celle des élèves de l’Institut
Smolny. Elle est appelée parfois aussi celle des Demoiselles d’hon-
neur, bien que toutes les jeunes filles peintes par Lévitski n’aient
pas eu ce titre. Catherine avait créé 1 Institut Smolny à l’imitation
de Saint-Cyr. Des enfants y étaient élevées dans un internat rigou-
reux qui durait douze années. Les parents ne pouvaient les voir

1. Nous tenons à remercier M. H.-Y. Aubert, directeur de la bibliothèque
publique de Genève, qui nous a fourni de très aimables renseignements. — On
peut voir reproduit le portrait de Diderot dans le livre déjà cité de M. Maurice
Tourneux : Diderot et Catherine.
 
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