DOI issue:
Nr. 2
DOI article:Lemonnier, Henry: Suvée et ses amis à l'École de Rome (1772 - 1778)
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24812#0126
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
commençaient à s’user et à fléchir et, à la claie où leur éducation
se terminait, ils se trouvèrent en face d’un style tout nouveau et
contradictoire avec les principes dont ils avaient été nourris. Ils ne
furent de force ni à le combattre victorieusement, ni à se l’assimiler;
ils essayèrent d’y accommoder leur manière et ne réussirent qu’à
la fausser. Ils perdirent toutes leurs qualités ou ne les échangèrent
que pour des défauts.
Conventionnel, même
chez un homme tel
que David, l’art gréco-
romain ne devint chez
eux que déplorable-
ment factice, froid et
banal. On en jugera
par les deux œuvres
de Suvée, dont nous
donnons ici la repro-
duction : le Saint
Sébastien, envoyé à
l’Académie, qui en
louait la « touche spi-
rituelle », en 1778, et
exposé en 1779, et le
Dibutacle ou l’Origine
du dessin, qui figura
au Salon de 1791, et
qui est si glacial, si
nu, si vide dans sa
recherche du style. A
la villa pajiphili, sanguine par jombert
douze ans d’intervalle,
c’est comme l’écart de toute une génération. De plus grands, parmi
les survivants du xvme siècle, Moreau le jeune, Greuze, Houdon,
n’échappèrent pas à cette fortune lamentable. Pourtant, dans Suvée
même et dans ses amis, tout n’est pas à dédaigner. Il suffît, pour
leur être indulgent, de les prendre dans les œuvres de leur jeunesse,
dans leurs dessins, dans leur art instinctif, où revit encore quelque
chose de ce xvme siècle qui, semblable aux gentilshommes de l’an-
cien régime, conserva jusque dans son déclin des grâces surannées,
mais encore séduisantes.
HENRY LESION N 1ER
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
commençaient à s’user et à fléchir et, à la claie où leur éducation
se terminait, ils se trouvèrent en face d’un style tout nouveau et
contradictoire avec les principes dont ils avaient été nourris. Ils ne
furent de force ni à le combattre victorieusement, ni à se l’assimiler;
ils essayèrent d’y accommoder leur manière et ne réussirent qu’à
la fausser. Ils perdirent toutes leurs qualités ou ne les échangèrent
que pour des défauts.
Conventionnel, même
chez un homme tel
que David, l’art gréco-
romain ne devint chez
eux que déplorable-
ment factice, froid et
banal. On en jugera
par les deux œuvres
de Suvée, dont nous
donnons ici la repro-
duction : le Saint
Sébastien, envoyé à
l’Académie, qui en
louait la « touche spi-
rituelle », en 1778, et
exposé en 1779, et le
Dibutacle ou l’Origine
du dessin, qui figura
au Salon de 1791, et
qui est si glacial, si
nu, si vide dans sa
recherche du style. A
la villa pajiphili, sanguine par jombert
douze ans d’intervalle,
c’est comme l’écart de toute une génération. De plus grands, parmi
les survivants du xvme siècle, Moreau le jeune, Greuze, Houdon,
n’échappèrent pas à cette fortune lamentable. Pourtant, dans Suvée
même et dans ses amis, tout n’est pas à dédaigner. Il suffît, pour
leur être indulgent, de les prendre dans les œuvres de leur jeunesse,
dans leurs dessins, dans leur art instinctif, où revit encore quelque
chose de ce xvme siècle qui, semblable aux gentilshommes de l’an-
cien régime, conserva jusque dans son déclin des grâces surannées,
mais encore séduisantes.
HENRY LESION N 1ER