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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 30.1903

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Nr. 2
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Servian, Ferdinand: Les faïences de Marseille au XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24812#0166
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LES FAÏENCES DE MARSEILLE AU XVIII0 SIÈCLE. 145

celui d’imprimer les toiles, etc., ont acquis des ouvriers qui leur
ont donné un degré de supériorité, et Marseille a pu faire exécuter
dans son sein des objets qu’elle tirait à grands frais de l’intérieur du
royaume et même des pays étrangers. »

Dans la peinture au moufle, c’est-à-dire sur émail, on peut dire
qu’ils ont été sans rivaux. Le miniaturiste Charpentier y excellait1.
A ce moment, l’Académie de Marseille, sentant cette industrie
menacée, proposa un prix en faveur du meilleur mémoire sur la céra-
mique provençale. Un seul candidat prit part à ce concours, mais la
docte Compagnie ne jugea pas son mémoire digne d’être couronné.

Quinze ans plus tard, le nombre se trouve réduit à six, se décom-
posant comme suit : trois fabriques de faïences artistiques employant
20 ouvriers, et trois poteries en couleurs avec 25 ouvriers; en 1808
il tombe à deux, et l’année suivante on n’en compte qu’une seule,
celle de Laurent Sauze. Dans son compte rendu de l’Exposition de
1806, 1 e Moniteur, parlant de ce fabricant, s’exprimait ainsi : « Par-
mi les pièces qui composent ces échantillons, il en a de remar-
quables ; il en a envoyé plusieurs dans le genre de ceux dont les Turcs
font usage. » Au commencement du règne de Louis-Philippe, le
nombre des ouvriers n’est plus que 10 et celui dos pièces fabriquées
n’atteint que 4 000, évaluées à environ 10 000 francs à peine. Vers
la lin, une recrudescence momentanée se produit. On ne constate
toujours qu’une seule fabrique de faïence blanche, mais elle livre
100 000 pièces d’une valeur de 40 000 francs, exportant environ
2 000 quintaux métriques par an, principalement en Algérie et aux
colonies. Enfin, sous l’Empire, elle ne produit plus que le quart de
ces chiffres. Aujourd’hui elle a vécu.

Tel fut le sort des faïenceries marseillaises. Après avoir joui
d’une vogue considérable vers le milieu du xvme siècle, nous les
voyons s’ébranler sous la Révolution, lutter au commencement du
xix° siècle pour conserver leur ancien prestige, et enfin, vaincues
par la concurrence des grands centres céramiques, écrasées par l’en-
vahissement des porcelaines étrangères et françaises dont le bon
marché est manifeste, disparaître complètement, emportant avec
elles le plus beau fleuron de la couronne de fart industriel local.

F E R U 1X A N D SE R VIA N

1. Ec sculpteur d’Antoine, à qui Marseille doitlc buste de Puget et d Homère,
modela pour des faïenciers.

XXX.

3° PÉRIODE.

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