Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 31.1904

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Bouchot, Henri: Les primitifs français: le "parement de Narbonne" au Louvre (1347); le peintre Jean D'Orleans à Paris
DOI article:
Reinach, Salomon: Deux miniatures de la Bibliothèque de Heidelberg, attribuées à Jean Malouel
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24813#0066
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
58

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Le style de ces belles miniatures se distingue par une recherche
excessive de la suavité, aux dépens du caractère et de l’accent.
Même le mauvais larron et les soldats n’ont pas les expressions
féroces et sinistres que l'art du xve siècle leur attribuera. Seuls le
cavalier qui tend l’éponge à Jésus et le soldat assis tout à droite ont
un certain air de brutalité qui fait penser aux œuvres rhénanes et
en accuse probablement l’influence. La tête du Christ, celles de la
Vierge, de saint Jean et des Saintes Femmes sont discrètement et
presque mollement douloureuses. Les corps sont très allongés, mais
dessinés avec beaucoup de correction et d’élégance ; les barbes, y com-
pris celles de Jésus et du Père Eternel, sont bilides; celle de saint
Mathieu, sur la première miniature, fait seule exception à cet égard.

11 est superflu de démontrer que ces peintures sont françaises ou
franco-flamandes et qu’elles appartiennent au groupe de celles aux-
quelles est attaché le nom du duc de Berry. Cette école paraît
s’être formée à Paris même, pendant la première moitié du xive siècle;
les désastres de la guerre de Cent ans la firent émigrer dans la
vallée de la Meuse, où elle s’imprégna d’éléments rhénans et ita-
liens et d’où elle rayonna sur Dijon, Bourges, Paris et la Provence.
La bordure de rinceaux de vigne se remarque déjà sur des miniatures
de la bibliothèque de Charles V ; on constate aussi, dans des livres de
cette provenance, un des ornements caractéristiques des cadres, con-
sistant en une rangée de chevrons avec de petits rameaux dans les
intervalles. L’expression des têtes et les barbes bifides se retrouvent
dans les miniatures de Beauneveu et de Jacquemart de LIesdin; tou-
tefois, les deux peintures de Heidelberg ne peuvent être attribuées
à l’un de ces peintres, comme on s’en assurerait en jetant les yeux sur
les planches des Monuments et Mémoires où les œuvres authentiques de
Beauneveu et de Jacquemart ont été reproduites par l’héliogravure L
C’est la même école, avec des échos lointains de Florence, de Sienne
ou de Pise, mais ce ne sont pas les mêmes mains; notre artiste est
d’ailleurs plus voisin de Jacquemart que de Beauneveu. D’autre part,

différence?, les mêmes sujets; elles décorent un missel donné en 1412 à l’église
Saint-Magloire à Paris (Bibl. de l’Arsenal, n°623). Ces peintures, et d’autres de
style analogue, ont été attribuées sous réserves par M. Durrieu à un artiste alsa-
cien, Haenslin (Hancelin) de Haguenau (Le Manuscrit, t. II, p. 178; cf. ibid., p. 149);
MM. de Champeaux et Gaucliery (Les travaux d'art èxécuiés pour le duc de Berry,
1894, p. 204) les croient « de l’école des Limbourg »,’ce qui s’accorde avec l’hypo-
thèse énoncée plus loin.

1. Fondation Piot; Monuments et Mémoires, t. III, pi.)VI (Beauneveu), pl. VII-XI
(Jacquemart).
 
Annotationen