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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0192

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176

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

chefs-d’œuvre les plus significatifs, le Buisson du Louvre, dont la fine eau-forte
de M. Beurdeley accompagne ces lignes, le maître hollandais ait, avec un motif
si bien fait pour lui plaire, donné la plus haute et la plus saisissante expression
de ses meilleures qualités.

Sans doute, au lieu de céder au courant d’émigration qui avait entraîné leurs
prédécesseurs vers l’Italie, des artistes tels qu’Esaïas van de Yelde, Pieter de
Molyn et surtout van Goyen s’étaient déjà engagés dans les voies nouvelles
ouvertes par eux à l’école franchement hollandaise du «paysage intime «.Mais il
était réservé à Ruysdael de donner à cette forme de l’art sa complète expression.
Misérable et méconnu jusqu’au bout, il n’avait jamais cessé de demander à la
nature les enseignements qu’elle réservait à son loyal et mâle talent. Les confi-
dences qu’elle lui faisait furent les seules joies qu’il put goûter en ce monde, et,
poursuivant sans jamais faiblir son courageux labeur, il semble qu’il ait dû, par
les rigueurs inexorables de sa destinée, payer la rançon de son génie. Mais, en
même temps qu’il révélait à ses compatriotes des beautés pittoresques à côté
desquelles ils passaient jusque-là indifférents, Ruysdael inaugurait, sans le
savoir, une poétique nouvelle. Il est bien, en effet, le vrai créateur de ce « paysage
intime» dont, plus de cent ans après, Constable reprenait le programme, et qui
amplifié, développé en France, devait, avec toute la richesse et la variété qu’il
comporte, achever chez nous sa dernière transformation et atteindre son entier
développement.

Toutes ces séductions combinées de l’art et de la nature parlaient fortement
à l’âme de Georges Riat. Il les trouvait réunies dans le noble sujet qui l’avait
tenté. L’ayant choisi, il n’avait rien négligé pour le traiter dignement. Avec sa
conscience et sa modestie scrupuleuses, il n’a jamais manqué de dire tout ce
qu’il devait aux travaux de ses prédécesseurs. Mais, par une étude approfondie,
il avait acquis le droit de contrôler, de discuter, de confirmer ou de contredire
leurs appréciations, en donnant toujours des raisons personnelles de ses propres
jugements. Il aurait bien mérité d’assister à son succès, de jouir plus plei-
nement des sympathies croissantes qui venaient à lui, de goûter ces premiers
sourires d’une existence jusque-là si difficile. Avec l’avenir qui s’ouvrait désor-
mais pour lui, il allait prendre enfin dans la critique d’art la place qu'il avait si
vaillamment conquise. La mort était là, implacable, pour briser toutes les espé-
rances que fondaient sur lui ses amis.

Du moins, son Ruysdael suffit à montrer comment il aurait tenu ses pro-
messes.

ÉMILE MICHEL

L’Imprimeur-gérant : J.-F. Schnkrb.

pa hit,.

UViPKlMERlE DE LA « ÜAZET'IE DES BEAUX-ARTS », 8, RUE FAVART.
 
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