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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 3
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Lemonnier, Henry: Jean Goujon et la salle des Cariatides au Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0202

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186

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dit Martin, si je ne me fensse aidé du labeur de Jean Jocondo,
Alberti, Budé, Philander, Serlio et maistre Jehan Goujon... »

Plus tard, en 1578, Guy Lefebvre de la Boderie, dans la Gctl-
Ziacle, célébrant les artistes et écrivains du siècle dans des vers
détestables, disait de Jean Goujon :

... Et toi Goujon encores,

Qui de rares portraicts ce bel autheur [Vitruve] décores.

On voit, par le témoignage môme de Jean Martin, qu’il avait
consulté les éditions de Giocondo, de Philander. Mais ce qui est plus
décisif encore, beaucoup de figures de la traduction sont prises du
Vitruve de Giocondo, de celui de 1521, de celui de Caporali1 (1536).

Or, Vitruve, au début même de son ouvrage, parlait des caria-
tides employées par les Grecs et les Romains; le passage avait fait
fortune, surtout à cause de l’origine qu’il leur donnait, à une époque
où tous les lecteurs goûtaient singulièrement les récits légendaires
dès qu’ils venaient de l’antiquité. Vitruve raconte que les habitants
de la ville de Caria, ayant fait alliance avec les Perses au temps
des guerres médiques, les Grecs vainqueurs s’emparèrent de la ville,
tuèrent tous les hommes et réduisirent les femmes en esclavage. Ils
voulurent que, « pour éternel exemple de captivité, eslant chargées
d'injures et d’opprobres, fussent veues porter la peine de le urs parons,
alliez et marys. A l’occasion de quoy, ceulx qui, pour le temps
d’adonc estoient architectes, meirent en leurs édiffices publiques les
y mages de ces dames comme destinées à supporter le faix, afin que
la punition du forfaict des Caryens fust congneue et servît d’exemple

à toute la postérité.Yoylà d’où est venu que plusieurs architectes

ont mis des statues persanes à soutenir les épistyles, c’est-à-dire
architraves et autres ornements d’édiffices, et de cela ont esté
augmentées plusieurs belles diversitez dans les ouvrages. » Le mot

tectes nouvellement traduite d’Espœignol en Françoys... 1639 (Une première édition
aurait paru en 1630).

VI. M. Vitruvii Pollionis vin suæ professionis perilissimi de architeciura libri
decem... adjunctis nunc primum Guillelmi Phüandri Castilioni... castigationibus
atque annotationibus... L’ouvrage est dédié à François Ier. A la fin, on voit que
Philander l’avait composé, à Rome, en 1641, sur tes conseils et avec l’aide de
Guillaume d'Armagnac, évêque de Rodez, à ce moment ambassadeur du roi
auprès du pape Paul III.

1. Caporali, peintre et architecte, appartenait à une famille d’artistes, dont le
premier vécut au xve siècle.
 
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