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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 3
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Lemonnier, Henry: Jean Goujon et la salle des Cariatides au Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0206

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Dans le recueil d’Aldroandi, il est souvent question de caria-
tides : « Dans le jardin de San Giuliano... se voient au milieu quatre
statues; àl’iine manque la tête, à toutes, les mains. Elles sont dra-
pées et l’une d’elles a un vase sur la tête ; on les appelle des caria-
tides. » — « Tête de femme avec panier sur la tête, dite cariatide. »
—- « Il y a encore une autre table où est sculptée en relief une
femme drapée avec ceinture, ayant un chapiteau sur la tête '. »

Enfin on a retrouvé un cahier de croquis faits à Rome, de 1572 à
1577, par un artiste rémois, Pierre Jacques. Il contient la plupart
des statues antiques connues au xvic siècle, et il les représente avant
les restaurations 2.

Bien qu’il soit postérieur de vingt ans au moins à la date
des cariatides de Goujon, la plupart des œuvres qu’il reproduit
étaient connues dès la première moitié du xvic siècle et même avant.
Or, on ne peut s’empêcher tout d’abord d’être frappé du nombre
considérable de statues sans bras qui y figurent3, et de ce fait tout
matériel on conclura que l’idée de Goujon n’avait rien d’excep-
tionnel, rien qui heurtât la vision des artistes. Il se borna à en
faire une application raisonnée.

Mais voici qui est plus intéressant : à la planche 72 bis de l’album
de Pierre Jacques, se trouve la figure que nous reproduisons ci-
conlre et dont M. Reinach dit qu’elle est « du type des cariatides de
l’Erechtéion » ; à la planche 73 bis, autre figure presque identique4.
Ges figures, qui ne sont pas les seules, font absolument songer à
celles de la tribune du Louvre. Les éléments possibles de l’inspira-
tion de Goujon se multiplient donc. Or, si l’on ne peut établir qu’il
ait été en Italie avant 1562 ou 1563, du moins un certain nombre
d’antiques étaient connues en France sous François Ie1' 5. En 1540,

J. S. Reinach, ouvr. cité, p. 99, n° 222, p. 61, n° 226, p. 66, n° 241.

2. Voir S. Reinach, ouvrage cité, Introduction. M. Reinach n’accepte pas la
date de 1603 inscrite à deux reprises sur des feuillets de Y Album.

3. Album, nos 9 bis, 11 bis, 41 bis, etc. Introduction, p. 23, nos 122, 26,
n° 124, etc.

4. Voir aussi les pi. 14, 69 bis, ou bien, d'autre part, les pl. 58 bis, 59, 85 bis
et 86, où l’on observera des ressemblances d’attitudes ou de style, avec les figures
habituelles à Jean Goujon dans ses bas-reliefs.

5. Les documents ajoutent peu à peu à tout ce qu’on savait déjà. En 1517, du
Bellay Langey envoie à François Ier « certains anticüles (sic) que le Roy avoit
cy-devant ordonné estre faites à Rome » (Bourrilly, Guillaume du Bellay, Paris,
1904, p. 37). Un partisan italien du Roi, Renzo da Ceri, lui offre une Vénus.
(Revue archéologique, 1902, 3° série, t. 41, p. 223-231). C’était un moyen de faire
sa cour.
 
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