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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 3
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Gabillot, Cyrille: Les trois Drouais, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0277

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256

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Drouais, ont célébré en termes lyriques le succès de notre héros.
En réalité, l’ovation faite à Drouais et à ses camarades n’avait
pas toute la portée que Suard, d’après David, semble lui attribuer.
Les élèves de l’Académie, lors de la proclamation des prix ne se
gênaient pas pour exprimer plus ou moins bruyamment, en dehors
de la salle des séances, leur mécontentement ou leur approbation.

Suard ajoute1 :

Le jeune Drouais partit pour Rome l’année suivante, et M. David
voulut l’y accompagner... Je rapporte ce que le maître m’écrit à ce sujet :
« Je pris le parti de l’accompagner, autant par attachement pour mon
art que pour sa personne. Je ne pouvais plus me passer de lui, et je pro-
fitais moi-même à lui donner des leçons, et les questions qu’il me fai-
sait seront des leçons pour ma vie... »

Il faut ici relever plusieurs inexactitudes. Drouais ne partit pas
pour Rome l’année suivante, mais bien quinze jours après la pro-
clamation de son prix; même il se mit en route (et d’Angiviller,
directeur des Bâtiments, en exprima son mécontentement2) avant
d’avoir reçu son certificat d’envoi à l'Académie de France. Ensuite
David laisse entendre qu’il accompagna Drouais surtout par atta-
chement pour son élève; cette seule cause ne pouvait motiver un
départ si précipité. La vérité est que David, ayant à faire son tableau
du Serment des Horcices, et voulant l’exécuter à Rome même, em-
mena tout simplement son élève avec lui, sans se soucier s’il ne
l’exposait pas ainsi à quelques ennuis. La conduite de Drouais était
incorrecte, mais il faut faire remonter la responsabilité de cette in-
correction à David. Du reste, d’Angiviller ne s’y méprit pas, et peut-
être cet incident est-il une des causes du peu de bienveillance que,
comme on sait, il témoigna depuis à David.

On voit par la correspondance de Lagretiée l’aîné, directeur de
l’École de Rome, avec d’Angiviller, directeur général des Bâtiments,
que Drouais arriva à Rome le 7 octobre :

De Lagrenée au Directeur générai. — Rome, ce 13 octobre 1784.

J’ai l’honneur de vous faire part de l’arrivée du sieur Drouais à Rome,
le 7 de ce mois. Les autres artistes ne sont point encore arrivés...

Réponse du Directeur général. — Ce 31 octobre 1784.

J’ai reçu, Monsieur, la lettre par laquelle vous me faites part de
l’arrivée du sieur Drouais; il est difficile que vous n’ayez pas été informé
de celle de M. David, et j’ai été un peu étonné de ce que vous ne m’en

1. Suard, ouvrage cité.

2. Lettre du comte d’Angiviller à Pierre, premier peintre (Archives Natio-
nales, O1 1943). Voir aussi Nouvelles Archives de l’Art français, t. IV.
 
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