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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 3
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Gabillot, Cyrille: Les trois Drouais, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0278

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LES TROIS DROUAIS

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disiez mot, quoiqu’il ne doive pas habiter à l’Académie. Car il a couru
ici, sur l’un et l’autre, des bruits qui ont donné beaucoup d’inquiétude :
on a divulgué à Paris qu’ils avaient été assassinés entre Boulogne (sic) et
Rome, ce qui faisait attendre avec grande impatience les nouvelles qu’on
a enfin reçues de leur arrivée...

De Lagrenée au Directeur général. — Rome, 1er décembre.

Les autres pensionnaires sont arrivés le 25 novembre... M. David
travaille fort et ferme à son grand tableau pour le Roy. Je suis aussi après
à faire le mien et j’y travaille sérieusement, car, entre vous et moi, Mon-
sieur le comte, je désire que M. David ne fasse pas mieux que moy...1.

Pendant son séjour à Rome, Drouais laisse paraître un état d’es-
prit un peu inquiétant. On lui a trop répété qu’il était un prodige;
il a fini par le croire. La louange lui est devenue nécessaire : l'opi-
nion du public à son égard le préoccupe outre mesure. Il s’imagine
qu’on attend de lui pour le moins un chef-d’œuvre : « 11 faut enfin,
écrira-t-il à David, que pour ma dernière année, je fasse quelque
chose d’un peu conséquent, sans cela, je ne puis retourner à Paris2. »
Prud’hon, qui habite Rome à cette époque, pensionné par les Etats
de Bourgogne, juge Drouais peut-être un peu sévèrement, mais avec
une certaine clairvoyance; il lui reproche « un désir violent de faire
du fracas » et l’ambition de la gloire et des applaudissements : « il
suit la manière [et Prud’hon aurait pu ajouter: les idées] de M. David,
et recherche tout ce qui peut fasciner et éblouir les yeux de ceux
qui n’ont pas le sentiment fin et délicat3. »

Dans cet état d’esprit, Germain-Jean se plie d’assez mauvaise
grâce aux règles de l'école. Il paraît vivre en bons termes avec ses
camarades, dont il se fait volontiers le mentor4, mais l’influence
jalouse de David s’interpose entre lui et son directeur Lagrenée.

En réalité, Drouais est simplement un débutant qui donne de
grandes espérances. Sa puissance d’exécution n’est nullement à la
hauteur de ses désirs ambitieux : n’ayant pas une expérience suffi-
sante, il corrige et retouche sans cesse; selon l’expression de son
directeur, ce qu’il fait semble peiné. Dans son ardeur, il supplée à

1. Archives Nationales, Correspondance des Directeurs de l’Ecole de Rome,
O1 1943.

2. Lettre de Drouais à David, du 10 août 1787 (Arch. de l’Art français, t. I).

3. Lettres de Prud’hon à M. Fauconnier (Arch. de VArt français, t. V).
Prud’hon y maltraite fort le Marius à Minturnes de Drouais.

4. 11 stimule l’ardeur de sou ami Fortin (lettre à David, du 10 août 1787); il
guide dans ses études artistiques le futur architecte du Louvre, Percier, dont il
retouche les dessins, lorsqu’il y entre des figures. (Notice sur Percier, dans le
catalogue des dessins du Louvre par Reiset.).

XXXV. — 3e PÉ R I O D£.

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