Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 35.1906)

UNE

EXPOSITION D’AQUAFORTISTES AMÉRICAINS

Comme leur école est sans passé et qu’ils n’ont pas de tradition
à renouer, à poursuivre, les artistes d’Amérique adoptent
volontiers la France pour seconde patrie; Paris est, à leurs
yeux, une résidence d’élection, le centre où les facultés se dévelop-
pent et s’exaltent, où toute éducation rêve de se faire et de se par-
faire. Nos Salons de printemps et d’automne, officiels ou libres,
portent témoignage de la belle activité de cette colonie d’étudiants
d’outre-mer; le sens et la valeur des initiatives se dégagent encore
avec plus d’évidence dans les expositions particulières, nationales,
qu’organisent, de façon périodique, les clubs ou des sociétés telles
que Y American Art Association. C’est dans le studio de la rue Notre-
Dame-des-Champs que se produisirent pour la première fois, timi-
dement presque, nombre de peintres aujourd’hui pourvus de renom.
La gravure originale, à quoi ils aiment s’adonner, est si bien accou-
tumée de trouver place dans les ensembles d’ouvrages présentés que
l’on a vu sans surprise Y American Art Association inaugurer cet hiver,
par une réunion d’eaux-fortes, la série de ses expositions intimes.

Ces estampes émanaient de quatre artistes, tous disciples de
M. Jean-Paul Laurens, encore dans la fleur du talent; leur doyen et
leur chef, M. George Aid, vient à peine de dépasser la trentaine; en
révélant naguère une de ses œuvres1, la Gazette marquait l’intérêt
qui s’attachait à ses débuts ; depuis M. Aid est retourné dans les
bourgs perdus des Pays-Bas ; il a erré parmi les vieilles cités espa-
gnoles; on l’arencontré, toujours à la recherche du motif pittoresque,

1. La Meuse à Dordrecht, eau-forte originale (Gazette des Beaux-Arts, 1903, t. II,
p. 38).