Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 35.1906)

L’EXPOSITION DU XVIIP SIÈCLE

A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE

(premier article)

l toutes les richesses d’art dont la France
peut encore s’enorgueillir, les plus in-
connues sont assurément celles que ren-
ferment nos bibliothèques publiques, et
il faut avouer que, durant trop long-
temps,rien n’a été tenté pour initier les
profanes aux jouissances délicates que
goûtaient les gardiens de ces trésors ou
de rares privilégiés. Sans doute, on peut
objecter que, par définition, les biblio-
thèques sont des lieux d’étude et non d’exhibition, et qu’à extraire
de leurs portefeuilles, de leurs rayons ou de leurs vitrines des estam-
pes, des livres ou des médailles, on leur fait courir le risque d’être
détériorés, volés ou détruits; mais ces dangers réels, auxquels peut
pallier une surveillance étroite, sont largement compensés par
l’avantage que la science et l’histoire tirent de ces communications
faites à la foule anonyme, dont elles provoquent la curiosité, ou
en qui elles excitent le sentiment du respect de la propriété natio-
nale. Les expositions permanentes de manuscrits, d’autographes et
de reliures organisées, sous l’administration de M. Léopold Delisle,
dans la galerie Mazarine, et accessibles deux fois par semaine à tous
les visiteurs, n’ont pas été les seules que la Bibliothèque ait jadis
ouvertes : en 1878, elle montra une très intéressante série de cartes
manuscrites ou gravées et de plans en relief, et le second centenaire
de la mort de Corneille (1884) fut aussi l’occasion d’un groupement
de souvenirs et de reliques qui s’est renouvelé à propos du troisième
centenaire de sa naissance (1906). 11 y a deux ans, l’exposition des

XXXV. — 3e PÉRIODE.

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