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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 3
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Ritter, William: Correspondance de Suisse
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0282

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CORRESPONDANCE DE SUISSE

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de flamme et de labrador: —«Faites ce que vous voudrez pourvu que ce soit inté-
ressant ». Et les impressionnistes, de leur côté, répondaient avec des pâtes aprima
ou des triturations pointillistes : « Tout est bon dans la nature ». Ils oubliaient
de considérer que le monde intérieur a droit aussi à se manifester par l’art autre-
ment que par le secours d’une copie directe des phénomènes extérieurs. Segantini,
en Italien expert au maniement de la combinazione, remit tout au point en don-
nant raison aux uns et aux autres tout en prétendant les ignorer : cet avisé déni-
cheur de nierles peignit indifféremment sur sa montagne, selon le vent qui
montait de la plaine, du rêve ou de la réalité, avec des procédés impressionnistes.
Seulement, au lieu de diviser le ton scientifiquement comme les impressionnistes,
il pulvérisa dans son mortier plein d’or et de pourpre l’outrance des couleurs

PORTRAIT DE l’àHTISïE, PAKM. GIOVANNI G I A C O SI É T T I
(Musée Rath, Genève.)

bœckliniennes et les asservit à un dessin, encore que sujet à caution, d’apparence
plus autoritaire que celui des impressionnistes. C’est une énorme erreur de
ranger parmi les impressionnistes ce tisserand qui eut toutes les patiences et
usa de toutes les industries. Sa formule, après avoir été : peindre de chic en
chambre obscure, fut définitive : peindre de chic d’après nature. Et il truqua
comme pas un, n’étant satisfait lui-même que s’il avait le sentiment qu’il y aurait
dans son œuvre de quoi satisfaire et désarmer tout le monde. Sans avoir le génie
ni d’un Bœcldin, ni d’un Manet, ni d’un Monet, il arrive ainsi à résumer l’effort
de son temps, la nature l’ayant au reste doué d’un grand sentiment poétique et
d’encore plus de roublardise. Sa vie et son œuvre sont une aventure; elles ne se
peuvent répéter.

Or, brusquement, nos jeunes Suisses, frais émoulus des ateliers français d’où
ils apportaient de la S aine d’impressionnisme, se virent en présence des dernières
expositions triomphales des deux formidables révolutionnaires, au moment où ils
 
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