Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 35.1906)

CORRESPONDANCE DE SUISSE

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d’enfants à la gouache, qui semblent du Renoir maladroit; sous-bois, grossissant
péniblement des notes que Sandreuter enlevait en dix minutes du bout de son
pinceau d’aquarelliste; labiées et lampées de paysans brutaux et rouges, aux
vêtements de bure et aux « tuyaux de poêle » rejetés en arrière ; enterrements
segantiniens tout noirs dans les neiges, et comme repris du fond du portrait de
Giacometti au musée Rath; morceaux de Fribourg à l’encre et au safran ; flaques
de Léman traitées, nocturnes, en industrie textile, ou, diurnes, en découpures de
tôle; — rien de cette tour de Babel des influences modernes où c’était à qui pous-

LES VOYAGEURS. PAR M. ÉDOUARD STI EF EL

serait le plus haut cri du jour, ni rien, d’autre part, de ce qui se croyait sage et
sérieux en s’arrêtant aux modes périmées, ne nous ont donné la moindre émo-
tion, ni ce petit sursaut de joie anxieuse et de curiosité charmée éprouvé
devant le portrait de famille de M. Albert Welti, ou les exquis Jeunes voyageurs
de M. Stiefel. Certes, une école suisse existe désormais, mais ces deux tableaux
prouvent qu’elle saura nous donner cela seul par quoi vivent les écoles : des
œuvres mûries et saines, en dehors de toute préoccupation momentanée, ser-
vitude de la mode ou recherche du succès. M. Albert Welti, dont l’œuvre
gravé est exposé au complet au musée de Bâle, dont le tableau intitulé Noce villa-
geoise est une des pages dont s’enorgueillit le musée de Genève, n’a œuvré dans
celui-ci, qui va prendre le chemin du musée de Lausanne, que pour son intime