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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 4
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Durrieu, Paul: Les "Belles Heures" de Jean de France, duc de Berry
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0308

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286

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de Chantilly, les miniatures exécutées pour le duc de Berry déno-
tent parfois l'influence accentuée des modèles empruntés à l’art
italien, ou bien encore on y rencontre le souvenir de certains objets
que nous savons avoir fait partie des collections du duc Jean, par
exemple des grands médaillons à l’effigie des empereurs Constantin
et Iléraclius U Ce double trait de caractère existe dans les Heures
d’Ailly. Nous n’avons qu’à renvoyer à cet égard à notre précédente
description desdites Heures d’Ailly, et à ce que nous y avons dit,
d’une part des miniatures représentant la Fuite en Egypte et la
Pietà qui comptent parmi les plus belles du volume, et d’autre part
du tableau qui montre Héraclius rapportant la Vraie Croix.

Ainsi toutes les observations convergent pour former comme
un faisceau serré, qui unit étroitement ensemble les miniatures
peintes pour le duc de Berry dans les Heures de Chantilly, et celles
qui illustrent les Heures d’Ailly.

11 faut dire toutefois que, dans les Heures de Chantilly, l’art,
tout en étant imbu des mêmes principes, se montre, en thèse géné-
rale, sous une forme plus magistrale.

Mais cette progression s’explique par une différence de date. Les
Heures d’Ailly étaient déjà terminées et reliées au commencement
de 1413, d’après le témoignage, des inventaires ducaux. Or, ce n’est
qu’après le décès du duc Jean de Berry, survenu le 15 juin 1416,
qu’apparaît dans les documents la première mention d’un manu-
scrit analogue à celui de Chantilly, et il est indiqué que ce manu-
scrit n’était encore qu’en cours d’exécution à la mort du duc Jean.
Les Heures d’Ailly sont donc certainement antérieures à celles du
Musée Condé, et l’on sait qu’il suffit parfois d’un court intervalle
pour que la maîtrise s'accentue beaucoup chez un tempérament
d’artiste.

D’autre part, entre les deux volumes, il y a une très sensible
inégalité de format. Les Heures de Chantilly nous représentent le
grand manuscrit d’apparat; les Heures d’Ailly, le livre de dévotion,
d’un usage plus intime 2. Dans les premières, les feuillets, bien
qu’ayant été fortement rognés du fait d’un relieur qui a été jusqu’à
entamer le haut de certaines peintures, mesurent encore 290 milli-
mètres sur 210 millimètres. Dans les secondes, les feuillets, qui ont
au contraire conservé leurs dimensions d’origine, ou peu s’en faut,
n’ont, malgré tout, que 238 millimètres de hauteur sur 170 de lar-

1. Voir Les Très riches Heures du duc de Berry, p. 39.

2. Voir, pour plus de détails, Les Très riches Heures du duc de Berry, p. 14, note 4.
 
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