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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 4
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Chennevières, Henry de: Les récentes acquisitions du départment de la peinture au Musée du Louvre (1904 - 1905)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0323

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

cent vingt mille francs, à la vente de la princesse! Avec des guides
aussi pratiques, le plaisir de collectionner... à coup sûr se dou-
blait encore de la joie naturelle à toute femme — fût-elle sur les
marches d’un trône — de faire bonnes emplettes à bon compte. Et
c’était d’un goût non moins supérieur que varié qu’elle arrêtait et
diversifiait ses choix, tantôt sacrifiant à la grâce comme il convient
au naturel de la femme, tantôt soucieuse d’œuvres plus sévères où
son sens d’artiste, elle-même dessinatrice pleine de délicatesse,
trouvât à se faire honneur. Jugeons, par cette Tête d'homme d’une
avenance plutôt rugueuse, jusqu’où fut capable d’aller parfois cet
amour de la peinture austère et forte.

Il nous faut mentionner, comme relevant de l’art espagnol, du
moins à demi, quatre panneaux de la collection de M. Belin et que
les Amis du Louvre offraient récemment au musée. Ce sont des
Scènes de la vie cle saint Georges, traitées dans un mode de style
et de facture qu’il convient d’appeler limitrophe, car elles sortent
d’un atelier franco-espagnol, quelqu’un de ces mystérieux centres
de production sis entre le Béarn et la Vieille-Castille et qui dut se
former à l’ombre d’un haut mécénat seigneurial.

ÉCOLE FLAMANDE

Du legs du baron Arthur de Rothschild nous viennent deux
deniers, un Cabaret et des Joueurs de houles : variantes des deux
thèmes habituels du maître. L’heureux privilège de Téniers, le
grand monotone, est de ne produire jamais la satiété. Soit qu'il
brosse, à la hâte, de ces tableautins qu’on appelle des « déjeuners de
deniers » parce qu’au dire d’une tradition l’artiste les exécutait, de
verve, en un matin ; soit que sa main s’attarde à des ouvrages
d’étendue et de nombreuse figuration, ses personnages, paysans,
pinteurs, fumeurs, commères, passent et repassent, toujours les
mêmes ; et pourtant lequel de nous se plaignit jamais ? C’est qu’à
ces sujets d’une continuelle redite, le peintre confère chaque fois
un trait nouveau : effet de ses dons de maître coloriste qui, de
gammes tantôt d’éclat, tantôt subtiles, sait faire chanter des harmo-
nies surprenantes. Et même, le contraste ne laisse pas de toujours
paraître singulier entre la nature des motifs de Téniers et l’infinie
délicatesse de sa palette. A ses rustaudes et courtaudes figures de
tabagies, engoncées dans des hardes et des nippes, il donne une
richesse de tons, une distinction de nuances, que les plus nobles
 
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