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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 4
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Roserot, Alphonse: La statue de "l'Amour" d'Edme Bouchardon (1739 - 1750)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0348

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LA STATUE DE « L’AMOUR » D’EDME BOUCITARDON 323

prend pas « ces longues ailes, avec lesquelles on ne saurait voler,
quand elles auraient encore dix pieds d’envergure 1 ».

De toutes ces critiques, la plus fondée est celle qui se rapporte
à l’obscurité du sujet. La pose de l’Amour est gracieuse; quant à
saisir exactement ce qu’il fait, c’est impossible. Il semble vouloir
briser un bâton d’une forme tout à fait étrange. En vain l’auteur
nous déclare que c’est « l’Amour se faisant un arc de la massue
d’IIercule 2 » ; cette explication ne nous éclaire que d’une manière
tout à fait insuffisante. On ne voit pas par quel procédé l’Amour est
en train de se fabriquer un arc, et, de fait, au moment où l’artiste
le représente, il vient, au contraire, d’interrompre son travail pour
essayer le ressort et l’élasticité de l’arc, déjà taillé aux deux tiers.
C’est Mariette qui nous l’apprend3; mais la statue ne le dit pas du
tout, et son titre a été composé de manière à dérouter le spectateur;
il aurait fallu dire que c’est l’Amour essayant son arc, qu’il est en
train de tailler dans la massue d’Idcrcule.

Maintenant que l’action de l’Amour est bien précisée, que faut-il
penser de l’effet obtenu dans l’exécution? On ne peut contester à
cette statue du fils de Vénus une pose gracieuse et très naturelle. La
tête est belle, exempte de vulgarité, et l’expression de la physionomie
répond parfaitement à l'idée que l’artiste a voulu rendre; c’est bien
l’Amour témoignant « par un ris malin, la satisfaction qu’il ressent
de tout le mal qu’il va causer * ». La position des bras est heureuse
et conforme à la fonction qui leur est assignée.

Pour l’ensemble de la figure, Cochin a formulé une très juste
appréciation : « Cette figure est d’une nature qui n’est pas entière-
ment formée. Les bras en sont maigres, les jambes un peu engor-
gées, les pieds grands », et il ajoute : « ce peut être ce qui l’a rendue
désagréable à ceux qui n’y sçavoient pas voir les autres beautés 3 ».
Mariette avait prévenu ces critiques, et cette partie de sa lettre,
mérite d’être rapportée. Il n’en faut pas douter : c’est Bouchardon
qui parle sous le masque de son ami :

\. Correspondance littéraire de Grimm et de Diderot, 1813, lre partie, 111,
p. 334, 1er mars 1763.

2. Livret du Salon de 1746, p. 18, n° 37; livret de 1739, p. 23. Mémoire, de la
main de Bouchardon, dans la collection Laillaut.

3. Lettre à 1/***, dans la Vie d’Edme Bouchardon, p. 120, et Mercure cle France,
juin 1750, 2e partie, p. 112.

4. Ce sont les termes des livrets du Salon, de 1739 et 1746.

5. Mémoires inédits, p. 103, remarque vi.
 
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