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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 4
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Roserot, Alphonse: La statue de "l'Amour" d'Edme Bouchardon (1739 - 1750)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0349

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324

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

« La nécessité d’exprimer la jeunesse n’a pas été sans doute une des-
moindres difficultés que l’auteur ait rencontrées dans cet ouvrage. Obligé
de rendre cet âge où la nature, n’ayant pas encore pris toute sa croissance,
s’établit sur des parties qu’elle augmente et fortifie les premières, et qui
doivent se trouver proportionnées dans l’âge viril, il devoit encore con-
server l'idée de la beauté au milieu d’une maigreur ou plutôt d’un défaut
d’embonpoint nécessaire pour exprimer l'adolescence; il ne falloit pas
oublier que l’on représentoit un dieu, et quel dieu encore 1 Les proportions
de cet âge étoient difficiles à trouver; il falloit les saisir sur différens mo-
dèles, qui dans ces circonstances présentent plus la charge qu'on doit
éviter, que l’exemple à suivre U »

On n’en a pas moins le droit de demander pourquoi Bouchardon
a préféré cet âge ingrat pour représenter l’Amour. Il n’y aurait
pas eu d’inconvénient à donner au sujet quelques années de plus,
tout en lui conservant une physionomie d’adolescent. Mais nous n’in-
sistons pas autrement sur ce point. Notre critique porte sur Parc-
massue. Nous avons dit qu’il rendait impossible au spectateur la con-
ception bien nette du sujet; nous ajouterons qu’il dépare la statue.
Rien n’est disgracieux comme cet objet, à la fois arc et massue, et
qui n’est ni l’un ni l’autre. Mais Mariette accourt aussitôt et nous
répond: « Pour s’assurer d’un plein succès, il ne lui reste que le bout
et le gros nœud de la massue à rabattre. Il étoit absolument néces-
saire que cette dernière partie de l’opération ne fût pas achevée, pour
ne laisser aucun doute, tant sur la matière qu’il emploie, que sur
l’usage qu’il en veut faire1 2. »

Eh bien, si l’on devait fatalement en venir là, mieux aurait valu
modifier le moment de l’action, que mettre un pareil bloc entre les
jambes de l’Amour. On ne peut imaginer rien de plus désagréable
à l’œil, et l’impression est d’autant plus pénible que la statue est
admirable. Pour la voir avec un plaisir sans mélange, il faut que
le regard ne descende pas au-dessous des genoux, et même de la
main gauche; dès que les limites dû rayon visuel s’abaissent au
delà, le charme disparaît.

ALPHONSE R O S E R O T

1. Lettre à M***, dans la Vie d’Eclme Bouchardon, p. 123-127, et Mercure de-
France, juin 1750, 2e partie, p. 114-115.

2. Caylus, ibid., p. 121, et Mercure, ibid., p. 112.
 
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