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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 35.1906

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Nr. 6
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Leprieur, Paul: La "Vénus au miroir" de Velazquez
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https://doi.org/10.11588/diglit.24817#0483

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LA « VÉNUS AU MIROIR » DE VELAZQUEZ

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grands musées et même quelques collectionneurs semblent avoir
voulu s’approprier la merveille. Mais le marchand qui avait eu
l’adresse de s’emparer de cette proie facile à exploiter sut tenir à
tous la dragée haute, manœuvrant savamment entre les divers com-
pétiteurs, les contre-balançant et surexcitant l’un par l’autre, n’avan-
çant d’un pas que pour reculer de deux, promettant un jour ce qu’il
démentait le lendemain, et ne cédant finalement à la nation anglaise,
avec de grands airs de générosité, qu’en ayant soin d’étaler de pré-
tendues offres d’un pays voisin, qui n’étaient, au fond, qu’un prix
de demande en train de se hausser. Ceux qui ont suivi de près les
péripéties de la lutte et y ont été quelque peu mêlés ne seront pas
complètement dupes de cette attitude magnanime de la part d’un
struggler for life qui connaît toutes les ressources de l’agiotage.
Quelque opinion qu’on puisse garder sur les finesses et les roueries
plus ou moins intéressées de ces manœuvres mercantiles, on ne
saurait, en revanche, trop admirer l’effort énergique et convaincu
des souscripteurs anglais, et notamment des instigateurs du mouve-
ment, qui, à force de ténacité, d’ardeur et de courage, ont pu, en
un temps relativement court, réunir l’énorme somme nécessaire
pour maintenir l’œuvre en Angleterre et lui assurer à la National
Gallery une entrée glorieuse.

Ce n’est pas la première fois que des prix de ce genre apparaissent
sur le marché anglais. Les 615 300 francs payés en 1852 par le gou-
vernement français, à la vente Soult, pour faire entrer au Louvre
Y Immaculée Conception de Murillo, et qui furent une nouveauté
en leur temps, y sont depuis longtemps dépassés. Il est à peine besoin
de rappeler qu’en 1885, c’est 1 750000 francs (70000 livres) que
consentit à verser le gouvernement anglais pour acquérir, du duc
de Marlborough, la célèbre Madone Ansidei de Raphaël, en même
temps que le Portrait équestre de Charles Ier, par van Dyck, payé
à lui seul 25000 livres (625 000 francs). Plus tard, en 1890, c’est
grâce au généreux concours de trois riches particuliers, contri-
buant pour plus de moitié à l’achat, qu’entrèrent à la National
Gallery, au prix total de 55 000 livres (1 375 000 francs), les pein-
tures de Longford-Castle (Ambassadeurs d’IIolbein, Amiral Pcireja
de Velâzquez, et Gentilhomme italien de Moroni). Récemment enfin
— autant qu’il nous en souvienne — un groupe de souscripteurs s’était
également entremis, en 1904, pour aidera l’acquisition, plus contes-
table cette fois, du prétendu Portrait de l’Arioste, de Titien, auprixexor-
bitant de 30 000 livres (750 000 francs). Mais la présente manifesta-
 
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