Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 39.1908)

SEBASTIEN LEYSNER

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Toussaint Grille1 a porté sur lui, à propos des statues de Tabbayc
de Saint-Aubin, un jugement que nous ne sommes malheureuse-
ment plus en mesure de vérifier : « Elles étaient belles », dit-il,
« quoiqu’un peu lourdes et sentant le goût allemand. » En regard
de celte appréciation, nous reproduisons les lignes suivantes de
David d’Angers 2 :

« Je me souviens que, tout petit garçon, je grimpais sur un autel dévasté de
l’église en ruine de Saint-Aubin et que, là, je me cramponnais à un fragment de
statue de Vierge que mon père m’avait dit être de notre statuaire. Je passais
mes petites mains avec curiosité sur les pieds encore bien conservés et j’habituais
ma jeune pensée à désirer suivre cette noble carrière des arts. »

Lequel avait le plus raison? Du grand sculpteur, dans la ten-
dresse exallée de ses souvenirs d’enfance, ou du sévère et froid
bibliothécaire ?

Pour nous, qui n’avons pas vu ces choses en leur beau temps,
rien ne noos émeut plus que le petit Saint Sébastien du musée, au
corps torturé, tout empreint de douleur sainte, et cette tète de Vierge,
si douce d'expression, mélange de la grâce du xvmc siècle et de la
pureté antique.

ADRIEN PLANCHENAULT

(Il Bibliothèque d’Angers, Mss. Grille, Angers, II. Monuments, p. 15.

(2) Lettre à V. Pavie, 27 mai 1842.

TÈTE DE PÈRE ÉTERNEL, BOIS SCULPTÉ
PAR LEYSNER

(Collection de M. Auguste Michel, Angers )