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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 3.1910

DOI issue:
Nr. 6
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Bidou, Henry: Les salons de 1910, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24873#0511
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

les secrets de l’âme et sur le souffle de la vie. Là-dessus, dans des
valeurs extrêmement délicates, des tons charmants, légèrement
posés, recroisant leurs accents vivants, forment la chair, le brillant
du regard, le mat et le soyeux des étoffes. Dans quelques ombres
seulement, un ton passé indique un large plan. Partout ailleurs,
ces accents proches et divers, merveilleusement gradués et nuancés,
forment, par une combinaison d’élémentaires, l’harmonie multiple
et une de la vie. Par là, une tête se construit comme une harmonie
définie, certaine, où l’écart des accents est convenable et précis, où
les valeurs s'intercalent à intervalles quasi musicaux. Mesurez le
rapport de l'ombre du cou à celle de la joue, et de celle-ci à la
lumière. Replacez dans cette gamme l’ombre des yeux et les méplats
du front. Tout cela est charmant de justesse et d’harmonie. Plus on
regarde, plus on a le sentiment que c’est à cette délicatesse des
valeurs et au charme des tons premiers qu’il faut ramener la beauté
de cette peinture. Tous les maîtres ont peint ainsi, entre des limites
extrêmement étroites. On en fait l’épreuve dès qu’on essaie de copier
une de leurs toiles.

Que d’œuvres très distinguées encore à citer ! La claire et savou-
reuse peinture de M. Caro-Delvaille, malgré la lourdeur et, souvent,
le peu de caractère de son dessin; les Heurs enveloppées de Mme Lis-
beth Delvolvé-Carrière; les intérieurs délicatement peints de
M. Walter Gay; les marines de M. Harrison; les fantaisies où
M. Lévy-Dhurmer a assemblé en formes indistinctes les roux avec
les blancs; les tableaux si voulus de M. Point; le groupe d’envois
de ces peintres anglais : Lavery, Rupert Bunny, Harold Speed,
Shannon, si aisément reconnaissables. M. Garrido a de belles qua-
lités, de la franchise, de la verve, de l’adresse. Sa petite laveuse de
vaisselle est un morceau excellent. Le défaut est que toutes ces
figures qui rient paraissent être devant l’objectif. L’écueil est le
tableau : là, le convenu de la donnée apparaît à plein. Le sourire du
vieux marchand, la pose et le sourire de la jeune vendeuse sont
bons pour des personnages de cartes postales.

On a rassemblé quelques toiles du pauvre Bellery-Desfontaines.
Il y a de l’habileté, de la science, un beau sentiment du dessin dans
ses petits portraits. Celui des Frères V... est un morceau nerveux et
excellent. C’est très fort, sans être toujours très artiste. Son Forgeron
est de la peinture tout à fait inutile. Sa Réunion le soir est une grande
peinture correcte, qui a peu de saveur. C’est de l’excellente fabri-
cation ; ce n’est pas tout à fait une œuvre d’art. On peut mesurer
 
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