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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
nando. Donc, sans tarder, le peintre se met à l’œuvre. Il fait poser
les collaborateurs, obtient plus difficilement des séances du
« palron » ; mais, tout de même, il peut envoyer l’œuvre au Salon
de 1883, avec un autre tableau intitulé : Forgerons buvant.
Un beau succès répond à cet effort. On reproduit et l’on commente
partout ce portrait grandeur nature, solidement campé, extraordi-
nairement expressif et d’une si éloquente vérité.
L’année suivante, M. Raffaëlli expose : Chez Gonon, le fondeur
(un groupe curieux de praticiens en plein travail), et Midi, effet de
givre. Puis, en l’année 1887, il envoie : La Belle matinée, qui est
toute une révolution dans sa « manière » jusque-là consacrée presque
exclusivement aux « caractères de la banlieue ». Cette merveilleuse
symphonie en blanc d’une belle jeune femme couchée, à vrai dire,
déconcerte. C’est une véritable évolution. L'année 1888 l’accentue
par le Portrait d'Edmond de Concourt, si hautain, si aristocratique,
d’une allure si artiste et si distinguée.
Alors on se rend compte que, désormais, il faudra bien accepter
cette nouvelle « manière » du peintre, qui restera préoccupé, c’est
exact, « des petites gens » qu’il peignit si bien; mais qui fera
aussi des portraits de gens dits du monde, comme ceux de Judith
et Gabrielle qui, l’année suivante, figurent à côté des Buveurs d'ab-
sinthe.
En 1890, M. Raffaëlli n’expose pas : c’est la première année de la
Société Nationale. Dorénavant, il y enverra ses œuvres, et en si
grand nombre, à partir de l’année même 1891, que nous serons
contraint de ne noter que les plus caractéristiques.
GUSTAVE C0 Q UIO T
(La suite prochainement.)
CROQUIS PAR M. RAFFAËLLI-
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
nando. Donc, sans tarder, le peintre se met à l’œuvre. Il fait poser
les collaborateurs, obtient plus difficilement des séances du
« palron » ; mais, tout de même, il peut envoyer l’œuvre au Salon
de 1883, avec un autre tableau intitulé : Forgerons buvant.
Un beau succès répond à cet effort. On reproduit et l’on commente
partout ce portrait grandeur nature, solidement campé, extraordi-
nairement expressif et d’une si éloquente vérité.
L’année suivante, M. Raffaëlli expose : Chez Gonon, le fondeur
(un groupe curieux de praticiens en plein travail), et Midi, effet de
givre. Puis, en l’année 1887, il envoie : La Belle matinée, qui est
toute une révolution dans sa « manière » jusque-là consacrée presque
exclusivement aux « caractères de la banlieue ». Cette merveilleuse
symphonie en blanc d’une belle jeune femme couchée, à vrai dire,
déconcerte. C’est une véritable évolution. L'année 1888 l’accentue
par le Portrait d'Edmond de Concourt, si hautain, si aristocratique,
d’une allure si artiste et si distinguée.
Alors on se rend compte que, désormais, il faudra bien accepter
cette nouvelle « manière » du peintre, qui restera préoccupé, c’est
exact, « des petites gens » qu’il peignit si bien; mais qui fera
aussi des portraits de gens dits du monde, comme ceux de Judith
et Gabrielle qui, l’année suivante, figurent à côté des Buveurs d'ab-
sinthe.
En 1890, M. Raffaëlli n’expose pas : c’est la première année de la
Société Nationale. Dorénavant, il y enverra ses œuvres, et en si
grand nombre, à partir de l’année même 1891, que nous serons
contraint de ne noter que les plus caractéristiques.
GUSTAVE C0 Q UIO T
(La suite prochainement.)
CROQUIS PAR M. RAFFAËLLI-