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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 5.1911

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Nr. 3
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Leprieur, Paul: Un portrait d'enfant du XVe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24875#0230

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308

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

second fils, le dauphin Charles, emporté encore plus prématurément,
sa courte vie n’ayant pas dépassé vingt-cinq jours (du 8 septembre
au 2 octobre 1496), mais dont la piété maternelle dut tenir d’autant
plus à éterniser le souvenir par une image commémorative. N’est-il
pas conforme à toutes les vraisemblances qu’elle se soit adressée pour
cela au même peintre que'pour l’amé? Le geste grave des mains
jointes, assez anormal chez un si jeune enfant, n’aurait-il pas sa
convenance toute naturelle dans une sorte d'ex-voto funéraire, res-
suscitant idéalement, suivant l’usage, un peu plus âgé qu’il ne fut,
quoique sur documents exacts (moulage ou crayon d'après nature),
le dernier-né que la reine pleurait? Un monument contemporain,
qui se rattache aux deux petits princes, offre précisément l’exemple
d’un tel arrangement. C’est le tombeau même, aujourd’hui trans-
porté à la cathédrale de Tours, qu’Anne de Bretagne avait fait
ériger en l’honneur de ses fils dans la collégiale Saint-Martin. Ce
chef-d’œuvre, terminé en 1506, qu’exécutèrent en commun Guillaume
Régnault et Jérôme de Fiesole, associant si harmonieusement aux
élégantes formules de la mode italienne la grâce simple et forte du
goût tourangeau, nous montre les enfants en costume d’apparat, cou-
chés cote à côte sur la même dalle et dormant leur dernier sommeil,
entre quatre mignons angelots qui les gardent. Ils y apparaissent
visiblement grandis tous deux, quoique ayant conservé leurs diffé-
rences d’âge, très finement observées et marquées aussi bien par l’atti-
tude ou le caractère des traits que par le détail des ajustements. De
plus, à l’examen attentif des charmants petits visages, dont la véracité
est hors de doute, on ne trouve pas seulement entre l'image peinte
ou sculptée d’Orlant les plus évidents rapports de concordance. Celle
de son jeune frère ressemble aussi singulièrement à l’inconnu qui
nous occupe, donnant ainsi à l'identification proposée une force
d’autant plus convaincante. Un précieux portrait d’enfant, au crayon,
de la collection Ileseltine, n’est pas très loin non plus de ce groupe
d’œuvres, sans certitude absolue, toutefois, à nos yeux.

On peut juger, en tout cas, par ces quelques indications, de la
valeur à tous égards inappréciable qu’offrait pour un musée français
le tableau, de proportions menues, mais d'art infiniment délicat, si
fidèlement reproduit par M. Toupey. Il faut bénir la Société des
Amis du Louvre d’avoir su le recueillir et lui assurer dans l'ancien
palais de nos rois la demeure définitive qui lui convenait.

PAUL f.EPRIEUR
 
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