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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 5.1911

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Nr. 3
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Lemoisne, Paul-André: L' apogée de la gravure japonaise: Kiyonaga et Sharaku
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https://doi.org/10.11588/diglit.24875#0232

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•210

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

comment Kiyonaga a su, tout en se servant des mêmes moyens,
■atteindre à un art beaucoup plus élevé. Nous voulons, auparavant,
nous arrêter devant un artiste attardé, charmant au reste, et dont
les œuvres, bien que contemporaines de celles de Kiyonaga, ont
auprès de celles-ci un aspect archaïque qui les rattache beaucoup
plus à la période précédente. Cet artiste est Buncho.

Buncho, dans beaucoup de ses estampes, surtout dans celles qui
nous montrent des femmes dans leurs diverses occupations, semble
bien s’être inspiré tout autant d’Idarunobou que de son rival
•Shunsho avec qui il travailla, mais qui était trop vigoureux et trop
heurté pour impressionner la nature tendre et calme de Buncho.
Cette analogie avec Harunobou est très particulièrement sensible
dans le coloris; Buncho, comme lui, en effet, cherche les tons très
■atténués et très harmonieux, produisant un tout plein de charme.
De même, dans ses estampes d’acteurs, on retrouve évidemment
l’inspiration de Shunsho, mais adoucie et comme féminisée. Il faut,
du reste, avouer qu’il n’a pas su prendre à ce maître le caractère
des figures, caractère que nous retrouverons encore plus marqué
dans les œuvres de Sharaku et qui, fait d’une exagération carica-
turale des traits, devait répugner au tempérament d’un artiste aussi
modéré que Buncho. Ses fonds, que ce soient des paysages ou des
intérieurs, sont soignés, bien indiqués et toujours harmonieux et
décoratifs, sans cependant avoir le caractère vraiment « paysagiste »
et « naturaliste » de ceux de Kiyonaga, près desquels ses moyens
d’expression paraissent déjà très primitifs. Telle cette estampe à
fond noir1 sur lequel se détache un arbre vert et la silhouette d’un
acteur en joli costume à raies grises et blanches orné de gaufrures.
Ses personnages, tout en rappelant beaucoup ceux d’TIarunobou, sont
cependant moins personnels et moins vivants; les figures plus
poupines, an long nez busqué, sont encore plus inexpressives; mais,
en revanche, il a un coloris tout aussi délicat, bien que plus fragile
d’apparence : par exemple, cette charmante page, souvent reproduite,
de l’acteur Segawa Kikunojo dans le rôle de la Sagi-Musume (jeune
fille-héron), le génie de la neige2. Evidemment l’idée n’est pas très
neuve, puisque c’est un des sujets favoris des danses de Nô, et
qu’TIarunobou l’a déjà traité presque textuellement plusieurs fois
ainsi que Koriusaï; mais le gris argent, le blanc et le jaune y
forment une si agréable harmonie, et les plis de la robe s’arron-

1. \° 153, à M. de Camotido. — 2. N° 147, à M. Rouart.
 
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