LES PEINTRES WITZ
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M. le comte de Vesme, le savant directeur de la galerie des
tableaux de Turin, ayant fait des recherches étendues dans les
Archives de Turin, y a retrouvé par deux fois la mention d'un
certain « Johannes Sapientis » dont le nom, traduit en allemand,
pourrait être celui de Hans Witz, le père de Conrad Witz. Il s’agit de
comptes payés à l’artiste par la cour ducale. Grâce à la complai-
sance de M. de Vesme, que nous tenons à remercier ici très particu-
lièrement, nous sommes à même de mettre ces documents sous
les yeux de nos lecteurs.
Le plus ancien date de 1441. En voici la teneur : « Libravit
Johanni Sapientis pictori pro duoclecim excucellis ab eo emptis qui
fuerunt in clictis facibus positis et in quibus excucellis arme domini
depingebantur; VIdengr.p. p. » (Trésor gén. vol. 88 fol. 292).
Un autre paiement, de 1452, nous apprend que maître Jean
Sapientis avait habité Genève peu avant cette date :
« 1452. Libravit Johanni Sapientis verrerio mémo via horum que
Magister Johannes Sapientis pictor habitator Gebennarum fecit ad
opus et de mandato domine nostre duchisse Sabaudio. Et primo
reparavit quatuor fenestras verrerie in caméra dicte domine nostre
duchisse in clomo episcopali Gebennarum. Item unam aliam magnam
fenestram in magna aula, que valent in summcc XXVII sol. »
Ce paiement fut effectué le 8 décembre 1453 (Trésor gén., vol. 102,
fol. 200).
Ainsi, ce maître Jean Sapientis, qui habitait Genève en 1452,
ou peu avant, semble être mort cette année et avoir laissé un héri-
tier du même nom, probablement un fils, peintre verrier, avec
lequel il avait exécuté plusieurs travaux de verrerie, à Genève,
pour la duchesse de Savoie. Ce fils en reçut le paiement en 1453.
Une autre pièce d’archives, qui a été publiée par la Société
savoisienne d’histoire en 1891, mais dont l'importance semble avoir
échappé jusqu’à présent aux critiques d’art, nous révèle que ce
maître Jean Sapientis, peintre verrier, habitait Chambéry en 1440
et avait signé un contrat d’association 1 avec Gregorio Bono de
Venise, appelé aussi « de Bonne », le peintre le plus en vue de
la cour d’Amédéc VIII.
1. Publié par Mugnier dans les Mémoires et documents de la Société savoisienne
d'histoire et d'archéologie, t. XXX, 1891, p. 64 et suiv. En voici la teneur : « Anho
Domini millesimo quatercentesimo quadragesimo inditione tertia die vero mercuri
décima quinta mensis julii, tenore hujns veri et publici instrumenti omnibus universis
et singulis presentibus et futuris sit notum atque manifestum quod propterea que
sequuntur constitûti in m°i Anthonii Viulis de Chamberiaci et notarii publici et tes-
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M. le comte de Vesme, le savant directeur de la galerie des
tableaux de Turin, ayant fait des recherches étendues dans les
Archives de Turin, y a retrouvé par deux fois la mention d'un
certain « Johannes Sapientis » dont le nom, traduit en allemand,
pourrait être celui de Hans Witz, le père de Conrad Witz. Il s’agit de
comptes payés à l’artiste par la cour ducale. Grâce à la complai-
sance de M. de Vesme, que nous tenons à remercier ici très particu-
lièrement, nous sommes à même de mettre ces documents sous
les yeux de nos lecteurs.
Le plus ancien date de 1441. En voici la teneur : « Libravit
Johanni Sapientis pictori pro duoclecim excucellis ab eo emptis qui
fuerunt in clictis facibus positis et in quibus excucellis arme domini
depingebantur; VIdengr.p. p. » (Trésor gén. vol. 88 fol. 292).
Un autre paiement, de 1452, nous apprend que maître Jean
Sapientis avait habité Genève peu avant cette date :
« 1452. Libravit Johanni Sapientis verrerio mémo via horum que
Magister Johannes Sapientis pictor habitator Gebennarum fecit ad
opus et de mandato domine nostre duchisse Sabaudio. Et primo
reparavit quatuor fenestras verrerie in caméra dicte domine nostre
duchisse in clomo episcopali Gebennarum. Item unam aliam magnam
fenestram in magna aula, que valent in summcc XXVII sol. »
Ce paiement fut effectué le 8 décembre 1453 (Trésor gén., vol. 102,
fol. 200).
Ainsi, ce maître Jean Sapientis, qui habitait Genève en 1452,
ou peu avant, semble être mort cette année et avoir laissé un héri-
tier du même nom, probablement un fils, peintre verrier, avec
lequel il avait exécuté plusieurs travaux de verrerie, à Genève,
pour la duchesse de Savoie. Ce fils en reçut le paiement en 1453.
Une autre pièce d’archives, qui a été publiée par la Société
savoisienne d’histoire en 1891, mais dont l'importance semble avoir
échappé jusqu’à présent aux critiques d’art, nous révèle que ce
maître Jean Sapientis, peintre verrier, habitait Chambéry en 1440
et avait signé un contrat d’association 1 avec Gregorio Bono de
Venise, appelé aussi « de Bonne », le peintre le plus en vue de
la cour d’Amédéc VIII.
1. Publié par Mugnier dans les Mémoires et documents de la Société savoisienne
d'histoire et d'archéologie, t. XXX, 1891, p. 64 et suiv. En voici la teneur : « Anho
Domini millesimo quatercentesimo quadragesimo inditione tertia die vero mercuri
décima quinta mensis julii, tenore hujns veri et publici instrumenti omnibus universis
et singulis presentibus et futuris sit notum atque manifestum quod propterea que
sequuntur constitûti in m°i Anthonii Viulis de Chamberiaci et notarii publici et tes-