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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 7.1912

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Nr. 4
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Monod, François: L' exposition centennale de l'art français à Saint-Pétersbourg, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24884#0340
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318

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

duée, commençant par les natures mortes, les premières marines,
les anciennes vues de Londres, continuant par la période critique de
Bougival, se poursuivant par les vues les plus diaprées, les plus
lumineuses et les plus tendres d’Ëtretat et d’Antibes, et achevant
cette prodigieuse conquête du royaume de Phœbus et d’Ariel par
les divertissements méthodiques et féeriques des séries de Yétheuil
et de Giverny; — pour Sisley, les printemps les plus blonds et les
hivers les plus délicats de sa première manière; — pour Pissarro,
quelques-unes de ses vues les plus aériennes et les plus justes de
Rouen et de Paris; — pour Berthe Morisot, une œuvre de début,
encore un peu lirnide et appuyée, mais déjà fraîche comme le jour, le
groupe blanc des Deux Sœurs, sur un divan de perse claire 1 ; et telles
fleurs ou tel portrait léger où son coloris de ciel changeant et toujours
matinal, sa candeur fuyante et la transfiguration spontanée et
adorable de toutes choses sous sa main ailée semblent confondre
en elle la mobilité sensitive de l’impressionnisme et la subtile
essence du génie féminin; — pour Renoir, enfin, plus de vingt cadres
de toutes dates et de toutes sortes, figures, nus, paysages, fleurs,
un portrait ancien de Sisley, en noir et gris2, le paysage de la Gre-
nouillère3, une des plus fortes études de plein-air lumineux de
l’impressionnisme, la grande composition des Amants au bois4, le
Petit Déjeuner5, la Bonne de chez Durai6, le portrait de Mme de Pour-
talès1, etc., c’est-à-dire, même en l’absence des chefs-d’œuvre des
collections Rouart et Durand-Ruel, un répertoire choisi et complet
des métamorphoses chatoyantes et déconcertantes de ce Protée mer-
veilleux et innombrable, le magicien le plus hardi et le plus inégal,
le plus ingénu el le plus subtil qu’il y ait peut-être jamais eu dans
l’histoire de l’art de peindre8.

En art, tout développement important et nouveau a pour prin-
cipe une conquête neuve dans l’ordre des perceptions sensorielles
et de la technique. Les découvertes de l’impressionnisme dans le

]. A MM. Durand-Ruel.

2. Collection de M. H. Lupauze.

3. Collection Th. Behrens.

4. A M. Yollard.

5. 6, 7. Collection de M. Barbazanges,

8. On ne saurait oublier de citer, au second plan, en même temps que
M. Lebourg dans sa première et meilleure manière, proche de Sisley, Vignon, dont
les œuvres, devenues rares, s’apparentent à Pissarro, — il était représenté par le
Chemin de village de la collection Vian, — et Mme Marie Bracquemond, dont les
recherches, trop tôt interrompues, annonçaient une vision très sensible.
 
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