DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Roux, Alphonse: Sergent-Marceau
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
222
même vu que le lour du chœur n’était pas mis en valeur, bien qu’il
fut digne de toute admiration. « Les bas-reliefs de marbre et les
stalles ôtés, nous percerons à jour, entre les piliers, en abattant ces
petits massifs qui sont au-dessus des tableaux sculptés de l’histoire
de Marie et de Jésus... Mais il faudra conserver le tour extérieur du
sanctuaire avec beaucoup de soin, parce qu’il y a des choses étonnantes
en sculpture et d’un goût qui fait presque honte à notre siècle! »
L’œuvre de Jean de Beauce et des sculpteurs qui y collaborèrent
méritait cet hommage; il est flatteur pour Sergent de le lui avoir
rendu. On ne lui en a pas su tout le gré qu’il méritait.
*
* *
La postérité, en effet, ne paraît pas avoir été très bienveillante
pour Sergent. Son rôle politique pendant la Révolution, certaines
accusations dont pourtant il semble s’être lavé, son long éloigne-
ment peut-être, ont détourné de lui.
Si son œuvre eût été de premier ordre il eût à coup sûr vaincu
cette sorte d'indifférence, malheureusement elle manque des grandes
qualités profondes. Elle mérite pourtant d’être regardée avec plus
d’attention qu’on ne lui en porte d’ordinaire. 11 y montre de l’esprit,
de la facilité et une certaine originalité; quelquefois même, surtout
en ses portraits, on y trouve une fermeté mâle d’autant plus méri-
toire qu’elle ne lui est pas instinctive. De tous ses contemporains il
n’y a guère que Janinet qui, dans la gravure en couleurs, lui soit
supérieur. De plus, il fit preuve d’un talent souple et varié.
Au reste, dessins, gravures, aquarelles, pastels ne sont qu’une
partie de l’œuvre de Sergent. Il doit compter dans l’histoire de nos
arts par les mesures qu’il provoqua pour leur sauvegarde ou leur
mise en valeur et dont quelques-unes furent de toute importance. 11
compte aussi, ce dont on ne se doutait pas assez, pour ce sens très
libre et délicat de la beauté artistique qui lui permit de goûter l’art
du Moyen âge et celui des siècles classiques.
Singulier amalgame, dira-t-on. Peut-être. Mais, mieux encore,
éclectisme; éclectisme avisé parce qu’il vient de la justesse du goût.
Sergent ne fut pas un homme tout d’une pièce. Sa vie intime, son
rôle politique, son œuvre d’artiste, si on les fond ensemble, eu sont
bien des preuves. C’est une très curieuse figure.
ALPHONSE ROUX
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même vu que le lour du chœur n’était pas mis en valeur, bien qu’il
fut digne de toute admiration. « Les bas-reliefs de marbre et les
stalles ôtés, nous percerons à jour, entre les piliers, en abattant ces
petits massifs qui sont au-dessus des tableaux sculptés de l’histoire
de Marie et de Jésus... Mais il faudra conserver le tour extérieur du
sanctuaire avec beaucoup de soin, parce qu’il y a des choses étonnantes
en sculpture et d’un goût qui fait presque honte à notre siècle! »
L’œuvre de Jean de Beauce et des sculpteurs qui y collaborèrent
méritait cet hommage; il est flatteur pour Sergent de le lui avoir
rendu. On ne lui en a pas su tout le gré qu’il méritait.
*
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La postérité, en effet, ne paraît pas avoir été très bienveillante
pour Sergent. Son rôle politique pendant la Révolution, certaines
accusations dont pourtant il semble s’être lavé, son long éloigne-
ment peut-être, ont détourné de lui.
Si son œuvre eût été de premier ordre il eût à coup sûr vaincu
cette sorte d'indifférence, malheureusement elle manque des grandes
qualités profondes. Elle mérite pourtant d’être regardée avec plus
d’attention qu’on ne lui en porte d’ordinaire. 11 y montre de l’esprit,
de la facilité et une certaine originalité; quelquefois même, surtout
en ses portraits, on y trouve une fermeté mâle d’autant plus méri-
toire qu’elle ne lui est pas instinctive. De tous ses contemporains il
n’y a guère que Janinet qui, dans la gravure en couleurs, lui soit
supérieur. De plus, il fit preuve d’un talent souple et varié.
Au reste, dessins, gravures, aquarelles, pastels ne sont qu’une
partie de l’œuvre de Sergent. Il doit compter dans l’histoire de nos
arts par les mesures qu’il provoqua pour leur sauvegarde ou leur
mise en valeur et dont quelques-unes furent de toute importance. 11
compte aussi, ce dont on ne se doutait pas assez, pour ce sens très
libre et délicat de la beauté artistique qui lui permit de goûter l’art
du Moyen âge et celui des siècles classiques.
Singulier amalgame, dira-t-on. Peut-être. Mais, mieux encore,
éclectisme; éclectisme avisé parce qu’il vient de la justesse du goût.
Sergent ne fut pas un homme tout d’une pièce. Sa vie intime, son
rôle politique, son œuvre d’artiste, si on les fond ensemble, eu sont
bien des preuves. C’est une très curieuse figure.
ALPHONSE ROUX