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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 3
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Rosenthal, Léon: La peinture romantique sous la monarchie de Juillet, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0266

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246

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de la maturité. Le recul des ans venu, des écrivains perspicaces
ont discerné ce que Gustave Moreau, et Puvis de Chavannes, ce que
l’art moderne devaient au génie de Chassériau.

*

* *

Malgré la valeur des artistes et des œuvres que nous venons
d’analyser, les contemporains eurent l’impression, sous la Monarchie
de Juillet, d’assister à la faillite du romantisme. Us furent sensibles,
plus que nous le pouvons être, aux défections éclatantes, aux exagé-
rations et aux parodies de la doctrine. Leur indignation fut provo-
quée par des faits dont nous n’avons plus que de vagues témoigna-
ges ; toiles extravagantes qui ont disparu sans laisser de trace,
excentricités de costumes et de langage de quelques rapins, vio-
lences de polémique. Us virent la jeunesse, entraînée par d’autres
mouvements, se détourner des romantiques. Dès 1834, les œuvres
romantiques n’apparaissaient plus dans les Salons qu’en nombre
infime. Perdues parmi des toiles hostiles, elles ne formaient même
pas un faisceau cohérent ; toutes contestables, quelques-unes étaient
ou paraissaient être d’une ridicule faiblesse.

Bientôt le terme même de « romantisme » fut couvert de discré-
dit. Musset déclarait en 1836 que « le temps n’était pas loin où le
romantisme ne barbouillerait plus que des enseignes1 ». Les nova-
teurs évitèrent de porter une étiquette compromettante. Delacroix la
répudia. Baudelaire ne faisait pas seulement preuve de perspicacité,
mais de courage, lorsqu’on 1846 il faisait l’éloge du romantisme1 2.
En 1848 Th. Gautier se défendait d’employer un mot « auquel les
disputes d’école avaient donné une signification presque ridicule3 ».

Pour l’opinion la plus accréditée, le romantisme n’avait été
qu’une fièvre éphémère au cours de laquelle s’étaient manifestées
quelques individualités brillantes mais isolées.

Nous avons vu combien un tel jugement était injuste.

Le romantisme avait apporté une série d’affirmations essen-
tielles, dont quelques-unes enrichissaient la cause générale de l'art,
tandis que d’autres assuraient sa propre vitalité.

Pour l’art tout entier, il était un agent libérateur4; il avait imposé

1. Salon de IS36.

2. Baudelaire, Salon de 1846 : II. Qu’est-ce que le romantisme ?

3. La Presse, 10 mai 1848.

4. L’Artiste, de'cembre 1838.
 
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