Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 8.1912)

BIBLIOGRAPHIE

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quence d'obliger à centraliser une documentation dont les éléments épars1
exigent d’être réunis pour la bonne intelligence du sujet.

Qu’est l'Histoire métallique ? Une suite de dessins de médailles que les événe-
ments ont empêché de réaliser et qui est demeurée jusqu’ici inédite et presque
ignorée; elle avait été composée, exécutée, sous la direction de l’Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, qui avait reçu de Napoléon le titre de Classe
d’histoire et de littérature ancienne de l’Institut impérial2.

Selon l’usage, la Classe s’en était remise à une commission du soin de pré-
parer le travail et de le présenter à sa discussion ; la délégation comptait comme
membres Dacier, Quatremère de Quincy, Visconti, Mongez, Petit-Radel et
Silvestre de Sacy3. Dans la pratique des faits, la commission élaborait une notice
descriptive détaillant avec précision, pour chaque médaille, la composition du
revers4 5; une fois le projet approuvé par la Classe, il était confié à un sculpteur-
dessinateur (de l’Académie des Beaux-Arts) que la commission s’était attaché et
qui devait transcrire et réaliser par l’image ses indications; ce fut d’abord
Chaudet; le baron Lemot lui succéda.

Les travaux de la Commission durèrent du 29 juillet 1806 au 18 février 1814;
ils aboutirent à la création des deux cent un dessins6 que groupe, explique et
reproduit le présent ouvrage, « dessins contemporains des événements qu’ils
rappellent, dessins destinés à la gravure en taille-douce et à la frappe et qui
présentent Napoléon tel qu’il apparut aux hommes de son temps, en guerrier, en
législateur, en administrateur ».

Passionné pour son héros et heureux d’en trouver la glorification dans ces
hommages rendus par ordre et sur commande, M. Ernest Babelon n’hésite
pas à qualifier l’ensemble « d’admirable et d’émouvant ». Si le trouble qu’en
peut éprouver la sensibilité parait incertain ou du moins variable selon chaque
tempérament, personne ne saurait contester l’intérêt qu’offre le recueil et le
prix qui s’attache à sa révélation. Aussi bien doit-on ne pas se placer au
point de vue strictement artistique; l’artiste s’abaisse ici au rôle d’interprète
de la pensée d’autrui; sa tâche consiste à traduire en dessins ce qu’ont ima-
giné et décrit des érudits, des littérateurs, des savants. Rôle subalterne et tâche

1. Une troisième partie de cette documentation, comprenant quatre volumes
de calques, appartient à la Bibliothèque de l'Institut.

2. L’article 1er d’un décret rendu à Saint-Cloud le 25 août 1806 stipule que la Classe
d'histoire et de littérature ancienne de l’Institut « est spécialement chargée de rédiger
les inscriptions des monuments publics et de proposer les sujets et les légendes des
médailles commémoratives des grands événements ».

3. Ce dernier fut nommé pour remplacer Àmeilhon, mort en 1811.

4. La face ne propose pour les 201 compositions que trois effigies différentes de
Napoléon.

5. Sur les 201 dessins qui figurent dans l’ouvrage de M. Babelon, 32 reproduisent, à
défaut des originaux, les calques des compositions exécutées par Lemot en vue d’un
quatrième volume de Y Histoire métallique qui fut préparé et dont les éléments ont été
distraits dans la suite.

A tout hasard signalons à M. Babelon, comme s’apparentant étroitement aux dessins
qui illustrent son beau livre, les cinq projets de médailles qui figurèrent, sous le nom
de Chaudet, à l’Exposition centennale de l’Art français en 1900 ; ils appartiennent au
musée de Lille. Peut-être M. Babelon retrouvera-t-ii parmi ces dessins quelques-uns
de ceux qui ont échappé jusqu’ici à ses investigations.