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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 6
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Roblot-Delondre, Louise: "Vénus blessée par Diomède": tableau d'Ingres
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0495
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

quillité; elles rendent ainsi parfaitement les sentiments exprimés
par les textes d’Homère. Ingres, reconnaissant envers le maître qui
avait su encourager ses débuts, suivit le dessinateur et nous reste-
rons redevables à Flaxman de deux belles compositions d’Ingres :
Jupiter et Thélis l, et Vénus blessée par Diomède.

Cette dernière œuvre retrace la seconde partie d’un épisode de
l’Iliade 2, dont Flaxman avait reproduit au trait la première :
Vénus se retire en proie à de cruels tourments. La légère Iris lui pre-
nant la main, conduit hors de la mêlée la déesse qui succombe à
! excès cle sa douleur ; son beau teint s'obscurcit. Elle trouve le dieu
clés combats, Mars, assis à l'aile gauche de T armée. Vénus tombe aux
genoux de son frère, en lui demandant instamment ses coursiers
brillants de tresses d'or. Mars les lui donne, elle monte sur le char, le
cœur serré de tristesse. Iris se place à côté d'elle, saisit les rênes et
presse les coursiers obéissants qui, prenant un vol agile, arrivent en un
moment au séjour des dieux, sur le haut de l'Olympe. Quoique
peintre, Ingres saura conserver la prédominance à la ligne et son
tableau donnera l’impression de simplicité qui caractérise les dessins
de Flaxman. La discrétion avec laquelle l'artiste français emploiera
la couleur dans Vénus blessée par Diomède, fera de ce panneau une
œuvre d’une délicatesse exquise.

Sur un ciel très pur, d’un bleu transparent et doux, se détache,
au milieu de nuages, le char de Mars, traîné par de blancs che-
vaux aux crinières d’or. Iris, figurée debout sur le char, la tête
inclinée avec cette expression discrète d’attention qui fait le charme
de tant de reliefs antiques, retient ses coursiers d’une main ferme,
tandis que de l’autre elle aide Vénus à prendre place à ses côtés.
La déesse, aux délicates carnations, présente, d’un souple mouve-
ment de l’avant-bras, sa pauvre main blessée. Si la silhouette d’iris
fait involontairement songer à celle de YAurige de Delphes, Vénus,
entièrement nue, retenant de sa main gauche une légère draperie,
est l’incarnation de la vie; sa chair palpite, malgré la blancheur
presque immatérielle qu’Ingres a su lui donner. Mars est assis au-
devant du char, armé de sa lance et de son bouclier, couvert d’une
armure d’or, le casque orné de merveilleux plumages pourpres. Il
semble que l’attitude du personnage doive s’expliquer par l’influence
d’une peinture exécutée sur un vase grec faisant partie des collec-

1. Au musée d’Aix en Provence. Cf. Roger Marx, Études sur l'École française,
Paris, 1903, p. 20.

2. Livre D.
 
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