Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 8.1912)

VÉNUS BLESSÉE PAR DIOMÈDE », TABLEAU D’INGRES 4G7

lions de l’impératrice Joséphine à la Malmaison1. Le vase était-il
parmi ceux que David avait possédés ? Ingres le vit-il à son arrivée
à Paris? Question sans réponse possible et d’autant plus embarras-
sante que nous relevons dans d’autres détails du tableau d’Ingres
des influences des vases grecs reproduits par Millin et Millingen,
notamment dans le geste de la Vénus 2 et dans la construction du
char3. Fait étrange! Flax-
man retrace ce même atte-
lage dans ses illustrations,
et les chevaux comme le
char, sont aussi reproduits
par Ingres. Mais, ce qui reste
acquis au peintre seul, c’est
le frémissement de vie dont
il anime une silhouette co-
piée sur un antique. Tout
éphèbe se reposant après la
lutte prendra naturellement
l’attitude du dieu Mars, at-
titude faite de noblesse et de
simplicité, et qui sera aussi
bien celle d’un héros d’Ho-
iuère, que celle d’un jeune
homme d’aujourd’hui. La
parenté entre l’art attique et
celui d’Ingres est si frap-
pante, que M. Salomon Rei-
nach pense à Ingres lorsqu’il
discute les mérites d’un lé-
cythe conservé au musée de
Boston, bien qu’à l’époque où il traçait ces lignes4, il ne connût pas
encore Vénus blessée par Diomède, cet exemplaire si caractéristique
de l’influence antique sur la formation du talent d’Ingres.

Cet épisode de l’Iliade a été longuement étudié par le maître ;
M. Lapauze5 cite une esquisse connue sous le même titre et faite

PEINTURE D’UN LÉCYTHE ATTIQUE
(Musée de Boston.)

1. Salomon Reinach, Peintures de vases antiques recueillies par Millin (1808)
et Millingen (4813), Paris, s. d., pl. I, 41.

2. Ibid., pl. I, 14.

3. Ibid., pl. I, 24.

4. Courrier de l’art antique (Gazette des Beaux-Arts, 1910, t. I, p. 77).

5. Ingres, sa vie et son œuvre, Paris, 1911, p. 84.