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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
ouvrages du Sallon ait écrit :.« Les productions de Vestier (1789)
n’ont fait qu’accroitre l’estime que méritent ses talents. » 11 n’y a
pas dans le portrait de Jean-René une seule dureté, et le peintre a su
donner aux yeux noirs de son fils une douceur et une grâce que
Greuze n’a pas dépassées 1.
A partir de la Révolution, Vestier sacrifie le costume au profit de
la physionomie : le remarquable buste2, qu’il exécute d’après lui-
même en 1791, fut très apprécié des connaisseurs au Salon du
Louvre : « Portrait par M. Ves-
tier, mais il 'est bon », lisons-
nous dans le Guide des amateurs
au Salon (n° 334) ; « bonne tête »,
écrit l’auteur de VExplication cri-
tique et impartiale. Tourné vers la
droite, mais regardant à gauche,
il est vêtu d’un habit gorge de pi-
geon largement ouvert sur une
cravate de mousseline; nulle part
Vestier n’a fait preuve d’une plus
mâle énergie de dessin et d’une
matière plus solide. La miniature
qu’il exécuta la même année d’a-
près lui-même et qui est quasi
identique au tableau, est sensible-
ment inférieure à celui-ci3.
En 1793, Vestier peint en pen-
dant à son portrait celui de sa
femme4; elle est de face, le corps tourné vers la droite, en costume
de la Révolution : le fichu jaune qu’elle laisse tomber le long des
bras fait contraste avec la robe blanche. Plus encore peut-être que
celui de son mari, le portrait de Marie Reverend fait penser à la
facture de David sobre et héroïque, pourrait-on dire. Et quand on
compare cette toile à celle où la même année Vestier a représenté
Mme Nicolas Vestier « tenant dans ses bras son enfant qu’elle nour-
rit » (d’après le catalogue du Salon de 1795), on admirera sans
1. Je cite à dessein Greuze à propos de cette toile qui rappelle par plus d’un
point l’Enfant blond de la vente Doistau.
2. Appartient à M. Daney de Marcillac;
3. Appartient à M. Debladis. Signée et datée à droite 1791.
4. Appartient à M. Daney de Marcillac. Toile, signée et datée « l’an 3 » :
0,64 x 0,34.
PORTRAIT DE ZOÉ VESTIER
FILLE DE NICOLAS VESTIER
PAR ANTOINE VESTIER
(Collection de M. Debladis.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
ouvrages du Sallon ait écrit :.« Les productions de Vestier (1789)
n’ont fait qu’accroitre l’estime que méritent ses talents. » 11 n’y a
pas dans le portrait de Jean-René une seule dureté, et le peintre a su
donner aux yeux noirs de son fils une douceur et une grâce que
Greuze n’a pas dépassées 1.
A partir de la Révolution, Vestier sacrifie le costume au profit de
la physionomie : le remarquable buste2, qu’il exécute d’après lui-
même en 1791, fut très apprécié des connaisseurs au Salon du
Louvre : « Portrait par M. Ves-
tier, mais il 'est bon », lisons-
nous dans le Guide des amateurs
au Salon (n° 334) ; « bonne tête »,
écrit l’auteur de VExplication cri-
tique et impartiale. Tourné vers la
droite, mais regardant à gauche,
il est vêtu d’un habit gorge de pi-
geon largement ouvert sur une
cravate de mousseline; nulle part
Vestier n’a fait preuve d’une plus
mâle énergie de dessin et d’une
matière plus solide. La miniature
qu’il exécuta la même année d’a-
près lui-même et qui est quasi
identique au tableau, est sensible-
ment inférieure à celui-ci3.
En 1793, Vestier peint en pen-
dant à son portrait celui de sa
femme4; elle est de face, le corps tourné vers la droite, en costume
de la Révolution : le fichu jaune qu’elle laisse tomber le long des
bras fait contraste avec la robe blanche. Plus encore peut-être que
celui de son mari, le portrait de Marie Reverend fait penser à la
facture de David sobre et héroïque, pourrait-on dire. Et quand on
compare cette toile à celle où la même année Vestier a représenté
Mme Nicolas Vestier « tenant dans ses bras son enfant qu’elle nour-
rit » (d’après le catalogue du Salon de 1795), on admirera sans
1. Je cite à dessein Greuze à propos de cette toile qui rappelle par plus d’un
point l’Enfant blond de la vente Doistau.
2. Appartient à M. Daney de Marcillac;
3. Appartient à M. Debladis. Signée et datée à droite 1791.
4. Appartient à M. Daney de Marcillac. Toile, signée et datée « l’an 3 » :
0,64 x 0,34.
PORTRAIT DE ZOÉ VESTIER
FILLE DE NICOLAS VESTIER
PAR ANTOINE VESTIER
(Collection de M. Debladis.)