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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

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Dorbec, Prosper: La peinture française, de 1750 à 1820, [1]: jugée par le factum, la chanson et la caricature
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https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0096
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LA PEINTURE FRANÇAISE DE 1 7 50 A 18 2 0

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Notons, près dn lit du héros, son casque. Il n’est pas resté
inaperçu de la caricature: une des eaux-fortes du Marlborough
au Salon en a souligné les proportions exagérées. Déjà l’on raille
le style « pompier » ; ce n’est pourtant que l’aurore de son
règne.

L’Éducation d’Achille par le centaure Chiron offre des teintes
qui ne sont guère plus réjouissantes; aussi Régnault n’est-il pas
épargné par « Marlborough » : « Trop gratter cuit » ne peut-il
s’appliquer au geste du centaure portant la main derrière sa tête
congestionnée? Et la jambe gauche démesurée que la caricature prête
à Achille, n’est-elle pas justifiée par le tableau?

Devant ces menaces à la fois d’affectation d’austérité et d’envahis-
sement par l’antique, c’est presque tout de suite que s’étaient mani-
festés les sentiments adverses. L’intérêt pittoresque des thèmes tirés
de l’histoire de France était notamment signalé, en 1769, par le pro-
gramme de réforme exposé dans la curieuse Lettre de Raphaël peintre
cl'enseignes, membre de /’Académie de Saint-Luc..., dont nous aurons à
mettre en valeur les idées de naturalisme. En 1779, on entendit
regretter les coloristes qui avaient illustré le commencement du
siècle : le Mort vivant au Salon, c’était Lemoyne, n’ayant censément
pas succombé aux coups d’épée qu’il se porta dans une crise de décou-
ragement et ayant vécu depuis tout à fait retiré et oublié. Aujour-
d’hui (1787), on juge opportun d’évoquer l’Ombre de Rubens. Sage
intervention, en effet, car à l’arrivée du maître anversois, qui donc
est seul à le reconnaître? qui se met à crier de toutes ses forces :
<( Messieurs de l’Académie, voilà Rubens! » — cependant que, de
ces messieurs, aucun ne bouge, comme s’ils en seraient tous, n’était
Doyen, à ne plus même connaître ce glorieux nom? un jeune que,
peut-être pour le mieux caractériser par son goût de la couleur, l’auteur
a qualifié d’Anglais. Rubens fait le procès des éducateurs systéma-
tiques : « On suit aveuglément », dit-il, « ce qu’annonce un homme
en place... qui, comme M. Yien, a mis Raphaël en grande vénération
dans l’école », mais a-t-on compris Raphaël, lui ressemble-t-on
parce qu’ « on place des femmes roides les unes à côté des autres en
forme de quilles », parce qu’ « on fait un contour bien sec et des
draperies en tuyaux d’orgue »? — L’antique, lui aussi, « pris d’un
mauvais côté, est très pernicieux... Un tableau de David offre
l’aspect d’une sculpture coloriée et non la douce harmonie de la
nature ». — L’Anglais, stupéfait : « Ah! ah! »

Et cette exclamation qui termine la brochure montre combien
 
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