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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 12.1914-1916

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Nr. 1
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Schnerb, Jacques Félix: Les Salons de 1914, 4, Le salon des artistes français
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https://doi.org/10.11588/diglit.24914#0082
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LES SALONS DE 1914

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valent ce que valent les peintres. Mais il est bien certain que des
œuvres comme celles dont je viens de reproduire les titres ne
peuvent tirer leur intérêt que de l'interprétation picturale. Or, un
art qui n’a d’autre but, comme il arrive au Salon, que Limitation ne
peut mener qu’au désordre ou au pire métier. L’observation toute
seule ne suffît pas plus à la découverte des secrets de la forme qu’il
ne suffit pour comprendre les lois de la circulation de disséquer un
cœur. Il faut à la faculté d’analyse une raison de choisir, sans
laquelle elle ne peut que se perdre dans la multiplicité des aspects.
Cette raison, elle l’a trouvée jusqu’ici dans les nécessités de l’adap-
tation, quand elle se servait de procédés rudimentaires comme ceux
de la peinture antique, pauvre en couleurs, ou de la fresque. Elle
l'a trouvée aussi, ces dernières années, —- et il s’agit de la jeune
école — dans le raisonnement, dans un besoin réfléchi de se res-
treindre pour être plus expressif. Elle l’a trouvée surtout à toutes
les époques, dans toutes les écoles, et c’est sur quoi je voulais
insister, — dans la composition, historique ou familière, qui fut
toujours son vrai moyen de dépasser le niveau de Limitation.

Je rappelais les vastes « machines » exposées autrefois à ce
Salon ; ce n’est point assurément cette peinture-là qui laisse des
regrets, mais je pensais à Poussin, à Delacroix qui semblent oubliés.
L’un et l’autre ont pourtant influencé l’école moderne, mais elle leur
a demandé plutôt une palette qu’une conception agrandie de la
peinture.

A certains signes se peut prévoir cependant un réveil des imagi-
nations lasses des petits arrangements plus ou moins ingénieux,
dont se contentent aujourd’hui la plupart des peintres. Le Déluge
et Y Entrée des Croisés répondent à un goût qui ne peut mourir et
qui est essentiellement du domaine de la plastique, quoi qu’en
puissent penser les théoriciens de la peinture pure. Pendant que nous
étions occupés à cataloguer les moindres gouacheurs du xvme siècle,
des historiens allemands écrivaient, en effet, de complètes mono-
graphies sur les deux maîtres français, rassemblaient leurs œuvres,
les reproduisaient, leur consacraient enfin les ouvrages que tous
leurs admirateurs attendaient depuis longtemps en France1.

I. Nicolas Poussin, sein Werk uncl sein Leben, von Dr. Otto Grautoff; Munich,
Georg Müller, édit.; — Eugène Delacroix, Beitrâge zur einer Analyse von Julius
Meier-Graefe; Munich, Piper et G0, édit. — Je n’oublie pas d’ailleurs qu’en
France se manifeste un retour à l’art du xvne siècle, préparé peut-être par Je
goût actuel pour les jardins de Le Nôtre, commentés et chantés à i’envi. En voici
 
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