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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 13.1917

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Nr. 2
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Bénédite, Léonce: Harpignies: (1819 - 1916)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24915#0237

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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gnage relativement récent. Il y a quelques années, je tourmentais
Harpignies amicalement pour qu’il cédât au Luxembourg une lumi-
neuse étude prise â Beaulieu, à laquelle il tenait beaucoup, mais
qu’il ne voulait nous abandonner qu’après sa mort. « Vous me ferez
trop longtemps attendre », lui dis-je. Il finit par se laisser con-
vaincre, mais il mit comme condition expresse que j’accepterais et
que j’exposerais en même temps une jolie étude d’Achard, aux Vaux-
de-Cernay, à laquelle il était très attaché.

Il ne faut pas oublier, avant de quitter ce coin du Dauphiné où
Achard conduisit son disciple, de signaler une rencontre que Har-
pignies note avec soin, parce qu’elle a sa valeur : c’est celle de Paul
Flandrin. C’est à Crémieux qu’il lui fut présenté pour la première
fois. Cet artiste plein de noblesse, un peu trop absorbé dans le
rayonnement de la gloire de son frère, est encore un de ceux vers
lesquels monte un retour tardif de justice. Sur le conseil d’Achard,
Harpignies le suivit dans ses promenades, le regarda dessiner et,
dit-il, « il m’en resta quelque chose de bon, personne ne compre-
nant la grande forme comme Paul Flandrin ».

Ce fut donc cette année 1841 qui décida du sort de notre jeune
artiste. II revint, encouragé, passer l’hiver à Paris, toujours sous la
direction d’Achard. La révolution de février 1848 éclata; il fut
rappelé à Famars et, peu après, Achard vint l’y retrouver. Ilarpi-
gnies emmena son maître à Bruxelles. Comme dans beaucoup de
familles du Nord, il y avait des liens par-dessus la frontière :
Mme Harpignies mère appartenait à une famille de Bruxelles, la
famille Lequime, où les cousins de notre maître cultivèrent le goût
des arts. On y avait des parents et des amis. Harpignies y passa une
année avec son maître, année qui ne parait pas lui avoir laissé de
bien agréables souvenirs. Il est assez sévère pour ses cousins les
Belges. II est vrai que, à cette date, l’école locale n’avait pas encore
pris l’essor superbe et inattendu qui assura son riche développe-
ment jusqu’à la fin du siècle. « Beaucoup de bière tous les soirs »,
dit-il, « mauvaise affaire pour la peinture ; et puis des idées belges. Ça
ne m’allait pas du tout. »

Néanmoins, il exécule, au milieu de ses études peintes, une
quinzaine d’eaux-fortes, qu’il continuera, en rentrant au pays natal,
et il trouve même un éditeur à Valenciennes, Binois de l’Épine,
pour publier un album de treize paysages, qu’il a gravés, sous la direc-
tion d’Achard, à Roisin, petite ville belge, proche de la frontière. Ce
sont vraiment ses débuts en public. Ils sont pleins de gaucherie et
 
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