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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Les plans d’Achille Leclère, avec leurs extensions et leurs modi-
fications profondes aux constructions déjà élevées, étaient dès lors
condamnés.
Ce jugement préalable fut, en effet, confirmé par le Conseil des
Bâtiments civils réuni le 28 mars, sous la présidence du chevalier
Bruyère assisté de Heurtier, comme vice-président; présents : Ron-
delet, Garrez, Norry. De Gisors était en mission, mais peut-être
pourrait-on chercher ailleurs la vraie raison de son absence : il
avait mis la main à l’un des projets et ne pouvait être juge et partie.
Ils n’étaient au reste pas nombreux, ces projets. En dépit du désir
exprimé par Vaublanc dans sa lettre du 10 février de voir demander
des dessins et des plans à « plusieurs architectes habiles », le Conseil
n’avait qu’à en examiner trois : celui d’Achille Leclère, coté A,
« remis par le Ministre »; les deux autres, cotés B et C, de Vignonqui,
pour mettre plus de chances de son côté, avait envoyé un projet qui
était son œuvre seule, et un second modifié sur les conseils de
Gisors, Labarre et autres. Les suffrages de la Commission allèrent,
en effet, à ce dernier, ainsi qu’il appert du procès-verbal de la séance :
Le Conseil ayant comparé entre eux les trois projets qui lui ont été pré-
sentés par M. le Directeur des Travaux publics de Paris, a remarqué que le
projet coté A nécessitant la destruction d'une très grande partie des fonda-
tions, faisant pressentir une trop grande dépense, il croit devoir donner la
préférence au projet C qui est une modification de celui B, et conclut à ce
que le projet C soit présenté à l’approbation de Son Excellence1.
Le choix du Conseil des Bâtiments civils fut porté à la connais-
sance du ministre par le chevalier Bruyère, dans un rapport qui
résumait l’historique de la mission à lui confiée, en même temps
qu’il expliquait les raisons du choix du Conseil :
Monseigneur,
Paris, le 11 avril 1816.
Votre Excellence m’ayant chargé de faire rédiger des projets pour l’achè-
vement de l’Église de la Madeleine, je m’étais empressé de m’en occuper et de
recueillir les avis des architectes les plus distingués par leurs talents.
Ils s’étaient réunis en faveur d’un projet en esquisse que j’eus l’honneur
de mettre dernièrement sous vos yeux, et vous voulûtes bien, à cette occa-
sion, me faire connaître plus particulièrement les vues de Sa Majesté et les
vôtres notamment en ce qui concerne la conservation des fondations qu’il
eût été trop affligeant de voir reconstruire pour la quatrième fois.
1. Archives Nationales, F 13, 1149.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Les plans d’Achille Leclère, avec leurs extensions et leurs modi-
fications profondes aux constructions déjà élevées, étaient dès lors
condamnés.
Ce jugement préalable fut, en effet, confirmé par le Conseil des
Bâtiments civils réuni le 28 mars, sous la présidence du chevalier
Bruyère assisté de Heurtier, comme vice-président; présents : Ron-
delet, Garrez, Norry. De Gisors était en mission, mais peut-être
pourrait-on chercher ailleurs la vraie raison de son absence : il
avait mis la main à l’un des projets et ne pouvait être juge et partie.
Ils n’étaient au reste pas nombreux, ces projets. En dépit du désir
exprimé par Vaublanc dans sa lettre du 10 février de voir demander
des dessins et des plans à « plusieurs architectes habiles », le Conseil
n’avait qu’à en examiner trois : celui d’Achille Leclère, coté A,
« remis par le Ministre »; les deux autres, cotés B et C, de Vignonqui,
pour mettre plus de chances de son côté, avait envoyé un projet qui
était son œuvre seule, et un second modifié sur les conseils de
Gisors, Labarre et autres. Les suffrages de la Commission allèrent,
en effet, à ce dernier, ainsi qu’il appert du procès-verbal de la séance :
Le Conseil ayant comparé entre eux les trois projets qui lui ont été pré-
sentés par M. le Directeur des Travaux publics de Paris, a remarqué que le
projet coté A nécessitant la destruction d'une très grande partie des fonda-
tions, faisant pressentir une trop grande dépense, il croit devoir donner la
préférence au projet C qui est une modification de celui B, et conclut à ce
que le projet C soit présenté à l’approbation de Son Excellence1.
Le choix du Conseil des Bâtiments civils fut porté à la connais-
sance du ministre par le chevalier Bruyère, dans un rapport qui
résumait l’historique de la mission à lui confiée, en même temps
qu’il expliquait les raisons du choix du Conseil :
Monseigneur,
Paris, le 11 avril 1816.
Votre Excellence m’ayant chargé de faire rédiger des projets pour l’achè-
vement de l’Église de la Madeleine, je m’étais empressé de m’en occuper et de
recueillir les avis des architectes les plus distingués par leurs talents.
Ils s’étaient réunis en faveur d’un projet en esquisse que j’eus l’honneur
de mettre dernièrement sous vos yeux, et vous voulûtes bien, à cette occa-
sion, me faire connaître plus particulièrement les vues de Sa Majesté et les
vôtres notamment en ce qui concerne la conservation des fondations qu’il
eût été trop affligeant de voir reconstruire pour la quatrième fois.
1. Archives Nationales, F 13, 1149.