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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 3.1921

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Nr. 2
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Rouchès, Gabriel: Le paysage chez les peintres de l'école bolonaise, 2: les disciples des Carrache
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https://doi.org/10.11588/diglit.24941#0146

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I2Ô

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

peut cependant pas douter que Poussin ait connu les lunettes de la chapelle
Aldobrandini et, plus particulièrement, cette Faite en Egypte dont la parenté
avec ses oeuvres est frappante.

Comme paysagiste, le Dominiquin est l'héritier direct d’Augustin et
d’Annibal Carrache. Il a continué leur manière. Il les suit de plus près que
l’Albane à qui M. Serra le juge inférieur1.

Si par sa conception du paysage le Dominiquin ne se détache pas de ses
maîtres, il n’en a jaas moins montré un goût personnel et très vif pour la
nature. Ses tableaux et ses dessins où les paysages abondent, en font foi2.
Ce goût s’affirme dès ses premières œuvres, les fresques qui se trouvent à
la galerie et dans les appartements du palais Farnèse et qui ont été exécu-
tées sous l’œil d’Annibal Carrache : la Mort d’Adonis, Apollon et Jacinthe,
Narcisse à la fontaine, et enfin la Jeune fille à la licorne. Dans cette dernière
composition, on retrouve les grandes lignes d’un paysage classique, malgré
l’inexpérience et les défauts de l’exécution.

Les progrès du Dominiquin sont très rapides. La Suzanne (Ancienne
Pinacothèque de Munich) montre l’artiste en possession de son talent. On
y voit un beau paysage qui, lui aussi, annonce Poussin : Suzanne, demi-nue,
se baigne dans une fontaine qu’entoure une balustrade. Au delà, un jardin
où, parmi de hauts cyprès, des fabriques se dressent à gauche et dans le fond.

La décoration de la villa Belvédère à Frascati, immédiatement postérieure,
comprend une série de paysages qui encadrent la fable d’Apollon, légère-
ment ondulés, agrémentés d’arbres et de rochers. Des fabriques figurent
dans certains sujets.

Pendant sa jeunesse (avant 1615), le Dominiquin peignit de nombreux
paysages. Le Musée du Capitole et la galerie Doria possèdent, chacun, une
série intéressante de tableaux de ce genre. Il serait fastidieux d’analyser en
détail ces toiles que rapprochent des caractères communs. Je prendrai
seulement comme exemple le Passage du gué (galerie Doria). Ici, le Domini-
quin abandonne le genre historique ou classique qu’il avait abordé avec la
Suzanne ; il revient au paysage émilien. Le Passage du gué appartient à la
même famille que la Pêche et la Chasse d’Annibal Carrache. La rivière, les
barques, les maisons au bord de l’eau, sont pour nous des motifs familiers
que nous retrouvons ici traités avec moins de vigueur. L Herminie chez les
bergers (Louvre) est de la même époque.

[. Serra, ouv. cit., p. 106.

2. L’excellent ouvrage de M. Serra est le plus complet qui existe sur le Dominiquin,
aussi bien comme catalogue descriptif de ses œuvres que comme répertoire iconographique.
La vieille publication de Landon, Vies et œuvres des peintres les plus célébrés de toutes les
écoles, Paris, i8o5, peut encore rendre service.
 
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