LES DEUX « VIERGES » DE TOULOUSE ET LEUR LÉGENDE 89
voir la jambe gauche enveloppée d’une jambière et le pied chaussé d’une
pigache. Le pied droit, sur le bord, repose également sur une tête de lion ; il
est nu. Les mains très fines, ouvertes sur les cuisses, les doigts écartés, for-
ment un cadre gracieux au mouton que la femme retient sur son sein.
De belles lettres majuscules, gravées sur le fond, donnent les inscriptions
suivantes. Autour de la tête de la femme de gauche qui tient le lion : SIGNUM
LEONIS ; autour de la femme de droite : SIGNVM ARIETIS ; puis, dans
l’encadrement formé par le croisement des jambes : HOC F VIT FACTUM
T., plus bas : tTEMPORE IVLII, enfin, dans les deux petits cadres inférieurs
formés par le croisement des pieds, à gauche CES A, à droite RIS. L’ins-
cription semble donc signifier : « Signe du Lion. Signe du Bélier. Ceci fut
fait à (T?) au temps de Jules César ».
Disons tout d’abord que le T après FACTUM a passé inaperçu jusqu’à
J. de Lahondès, qui, en me le signalant, le traduisait par T[olosæ]. Ne con-
naissant aucune abréviation similaire, dans les inscriptions, dans les sceaux,
sur les monnaies, je lui laisse la responsabilité de cette interprétation.
Je veux répondre ensuite à une objection qui m’a été faite. « Hoc fuit fac-
tum » signifierait « ceci est arrivé » et non « ceci a été fait ». Or, je puis signa-
ler plusieurs inscriptions analogues, sur lesquelles aucune incertitude ne peut
exister. Là hoc remplace bien monumentum (à Saint-Pompain, sur l’église:
« Guillelmus fecit hoc » ; à Autun : « Gislebertus hoc fecit »). Enfin, on
peut ajouter que quand il s’agit d’un ouvrage, c’est le mot factum qui est
généralement employé, tandis que, lorsqu’il s’agit d’un événement, c’est
plutôt actum que nous trouvons au Moyen âge.
D’après Y Album de la Société archéologique du Midi de la France1 2 ce bas-
relief vient de l’église de Saint-Sernin, oii il était « au tiers pilier de la
grande porte de l’église, du côté de l’hôpital Saint-Jacques, et vis-à-vis les
fons d’icelle, en face de la rue du Taur ».
Sur un pilier voisin était un Centaure avec cette inscription énigmatique" :
IVNCTA SIM VL FACIVNT
O VN
COVM
RD V
PORA
CORP*
1. T. I, p. g5. Voir aussi J. de Lahondès (Bullet. de la Société archéologique du Midi
de la France, n° 36 (1906), p. 45a).
2. Ce Centaure est signalé par Fabre dans son Alchymista christianus, dès le commen-
cement du xviic siècle, avant Daydé, par conséquent.
- 5e PÉRIODE. 12
VI .
voir la jambe gauche enveloppée d’une jambière et le pied chaussé d’une
pigache. Le pied droit, sur le bord, repose également sur une tête de lion ; il
est nu. Les mains très fines, ouvertes sur les cuisses, les doigts écartés, for-
ment un cadre gracieux au mouton que la femme retient sur son sein.
De belles lettres majuscules, gravées sur le fond, donnent les inscriptions
suivantes. Autour de la tête de la femme de gauche qui tient le lion : SIGNUM
LEONIS ; autour de la femme de droite : SIGNVM ARIETIS ; puis, dans
l’encadrement formé par le croisement des jambes : HOC F VIT FACTUM
T., plus bas : tTEMPORE IVLII, enfin, dans les deux petits cadres inférieurs
formés par le croisement des pieds, à gauche CES A, à droite RIS. L’ins-
cription semble donc signifier : « Signe du Lion. Signe du Bélier. Ceci fut
fait à (T?) au temps de Jules César ».
Disons tout d’abord que le T après FACTUM a passé inaperçu jusqu’à
J. de Lahondès, qui, en me le signalant, le traduisait par T[olosæ]. Ne con-
naissant aucune abréviation similaire, dans les inscriptions, dans les sceaux,
sur les monnaies, je lui laisse la responsabilité de cette interprétation.
Je veux répondre ensuite à une objection qui m’a été faite. « Hoc fuit fac-
tum » signifierait « ceci est arrivé » et non « ceci a été fait ». Or, je puis signa-
ler plusieurs inscriptions analogues, sur lesquelles aucune incertitude ne peut
exister. Là hoc remplace bien monumentum (à Saint-Pompain, sur l’église:
« Guillelmus fecit hoc » ; à Autun : « Gislebertus hoc fecit »). Enfin, on
peut ajouter que quand il s’agit d’un ouvrage, c’est le mot factum qui est
généralement employé, tandis que, lorsqu’il s’agit d’un événement, c’est
plutôt actum que nous trouvons au Moyen âge.
D’après Y Album de la Société archéologique du Midi de la France1 2 ce bas-
relief vient de l’église de Saint-Sernin, oii il était « au tiers pilier de la
grande porte de l’église, du côté de l’hôpital Saint-Jacques, et vis-à-vis les
fons d’icelle, en face de la rue du Taur ».
Sur un pilier voisin était un Centaure avec cette inscription énigmatique" :
IVNCTA SIM VL FACIVNT
O VN
COVM
RD V
PORA
CORP*
1. T. I, p. g5. Voir aussi J. de Lahondès (Bullet. de la Société archéologique du Midi
de la France, n° 36 (1906), p. 45a).
2. Ce Centaure est signalé par Fabre dans son Alchymista christianus, dès le commen-
cement du xviic siècle, avant Daydé, par conséquent.
- 5e PÉRIODE. 12
VI .