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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 7.1923

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Nr. 2
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Buffenoir, Maximilien: Une famille d'artistes francs-comtois au dix-huitième siècle: le Rosset
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https://doi.org/10.11588/diglit.24939#0141
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UNE FAMILLE D’ARTISTES FRANCS-COMTOIS: LES ROSSET ia5

« entendre le roulement des carosses sur le pavé et l’aigre grondement des fardiers. »
Jacques Rosset, qui hérite de l’atelier de son père, hérite également de son attache-
ment pour sa ville natale, où s’écoule toute son existence. 11 n’est pas jusqu’à l’abbé
Rosset qui ne soit revenu finir à Saint-Claude, comme curé, une carrière qui ne
semble pas d’ailleurs s’ctre beaucoup écartée de la région comtoise. Il est peu d’exem-
ples d’une dynastie d’artistes aussi obstinément rivée au pays qui fut son berceau.

C’est donc Saint-Claude qui a véritablement créé les Rosset, leur mettant à la
main le ciseau qui devait faire
leur réputation : mais, bien
plus, il n’est pas téméraire
d’avancer que c’est encore
Saint-Claude qui les a portés
à mettre au service des philo-
sophes ce ciseau chaque jour
plus habile. Les Francs-Com-
tois ont souffert plus que les
autres des abus de l’ancien
régime français, pour eux
d’autant plus odieux qu’ils
pouvaient lui opposer le sou-
venir encore récent de la do-
mination espagnole à leur
égard très libérale. Il ne fau-
dra rien moins que la Révo-
lution pour les attacher défi-
nitivement à la France. Mais,
dès le temps qui la précède,
ils saluent comme des libéra-
teurs les philosophes partis en
guerre contre l’oppression.

Les habitants de Saint-Claude
surtout, quand Voltaire vient
s’établir près d’eux à Ferney,
tressaillent d’allégresse : c’est
qu’ils ont sous les yeux dans
les communes avoisinantes la misère des douze mille serfs du Mont-Jura, les der-
niers, croyons-nous, qui restassent en France, et qui, soumis au chapitre de Saint-
Claude, soupiraient après un affranchissement que la Révolution seule leur apportera.
Voltaire, défenseur des La Rarre, des Calas et des Lally-Tollendal, n’allait-il pas, une
fois déplus, prendre en main la cause des malheureux ? On pouvait l’espérer ; on en
eut la certitude quand on le vit accueillir à bras ouverts l’avocat des serfs du Jura :
Chrislin. Dès lors l’enthousiasme ne connut plus de bornes : tout le monde, à Saint-
Claude, voulut posséder une image du grand homme : c’est l’opinion impérieuse de sa

BUSTE DE J.-J. ROUSSEAU
MARBRE, PAR JOSEPH ROSSET
(Coll, de M. Frédéric Raisin, Genève.)
 
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