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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 11.1925

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Buttin, Charles: Un portrait de Jean des Bandes noires à la Pinacothéque de Turin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24945#0017
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UN PORTRAIT DE JEAN DES BANDES NOIRES

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différentes, portent la même armure, peut-être simplement parce que
les peintres de leurs portraits ont trouvé cette armure très décorative.

L’exemple le plus remarquable, parce qu’il s’étend sur le cours de tout
un siècle, nous est fourni par l’armure A. 217-280 de la Real Armeria de
Madrid, faite vers i54g pour Philippe II par Desiderius Colman d’Augsbourg,
sur les cartons du peintre Diego Arroyo. Cette armure figure dans les œuvres
d’art ci-après :

i° Un portrait de Philippe II, peint par Titien vers i549-i55o (Musée du
Prado).

2° Une médaille de ce prince, par Jacopo da Trezzo, datée de i555.

3° Un portrait équestre de Philippe II couronné par la Victoire, peint par
Rubens au xvn' siècle (Musée du Prado).

4° Une réplique de ce portrait, par le même peintre (Galerie de Windsor).

5° Un portrait équestre de Charles-Quint, par Van Dyck (Musée du
Prado).

6° Enfin un portrait de D. Antonio Alonso Pimentel, comte de Benavente,
par Velasquez (encore au Prado).

Mais, s’il est toujours possible de se faire peindre avec l’armure d’un
personnage antérieur, on ne peut supposer un mort sortant du tombeau pour
poser sous l’armure de son fils et avec l’épée de ce dernier au côté. Il est
donc certain que Cosme Ier désirant avoir un portrait de son père, et n’ayant
pas d’armure de lui, ou ne trouvant pas assez décoratives celles qui
lui avaient appartenu, a fait faire le portrait de Jean de Médicis avec sa propre
armure et sa propre épée.

On peut même dire que Cosme de Médicis a fait plus encore, et que c’est
lui qui a posé pour son père, pour lequel le peintre n’a eu à restituer que la
tête. Les mains du Duc, presque féminines et dont la finesse patricienne frappe
dans les deux portraits de Florence et de Berlin, se retrouvent, bien recon-
naissables, dans le portrait de Turin. Ces doigts longs et fuselés que Cosme
devait tenir de Maria Salviati ne peuvent avoir appartenu au formidable athlète
qui, au dire des chroniqueurs contemporains, enlevait un adversaire au bout de
sa lance ; ce n’est pas avec ces mains de femme que Jean aurait pu exécuter les
exploits qu’on lui prête, pas plus qu’il n’aurait pu faire entrer sa carrure
d’hercule trapu dans la cuirasse svelte et élancée faite à la mesure de son fils.

Les deux seules choses, que l’artiste a eu à restituer, après l’exécution du
surplus fait d’après Cosme lui-même, sont la tête de Jean et la fenêtre ouverte
à sa droite. Et en effet, la tête, trop petite, se rattache à l’armure de façon
hésitante, et la fenêtre placée derrière Jean, alors que le jour lui vient de
face, n’allume pas le moindre reflet sur l’acier bleui de l’armure. Mais cette
fenêtre a dû elle aussi être commandée, et nous devons ici mentionner une
 
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