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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 11.1925

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Marmottan, Paul: Le paysagiste Nicolas-Didier Boguet (1755 - 1839)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24945#0045
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LE PAYSAGISTE NICOLAS-DIDIER ROGUET

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Voici, pour finir, deux témoignagnes de deux grandes personnalités. Le
premier est de Chateaubriand, ambassadeur de France à Rome en 1828
et le passage suivant relatif à notre peintre est détaché des Mémoires d’outre-
tombe.

« Mais qui vit encore, à ma grande joie, c’est mon vieux Boguet, le doyen des
peintres français à Rome. Deux fois il a essayé de quitter ses campagnes aimées;
il est allé jusqu’à Gènes; le cœur lui a failli et il est revenu à ses foyers adoptifs.
Je l’ai choyé à l’ambassade, ainsi que son fils pour lequel il a la tendresse d’une
mère. J’ai recommencé avec lui nos anciennes excursions1; je ne m’aperçois de sa
vieillesse qu’à la lenteur de ses pas; j’éprouve une sorte d’attendrissement en con-
trefaisant le jeune, et en mesurant mes enjambées sur les siennes. Nous n’âvons plus
ni l’un ni l’autre longtemps à voir couler le Tibre. »

Le second consiste dans une lettre inédite de cette poétique princesse
Charlotte, fille cadette du roi Joseph, qui occupait les loisirs de l’exil à
Rome, sous la Restauration, en s’essayant au dessin et à la peinture, goût
qu’elle avait déjà manifesté sous le règne de son oncle l’empereur Napoléon,
lorsque, toute jeune fille, elle dessinait les paysages de Mortefontaine2.

Monsieur,

Florence, ce 29 mars (date déchirée).

Je profite de l’occasion qui se présente pour me rappeler à votre bon souvenir et
vous envoyer un cahier de vues que j’avais faites d’après nature il y a quelques
années et que j’ai gravées cet hiver.

Je crains que vous ne trouviez cela bien mauvais, mais enfin, j’espère que vous
me le direz et je serai tou jours bien touchée de la continuation de votre souvenir.

C’est Mr Doussault, jeune peintre français3, qui veut bien se charger de ma
lettre ; il m’a donné des leçons pendant quelque temps pour les portraits et va voir
Rome.

Il sera bien empressé à se présenter chez vous et j’espère qu’il pourra voir vos
ouvrages; il vous dira que j’irai peut-être passer quelque temps à Rome.

Je désire qu’il vous trouve en bonne santé, Monsieur, ainsi que votre fils et que
vous ne lui en vouliez pas de m’avoir donné l’occasion de me rappeler à votre bon
souvenir. Maman4, dont la santé est toujours à peu près de même vous fait mille
compliments. Moi je vous prie, Monsieur, de ne jamais douter du souvenir que je

1. Chateaubriand l’avait déjà connu à Rome en i8o3, lorsqu’il était secrétaire près de
l’ambassadeur cardinal Fesch.

2. L’album existe encore.

3. Probablement Charles Doussault élève des Devéria ; il exposa aux Salons de 1834
à 1870, il fit quelques portraits et de nombreuses vues d’Orienl.

4- L’cx-reine Julie, femme de Joseph Bonaparte, née Clary.

xi. — 5e PÉRIODE.

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