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PRIMITIFS ALLEMANDS

Bas pendant l’époque précédente, paraît un Maître qui prouve, par la manière caracté-
ristique de sa forme, que les œuvres du Maître de Colmar ne lui étaient pas inconnues.
Il est bien extraordinaire que ce soit précisément au moment où, en maints endroits
d’Allemagne, vers la fin du siècle, les caractères locaux ressortent avec une acuité parti-
culière, que l’art de Cologne ait perdu l’empreinte homogène, qu’il avait eue jusqu’alors.
A côté du Maître de Saint-Barthélemy qui, suivant une opinion assez répandue, devait
être le disciple immédiat de Schongauer, se place un artiste qui s’était formé en Hol-
lande, ainsi qu’un troisième dont l’art semble s’être développé à Cologne même. Ils
ont en commun un trait de noblesse pittoresque, une mollesse dans le modelé qui
tranche nettement sur la manière allemande septentrionale, dont la facture plastique
a des contours souvent durs. On comprend cette tendance à l’élégance et à la vie confor-
table dans l’opulente ville qui voisinait avec les contrées où se développait une culture
princière. Enfin, au-dessus de tout cela, l’art des trois principaux maîtres de l’époque
s’épanouit dans des directions divergentes.
Si nous connaissions leurs noms il serait plus facile de retrouver leur origine. Mais
pour eux aussi il faut nous contenter de noms d’emprunt comme pour la plupart des
maîtres colonais. L’artiste que l’on désigne du nom de Maître de la Sainte-Parenté,
d’après le splendide retable du Musée Wallraf-Richartz (pl. 69), est visiblement
associé à l’évolution colonaise antérieure, ce qui nous incite à croire qu’il a été élevé à
Cologne. Il copiait encore Stephan Lochner et il est si proche du caractère et du coloris
du Maître de la Glorification de la Vierge, qu’on a été jusqu’à prétendre qu’il était son
propre fils. On peut certainement reconnaître une relation d’atelier, et il se peut que le
Maître de la Sainte-Parenté ait, en effet, continué la tradition de l’aîné.
La délicatesse du coloris est la principale caractéristique de son art. Il aime les
riches étoffes de brocart, mais il ne les fait pas luire et scintiller isolément comme
Thierry Bouts; c’est toute la surface de ses tableaux qu’il enveloppe d’un voile étin-
celant. La lumière et l’ombre ne s’opposent pas simplement en clair et en obscur.
Les ombres elles-mêmes sont colorées. Les Allemands de la Haute Allemagne aiment
le chatoiement des étoffes de deux tons différents. Pas plus à Cologne qu’à Venise on
n’ignore que même la couleur simple se transforme par la lumière. L’or d’un brocart
bleu, qui était jaune brun à la lumière, devient un rouge à l’ombre.
Les volets d’un retable d’un autel sculpté de la Haute Allemagne n’étaient pas
précisément ce qu’il fallait pour susciter d’aussi subtiles observations. Il s’agissait là
d’obtenir un effet de modelé ou bien de pénétrer hardiment dans la profondeur et cela,
soit en rivalisant directement avec les figures plastiques au moyen du rond de bosse,
soit en leur opposant une création différente mais d’égale intensité. On avait à Cologne,
de même que dans les Pays-Bas, une prédilection toute spéciale pour l’autel décoré
de peintures, aussi n’y trouve-t-on point cette masse d’informes productions d’ateliers.
Ce n’est plus la composition ou la facture seulement qui importe, c’est le souci de
 
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