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LA PEINTURE FRANÇAISE. 79

couchée, (1868). L'une et l'autre sont des études prises sur le vif:
mais elles valent des tableaux, et elles n'ont pas vieilli. Des femmes
nues, c'est ce qu'il y a de plus banal au monde. Le motif a suffi
cependant : les dépressions et les saillies tournantes, le modelé
délicat et résolu des surfaces, résultat de l'exactitude du dessin inté-
rieur, tout a été exprimé par M. Lefebvre à l'aide d'un travail très
caressé et très ferme. Ces deux études ont un relief qui révèle un
profond sentiment de la nature vivante. M. Jules Lefebvre n'a pas
toujours retrouvé cet accent décisif lorsque, préoccupé de l'idéal, et
corrigeant, en vertu d'un goût particulier, l'impression que lui donnait
la vérité authentique, il a groupé des figures pour en faire un tableau.
La Diane surprise du Salon de 1879 est une composition très savante,
où les lignes s'arrangent bien, où abondent les détails charmants, où
certaines tètes sont même délicieuses ; mais vu de loin et d'un seul
regard, le tableau manque un peu de ressort et le pinceau s'alanguit.
La vraie peinture doit être plus affirmée, aussi bien par le ton que
par le relief. Malgré sa distinction et son ingéniosité de metteur en
scène, l'auteur n'est pas assez peintre.

11 y a bien des manières de voir les formes. Les modernes ont une
tendance à les faire vivre dans la lumière et quelques-uns d'entre
eux obtiennent souvent des résultats d'une rare finesse. Parmi les
trois maîtres qui ont surveillé l'apprentissage de M. Gervex, on voit
sans surprise figurer Fromentin qui était, comme on sait, un sensitif
de race exquise et qui, dans ses peintures comme dans ses livres, a
toujours cherché le dernier mot des délicatesses. Peut-être M. Gervex
se souvient-il des bonnes choses que lui a dites ce raffiné qu'on a
connu constamment hostile aux visions grossières et au langage
brutal. Dès sa jeunesse dont la fleur dure encore, M. Gervex a été
séduit par l'effet lumineux et la légèreté des ombres. Ses tendances
pouvaient déjà être entrevues lorsqu'il exposait, en 1877, la Communion
à la Trinité, ce grand tableau clair, d'un effet si juste, que le Musée de
Dijon a prêté à l'Exposition centennale ; mais ce n'était là qu'un
commencement: les ressources du talent de M. Gervex ont paru plus
évidentes lorsqu'il s'est attaqué au redoutable et charmant problème
de la nudité féminine. L'exposition décennale s'est enrichie de deux
tableaux célèbres, la Femme au masque et Holla. Pour l'étude de la
modernité, ce sont deux pièces importantes et elles resteront au
dossier de l'affaire comme des documents significatifs. M. Gervex
n'est pas un descendant de Corrège : il m'a pas, il n'aura jamais
l'accent ferme du peintre de ÏAntiope et ses dessous bien établis : il
 
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