Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0041
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE GRELOT.

JOHN BULL ET LA BLANCHE ALBION.

w^w

La blanche Albion n'est pas sans inquiétude. Les tronçons du mille
pattes incendiaire, du Scolopendre international aux mille anneaux vi-
vaees, quoique rompus et brisés violemment en France, par Tliiers le
Saint-Michel de la situation, courent éperdus par toute l'Europe.

Les peuples et les rois redoutent comme le feu ce dragon aux trois
cent mille bras porteurs de torches, de pétroles et de fusils; c'est à qui
repoussera du pied tous ces tronçons épars, chez lesquels la vie furieuse
persiste.

L'Angleterre seule se demande si les lois qui lient les robustes mains
de John Bull, ne lui ordonnent pas de faire bon accueil à la terrible bête,
lorsqu'elle vient demander abri, guérir ses blessures et renouer ses an-
neaux.

Albion sera-t-elle perfide à elle-même en accueillant cet hôte?

Couvrira-t-elle de son manteau la flamme qui doit, en gratitude de
'hospitalité reçue, incendier ses monuments, ses navires et ses docks '?

That is the question. B.

DRBLIN!... DRELIN!..

POUR UES BESOINS DE LA CAUSE.

àvez-vous remarqué la nouvelle marotte de certains jour-
naux de la décadence, retour de Versailles?

Ils ont tous la même ; on dirait qu'ils se sont donné le mot.

Cette toquade, qui d'ailleurs ne manque pas d'une certaine
perfidie, consiste à faire, par supputation, le décompte des
communeux à Paris.

Voici, à peu de chose près, comment ils opèrent :

« Il y avait, au bas mot, 150,000 socialistes; on en a tué
« arrêté ou déporté 30,000; il reste donc à Paris 100,000 for-,
« çats libérés, prêts à remettre le feu et à faire sauter les
« égouls. Que le gouvernement ouvre l'œil et complète son
« nettoyage. »

Il ne faut pas se le dissimuler ; ce qu'il y a au fond de cette
gracieuse invite à la fusillade, c'est une colique monstre, une
peur atroce I...

Dans leur effarement, ces dénpnciateurs en gros feraient fu-
siller leur père.

Que leur importe que leur alinéa puisse augmenter le nombre
des victimes, celui des veuves et des orphelins!... Ce qu'ils ont
par-dessus tout en vue, c'est la tranquillité de digestion que
l'Empire leur procurait.

Si on les écoutait, on ne tolérerait à Paris que les gens ayant
dix mille francs de rente.

Et, chose curieuse!... consultez la collection de ces mêmes
journaux pendant le second siège de Paris; ils prétendaient
tous que les communeux étaient à peine quatre pelés et un
tondu, qui ne tiendraient pas cinq minutes après l'assaut.

Pour les besoins de la cause, il y a un mois, les fédérés n'é-
taient pas plus de 24.

Pour les besoins de la cause aujourd'hui, ils sont plus
de 180,000.

Arrange cela qui pourra.

L'ABROGATION DES LOIS D'EXIL.

La République me paraît tourner dans un cercle énormé-
ment vicieux en persistant à vouloir dormir les portes ou-
vertes.

Cette confiance lui a déjà joué de mauvais tours. Quand donc
se corrigera-t-elle?

Des gens, — qui d'ailleurs y ont tout intérêt, — s'entêtent
à faire semblanl de considérer la République comme un gou-*
vernement assez fort pour n'avoir rien à redouter des pré-
tendants.

Comme ils la noient dans le miel, les intrigants!... et comme
ils savent bien, les tnenteursl... que notre jeune République
n'en est pas encore là.

Voilà quatorze siècles que nous vivons en monarchie, qua-
torze siècles qu'un républicain ne pouvait montrer le bout de
son nez sans être envoyé à Cayenne.

. La République, elle, n'arrive jamais à l'âge de trois mois
sans avoir dit aux princes prétendants, avec son plus aimable
sourire :

— Mais donnez-vous donc la peine d'entrer!...

Entre nous, vous savez... C'est une belle fille... une brave
fille... mais... encore un peu... bêtasse.

Ça viendra, c'est si jeune !...

QUI CROIT-ON TROMPER?...

M" Picard rend son portefeuille de l'intérieur, on lui donne
le gouvernement de la Banque ; il refuse l'emploi sous le
prétexte qu'il veut rester député, et finalement, M. Thiers lui
répond une lettre des plus aimables, qui se termine par une
promesse d'emploi à courte échéance.

Pourquoi toutes ces cachoteries, pourquoi tous ces mys-
tères? Disons le mot : Pourquoi tous ces petits mensonges?...
car enfin, il est évident pour tout le monde que M0 Picard avait
accepté la Banque, et que s'il y renonce après, ce n'est pas
pour la raison qu'il donne.

Pourquoi chercher à donner au public des explications qu'il
ne peut, vous le savez bien, accepter comme bonnes?

Publiez la vérité ou ne publiez rien du tout.

On nous reproche, — et l'on a raison, — notre indifférence
en matière politique. Est-ce avec de tels moyens que l'on es-
père la combattre? Toujours des dessous de cartes, des petites
intrigues personnelles, des compromis au coin de la chemi-
née, des transactions intimes, etc., etc., et, pour le public,
des formules consacrées, des versions arrangées à l'usage des
profanes.

Quel intérêt veut-on que nous prenions aux affaires de noire
pays, quand on nous en cache les trois quarts et demi?

M" Picard refuse le mercredi un poste qu'il avait évidemment
accepté le mardi. Il y a là une raison, quelle est-elle?

Qu'il ne nous donne pas la vraie, c'est admissible; mais
qu'au moins il ne nous traite pas en jobards, en nous en don-
nant une qui n'est même pas vraisemblable.

Enfin!... elle va être résolue. Hamburger s'en est mêlé. Il
était temps!...

LA QUESTION DES LOYERS.

Voici le projet de loi qu'il vient d'envoyer à l'Assemblée
nationale :

Article unique.

« Le gouvernement, venant de donner l'exemple en mettant
« un terme a la guerre eivile, les propriétaires en remettront
« quatre à leurs locataires. »

Léon ROBERT.

Au risque de passer pour un parfait imbécile, j'avoue qu'il
se trouve dans le projet de budget additionnel de M. Pouyer-
Quertier un paragraphe qui me comble de joie.

Je cite textuellement d'après le Bien Public :

En outre du double décime, de l'impôt sur le sel et sur le
papier, les revenus nouveaux ou développés de la République
française (pardon, M. de Villemessant I) se composeront de :

« Les mesures répressives contre les fraudes commises au
préjudice de l'Etat. ».........10 millions.

Cette façon d'escompter la malhonnêteté humaine et de s'en
faire 10 millions de rente est peut-être ce qu'il y a de plus ori-
ginal parmi les originalités du présent.

Quel métier insensé que celui de gouvernant en général et
de ministre des finances en particulier.

J'entends d'ici M. Pouyer-Quertier faire son rapport :

— La situation est excellente. Nous sommes en progrès sur
les gouvernements passés : nous avons pour quatre millions
de filous en plus !

Et si les récents exemples allaient corriger quelques-uns. Si
la filouterie tendait à disparaître de nos mœurs, si l'on renon-
çait à frauder l'Étal? Quel désastre !

Et si quelque filou paradoxal tenait au ministre le discours
suivant :

— Vous m'infligez une amende de cent mille francs pour
fraudes envers l'État? Vous êtes dans votre tort. Certainement,
j'ai fraudé l'État, mais c'est une habitude. Si bien que vous
avez escompté ma façon de faire les affaires pour au moins un
million. Vous m'avouerez que je vous eusse surtout fraudé
en ne vous fraudant pas; mais en vous fraudant, je ne vous
fraude plus. Donc, pourquoi l'amende?

O économie politique!

Le GRINCHEUX.

LA CONSULTATION

La France est là, affaiblie par de longues souffrances, ma-
lade encore, mais moins dangereusement, ne demandant qu'à
guérir vite, qu'à ressaisir la vie qui allait lui échapper.

De temps en temps, une plainte sourde lui est arrachée par
la faiblesse et la fatigue. La malade ferme les yeux à la lumière
du jour, qui la blesse encore.

Autour de son. lit de douleur se tiennent quatre médecins :

Le docteur TiiieuS,
Le docteur d'Aumale,
Le docteur Chajibokb,
Le docteur Bonaparte.

Molière se fût écrié :

— Voilà une malade condamnée à mort!

Mais nous avons foi en la médecine. Et malgré Molière!

Le docteur Thiers, qui a soigné la malade alors qu'elle était
le plus dangereusement atteinte et lui a sauvé la vie, s'adresse
ainsi à ses doctes collègues :

— Vous voyez qu'elle va mieux ? La fièvre diminue. Le délire
a disparu. Elle ne parle plus de socialisme, ni de communisme,
ni de guerre à outrance, ni de république rouge, ni de tout

ffik

abolir, ni de tout détruire. J'ai pratiqué de'terrible
et administré des purges irrésistibles. La raison re,i!n!"i
est sauvée. Le reste du corps va se remettre peu i ''
jambes sont eneore un peu paralysées ; j'attribue ce! ^' **
prussien. Le mécanisme intérieur ng fonctionne pas * *" "lil
gulièrement; la digestion est toujours difficile QuelnT01**!
sont loin d'être cicatrisées, mais elles ne sont plus m^*0'
La convalescence sera lente, mais je réponds de la rmT'l"*'
pourvu qu'on me laisse faire ! ™'ade».

■ Le docteur Bonaparte se tortille les moustaches et repli

— Pourvu qu'on vous laisse faire ! Mais là est précissl"'1
danger. Vous ne connaissez pas, comme moi, letenJ
ment de la malade. Je suis le médecin de la famille
n'êtes qu'un intrus. On m'a mis à la porte, c'est vrai m '""
ne pouvait être qu'un malentendu. La France est ma ml?
entendez-vous? J'aime mieux la voir mourir entre me h
que de la savoir guérie par vous ! b ls

Le docteur Chambord interrompt :

-Vous vous arrogez là, M. le docteur Bonaparte, un ,],,:,
bien singulier. Le médecin de la famille, c'est moi, et moi s
Moi seul puis panser ses plaies, guérir ses maux. Ken lev.1
ainsi ! Dieu et Jésus ! m

(Il fait le signe de la croix).

— Vos prétendus droits n'ont rien à voir ici, s'écrie le dot
teur d'Aumale, ce sont des remèdes qu'il faut trouver ! ' 1

— C'est cela, messieurs mes collègues,'ajoute le docteur
Thiers, laissons de côté les questions personnelles et ne m»,
fâchons pas. C'est de la France qu'il s'agit; c'est la France
qu'il faut sauver. Cherchons-en les moyens ensemble. L
ne nous disputons pas pendant qu'elle souffre !...

Tous :

— Cherchons ! ; .

,,|A«*'



Ba«

ilel»

: S»

oiioos:



purges a

SW

-tous II

«4M

Sïr'îl-^*

Pendant a|
loureœ.

ils écrivent.1?

LE DOCI

1

LE DOCTEUR CHAMUOR1).

Il faut d'abord déterminer les causes du mal. Elles sont nom.
breuses:

Un scepticisme négligé et devenu chronique ; un refroidis!
ment de foi monarchique. Abus de toutes sortes : luxure, mu!
gnerie et le reste. Changements de régime trop fréquents et trop Vous soultrez davantage

subits : la liberté de manger de tout, par exemple, succédant
à une diète de vingt ans. De là indigestion, fièvre clubolde,
communiole, rougeole, folie furieuse, paralysie de plusieurs
membres, affaissement.

Qu'on passe la pierre infernale sur le scepticisme misa mr
qu'on réchauffe la foi monarchique par tous les moyens et
qu'on applique à la malade, doucement, sans transition brus.
que, un régime invariable et proportionné à ses forces. Je nie
charge de la remettre sur pieds.

Oui...

UJBOCMIHCHUBM

Peut-on apporter un ion»
fronces!

LE DOCTEUR BONAPARTE.

Messieurs, je crois rêver. Des moyens doux! Allons .donc! r
La médecine noire. De l'émétique, des douches, des ;amputa-
tions ! Il faut tailler dans. le vif, brûler, couper, extirper! 11 \
faut inventer au besoin quelque merveilleux élixir et ranimer
la moribonde — ne fùt-ee que pour quelques années. Qu'im-
porte la malade ! Pensons au médecin jl'abord. Vous voulez un
régime ? Moi aussi. Un régime militaire, pas d'autre. Je reviens
à la diète intellectuelle — que dis-je? Je la complète. Mais je
lui permets de se distraire, j'encourage ses plaisirs, j'exciteses
passions, je l'énervé et au moment de la crise : des douchesI i

LE DOCTEUR D'AUMALE.

Des douches, soit ! mais aussi des réconfortants et des forli- f
liants. Ni trop de viande saignante, ni trop de poisson. Un juste I
milieu en tout. Des bains d'eau sucrée. Ce qui manque à la ,
France, c'est un médecin prévoyant qui combatte le mal avant j
sa naissance. C'est ce médecin que je voudrais être.

LE DOCTEUR T1IIER8.

Permettez-moi de ne point partager vos avis, messieurs mes
collègues. Le plus difficile est fait. Ce qu'il faut, maintenant, à
notre patient, c'est du calme, du repos. Du repos surtout. U
moins de drogues possibles et les forées reviendront.

LE DOCTEUR HONAPARTE.

Résumons-nous et formulons nos ordonnances.

Lequel?
Allez-vous en !

La réponse est dure, mais
consultations, sinon gare a li

Les trois docteurs se retir
niellent de revenir.

Le docteur Thiers reste, 1
sant à la France ;

- Allons, dorme! encore

i, murmure
que je ne me porterai tout;
plus de médecins !

'■Sïffift

Formulons !

TOUS.

ORDONNANCE N» 1.

-------» "mueras,

-Tous nos dénués „ „

«s usons j, !,„,

p?"t!'*«'>»onclH
11 ««s disons. 8

~ Ami lecieup .„•

wi voici du

JETTES

m

PA

Continuer pendant quelque temps encore le régime inauguré fU
moi.
Se gargariser le malin avec des discours dont voici la formé' '

Eau de malice.......... 200 gr.

Teinture de libéralisme... ' 20

Extrait de clarté........ 4S0

Mêler et agiter avant l'emploi.

Se frictionner, malin et soir, avec du Heaume Tranqnille.

Beaucoup d'exercice.

Calmant-Simon — à petites doses : une cuillère d café avant In
repas.

Se bassiner le front avec de l'acide-Barascul liquide.

Elire des candidats républicains, quoique modérés, aux: pro-
chaines élections.

Docteur THIERS.

J. FAVR
Effort *s*

'•ter
Premier elet

<5îl

*m
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen