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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0082
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LE GRELOT.

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sollicitent de lai le ruban rouge qu'ils veuillent bien au moins

appuyer leur demande sur des faits sérieux.

' Il est étonnant, M. le ministre ! Quand on lui écrit :

« Excellence,
« Empêché par un compère Loriot de paraître au combat
de../où j'aurais eu l'occasion de déployer ma valeur, il me
semble que la croix ne serait pour moi qu'une faible compen-
sation... etc. »
Oui M. le minisire est étonnant; quand on lui écrit cela :
— Allons, bon! s'écrie-t-il, encore un qui n'est pas sérieux!
Mais, brave ministre, voyons, la main sur la conscience, est-
ce qu'une demande de croix peut être jamais sérieuse?

Si l'on était sérieux, on se demanderait d'abord comment il
se fait que ce soit le ministre de l'intérieur qui distribue les
croix militaires,
ta réponse, du reste, serait facile :

Si M. le ministre do l'intérieur est préposé aux décorations
militaires, c'est justement parce que les faits qui peuvent les
motiver ne sont pas de sa compétence.

Du moment qu'il s'occbpc d'une chose qu'il n'est pas apte à
juger, M. le ministre est bien bon de s'apercevoir que ceux
qui lui demandent la croix ne la méritent pas.

A sa place, je décorerais tout le monde indistinctement,
plutôt deux fois qu'une et plutôt trois fois que deux.

Ma plus douce joie serait même de recevoir une lettre ainsi
conçue :

<j Monsieur le ministre,
o Désireux de né pas être confondu avec MM. les locataires,
le vous serais obligé de me dédécorer tout de suite. »
« Thijiothée, concierge. »

En efîcl, l'art du ministre de l'avenir ne doit plus consister
à se faire demander des croix, mais bien à se les faire ren-
voyer.

Voilà ce que M. le ministre actuel ne comprend pas.

11 est vrai que MM. les gardes nationaux croient bien témoi-
gner de leurs sentiments démocratiques en prodiguant les ru-
bans de toutes couleurs à leurs boutonnières.

Puisque tlolis en sommes au chapitre des gardes nationaux,
M. FrUdhomme sera-t-il dépossédé de ce képi qui a été le
plus beau jour de sa vie ?

C'est un dés vingt ou vingt-cinq points d'interrogation qui
se dressent en ce moment autour de nous.

Pour ma part, au risque de me faire conspuer, je déclare
que toutes mes sympathies sont acquises au licenciement de la
garde nationale.

Je sais bien qu'il est dur, après avoir fait l'acquisition d'un
ceinturon et d'un passe-montagne; s'être fendu de bottes de
rempart, d'un bidon de rempart, de gants de rempart, d'un 1
gilet de rempart, d'un sac de rempart et d'un couteau de rem-
part, je sais bien qu'il est dur de rentrer tout à fait dans le
civil; niais c'est un grand sacrifice à faire sur l'autel de la
patrie.

Du reste, j'ai remarqué qu'au point de vue économique, le
Bidon de rempart peut jouer un rôle très-utile dans les parties
de campagne et que les bottes de rempart ne sont nullement
rebelles au service dans la vie privée.

Vous allez me dire que je n'élève pas la question.

Soit, prenons-la de très-haut, des tours Notre-Dame, si vous
voulez.

À quoi sert là garde nationale?

Ahi je vous vois déjà rire, vous, monsieur; oui, vous qui
avez encore l'œil éveillé, malgré votre ventre imposant. •

Elle vous a joliment servi à vous, cette vieille et noble insti-
tution.

Hein? vos billets de garde !

En âvez-vous abusé près d'une épouse trop confiante?

§ue de plaisirs illicites la garde nationale ne vous a-t-elle pas
procurés!

Aussi, comme vous réclamiez sous l'empire l'honneur de ser-
vir parmi les défenseurs de l'ordre !

Gâchez-vous, gros impudique. Ce n'est pas à vous, c'est aux
gardes nationaux sérieux que je m'adresse.

Ceux-là pendant le siège ont mené une vie de cheval.

A sept heures du matin, ils commençaient l'exercice, et à
l'heure du déjeuner ils avaient déjà Monté trois gardes, fait
cinq perquisitions, escorté un convoi d'armes, rendu la justice
sur plusieurs marchés, conduit un ivrogne au poste, ordonné
la fermeture de deux cafés, saisi force marchandises, et arrêté
quatre espions prussiens.

Je pense que ceux qui menaient cette vic-là pouvaient s'en
contenter momentanément, — vu les circonstances exception-
nelles, — mais qu'ils ne seraient nullement disposés à en faire
leur ordinaire.

Si je me trompais et qu'ils eussent envie de continuer ce ré-
gime, il serait plus simple pour eux de suivre leur vocation
véritable en s'enrôlant dans le corps des gardiens de la sécu-
rité publique.

Chacun son métier.

A ceux que l'État rétribue pour cela de faire la police de la
ville; les autres n'ont pas de meilleur moyen de travailler à la
prospérité générale que de faire prospérer leur petit com-
merce.

( Quand un notaire conduit un ivrogne au poste, son étude
s en ressent ; pendant qu'un charbonnier rend la justice au
coin d'une rue, il n'y a personne chez lui pour servir la pra-
tique qui s'impatiente.

J'en reviens à ma question :

A quoi sert la garde nationale?

Le fait est que les mille et une sauces où nous l'avons vu
mettre pendant le siège ne lui conviennent guère*

Je sais ce que vous allez me tiire : que c'est bien votre avis,
que la garde nationale n'est pas en effet d'essence policière,
qu'elle est d'essence poli...tique.

Politique ! Ah I voilà le grand mot lâché !
C'est une arme, dit-on, contre les égarements du pouvoir.
Soit.

Si le pouvoir était tout seul opposé à la garde nationale, rien
de mieux.

Malheureusement, comme il est impossible que tout le
monde soit du môme avis, quand le pouvoir fait une bêtise aux
yeux d'une partie des citoyens, il se trouve que c'est un acte
très-intelligent aux yeux des autres.

De là il advient que si la partie mécontente des citoyens di-
rige ses fusils contre le pouvoir, la partie satisfaite dirige aus-
sitôt les siens dans le sens opposé pour le défendre.

Et les gardes nationaux de se canarder entre eux, ce qui ne
peut être évidemment le but de l'institution.

Et quand ils se sont hien canardés, sont-ils au moins plus
avancés qu'auparavant?
Pas du tout.

A quoi sert donc la garde nationale ?

A remplacer dans les mains des citoyens le bulletin de vote,
une arme intelligente et qui ne fait pas de mal, — par la balle,
— qui ne sert à rien, mais qui fait des trous dans la tête et dans
l'estomac.
J'ai dit.

CHUT.

------------.ocâ^j-ÎSX^^îs^^,------------

La haute vie parisienne a, depuis deux ans, trouve son historien. C'est
M.Arsène Houssaye. H a commencé par les Grandes Dames, il a continué
par les Parisiennes, deux des plus grands succès depuis les Mystères de
Paris. Entin, les Courtisanes du monde viennent de paraître. Ces romans,
étudiés sur le vif, où plus d'une page hasardée prouve que ce ne sont pas
là des feuillets de la morale en action, sont pourtant l'histoire intime du
Paris nouveau. La preuve que c'est l'histoire vraie, c'est la curiosité qu'ils
excitent'. Comme a dit M.Paul dé Sain t.-Victor, «le monde du luxe et du
plaisir y a reconnu ses Mémoires; les femmes y vont, comme au bal de
l'Opéra, reconnaître les visages cachés sous les masques, et mettre des
noms sur les pseudonymes transparents.{J'imagine qu'un jour ou l'autre
on donnera une clef plus ou moins précise de ce labyrinthe galant. » 1-e
titre seul des Courtisanes dit monde indique bien à quel ordre de femmes
le romancier s'est altaquécette fois. S'il frappe juste, combien d'ennemies!

GRELOTS,

Un fédéré convaincu de la solidité du gouvernement insurrectionnel
qu'il défendait — en paroles — disait: « Quand la Commune tombera, il
fera chaud. »

— C'est probablement des incendies qu'il voulait parler.

Pour la Commune,les pétroleuses étaient tout feu, tout flammes.

Ou dit le sieur de Bismark très-matinal.

11 se lève sur la pointe du jour.

J'aimerais mieux le voir assis sur la pointe d'un paratonnerre.

Les avocats ont pour habitude de s'identifier avec l'accusé qu'ils dé-
fendent. Ils entrent, comme on dit, dans la peau du bonhomme.

C'est possible pour quelques-uns d'entre les prévenus de Versailles,
mais lorsque l'on a à défendre Ferré comment faire? Là, le-bonhomme
manque complètement ; il n'y a en Ferré qu'un très-mauvais monsieur.

En faisant prisonnier Napoléon III, qui n'est que le pâle, très-pâle re-
flet de son oncle, Guillaume a pris la lune impériale avec Sedan.

Courbet, tremblant pour son proeès,

S'avachit et se déboulonne;

Cet ennemi de la colonne

N'a pas l'air lier — d'être Français.

-œgo9=-

Le I a août est la fête de toutes les personnes qui se nomment « Marie; »
c'est aussi la fêle de Napoléon Louis, sans doute parce qu'il est — mari
— de l'ex-Impératrice.

-=êog=—

L'année dernière j'avais préparé, pour le 15 août, une cantate qui de-
vait être chantée, dans une scène allégorique, par un personnage appelé
Plébiscite, et qui n'était autre que Napoléon III lui-même ; les événe-
ments m'ont empêché de publier cette pièce : néanmoins voici la chose.
Elle a un an de date; mais qu'importe? les chefs-d'œuvre n'ont pas
d'âge :

Moi je dis oui,
Hier, demain comme aujourd'hui,
Epanoui,
Moi, je dis oui.

« Jurez-vous à la République
« Éternelle fidélité ? »
Crie un jour chaque député
Trouvant taux mon regard oblique.
Moi, je dis oui, etc.

Tout au fond de ma conscience
Je repoussais le coup d'Etat;
Ma clique, à bout de patience,
Désira bâcler l'attentat.
Moi, je dis oui, etc.

« Car, enfin, qu'est-ce qui nous manque?
« Fit-elle, de l'or, n'est-ce pas?
« Donc, allons vite de ce pas
o Vider les caves de la Banque. »
Moi, je dis oui, etc.

Et tous les soudards de me dire :
« 11 nous faut un homme qui ment:
« Foulez aux pieds votre serment,
« Et replâtrez-nous un empire. »
Moi, je dis oui, etc.

L'un d'entre eux vint; autre musique.
C'était un duc intelligent :
« Faisons, pour sauver mon argent,
« La guerre contre le Mexique. »
Moi, je dis'oui, etc.

Au lieu d'un amour éphémère,
Je dus lâter du com'ungo.
L'héritière d'un hidalgo
Me fit aller devant le maire
Où je dis oui, etc.

Sous mon règne, quand un ministre
Dressait un projet libéral,
Je le biffais comme immoral ; .
Si c'était un projet sinistre
Je disais oui, etc.

Ayant du courage à revendre,
Au front des troupes je me mis,
Quand à Sedan les ennemis
Me crièrent : « Tu vas te rendre ! »
Moi, je dis oui, etc. B

Maintenant, repoussé du monde,
La voix de l'histoire me dit :
« Prince, par les hommes maudit,
« Tu n'es qu'un baladin immonde. »

Moi, je dis oui,
Hier, demain, comme aujourd'hui,

Épanoui,

Moi, je dis Oui.

Depuis quelque temps on ressent, en Californie, des secousses do
tremblement de terre.

Comme certains receleurs, le sol de ce pays cache de l'or, et, comme
eux, craignant sans doute d'être fouillé, — il tremble.

Les fédérés aimaient surtout à toucher leurs trente sous. C'étaient des
braves qui ne demandaient que la paie.

Les fusils prussiens ne sontqpas si supérieurs qu'on veut bien le dire •
on a passablement brodé avec leur .aiguille.

La pièce intitulée la Chatte blanche, jouée à la Gaîté; est tout uniment
slupide; il n'y a de saillies, par-ci par-là, que dans le corset de quelques
figurantes.

-MgO§>-

Rue Notre-Dame-de-Nazaretli, près la rue du Temple, on lit sur une
grande affiche très-ostensible :

Placement des deux sexes.
l'as de commentaires, — n'est ce pas?

La commission de salubrité publique fait jeter du chiure au pied de la
butte Montmartre.
Et cela, naturellement, parce que la butte sent mauvais du pied.

Dans le récit des incendies, l'on voit souvent revenir cette formule : « La
flamme léchait les murs; le feu a tout dévoré. »

Cette manière de parler me fait toujours penser à un bébé qui déjeune :
il commence par lécher ses confitures et finit par dévorer toute sa tar-
tine.

/ Il y a certains bruits inavouables qui ne sont pas des bruits sans fon-
dements.

Un négociant, nouveau dans les affaires, causait économie commer-
ciale avec un autre, mais au point de vue de sa petite boutique,

— Ce que je voudrais, disait-il, cS n'est pas une recette extraordinaire
de temps en temps, mais un bon courant.

— Si vous voulez un courant, dit l'autre, établissez-vous au milieu de
la rivière.

Lorsqu'il fait chaud, au lieu de se faire couper les cheveux on devrait
J porter une perruque à frimas.

—=âo§>~
Pensées d'un fou.
Le célèbre mathématicien Lagrange est mort d'un calcul dans la vessie
qu'il n'a jamais pu résoudre.

Le jour de la saint Barthélémy, Charles IX, en tirant des coups d'ar-
quebuse dans la Seine, tue un Goujon — Jean de son petit nom et sculp-
teur de son état.

Des peintres de paysages ce n'est plus le Poussin qui est le coq.

Le dîner qu'on prit estdû ;

Mais l'usage stable
Ne veut pas qu'il soit rendu

En sortant de table.

TK1 BOULET.

Paris. — Edouard BLOT, imprimeur, rue Bleue. 7.
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