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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0121
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LS GRBLOT.

L/V SAISIE DU GRELOT

LE MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. — M. OERRIEN

On a saisi le dernier Grelot, Les agents du ge'néral Valen-
tin se sont rués sur nos exemplaires avec une ardeur qui
rappelait d'autres temps. On a fouillé les kiosques, fouillé
les librairies et l'imprimerie du Grelot, et les bureaux du
Grelot.

Pourquoi lant de rigueur?

I,e Grelot attaquait-il le Président de la. République, un
membre du gouvernement, un fonctionnaire quelconque,
l'ordre , la religion , la famille ,. les mœurs ? Appelait-il
M. Thiers petit intrigant, et M.- Jules Simon coinnui-
neux—comme ces messieurs àaY Ordre, au Pays, de l'Avenir
libéral ne manquent jamais de le faire?

Non. Le Grefoeestun journal indépendant; c'est dire qu'il
n'est pas un journal de parti et qu'il n'est pas pressé d'en
finir avec le provisoire. Il n'est l'ennemi systématique ni le
courlisan de personne.

Mais son dernier dessin représentait la commission d'en-
quête ayant emprunté à la justice son illusoire balance
pourpeser les capitulations fameuses deladernièreguerre:
d'un côté Sedan et Metz.de l'autre; le Nord, les Vosges,
Nuits, Strasbourg, Belfort, Paris. Sedan et Metz l'empor-
taient. Strasbourg à demi brûlé, Paris affamé et bombardé,
Belfort d'où la garnison sortit avec les honneurs de la
guerre, étaient moins lourds dans la balance que Sedan li-
vré sans combat, que Metz trahi au profit d'une politique
tortueuse.' .

Ce n'était pas 4e la caricature, c'était de l'histoire,

Mais de l'histoire, anti-bonapartiste.

C'est pourquoi nous avons été l'objet d'une saisie.

Et ne croyez pas rêver en lisant ces lignes.

M. Piétri a cessé d'être préfet de p,olice, M. Forcade de la
Roquette aquilté le ministère d$ ^'intérieur, ou plutôt le
ministère de l'intérieur a quitté S|. Fwçade delà Roquette,
M. Rouher n'est plus qu'un candidat corse, et cependant il
est expressément défendu, — soi\s peine de saisie, — d'at-
taquer, de caricaturiser les Bonaparte !

Il faut que M. Casimir Périer, ministre de l'intérieur, sa-
che bien ceci :

Ala tête d'un service important de son ministère, àla tête de
la division de la Presse se trouve un. fonctionnaire, ancien
serviteur du gouvernement déclmj qui ne veut pas qu'on
attaque ce gouvernement.

Ge fonctionnaire se nomme Derrien.

lies derniers jours de l'empire virent M. Derrien sous-
chef au bureau de la Presse. Dse hautes protections —
M. Derrien était très-proche parent de M. Billault — n'a-
vaient pu le pousser davantage. Il n'était que sous-chef/de
bureau, ce qui déjà semblait uns é,ponnité.

Le soir du i septembre, M. Derrien formula un sem-
blant de démission qu'il présenta à M. Laurier, -r- mais si
piteusement ou si adroitement que çalui-çi le pria de con-
server sa place.

Le serviteur de l'empire ne dédaigna pas de servir la Ré-
publique. A ce momentdà, d'ailleurs, on avait d'excellents
prétextes tout faits pour justifier ces trahisons :

— Ce n'était pas la République qu'on servait, niais la
France I

M. Derrien resta donc au ministère; il fit mieux, il sut
éluder « les ennuis » du siège de Paris pour accompagner
à Tours la délégation de l'intérieur.

Ce fut là que Gambetta le remarqua.

Gambetta avait connu au Rat-Moçt, où il allait quelque-
fois, M. Derrien qui y allait souvent.

Il s'étonna de le trouver occupant une place au minis-
tère — comme si rien n'était changé dans ie pays.

Et il le mit à la porte.

*
* *

Que faire 1

Comment continuer à servir la France"!

11 y avait un moyen excellent :

S'enrôler dans le premier régiment de marche venu et
faire la guerre aux Prussiens,

M. Beifïien. préféra se sauver à Bruxelles.

Il y fltjjjyec les francs-fileurs du Gaulois.^ la campagne
bonapartisme que vous savez; crachant sur la République,
insultant Qanibetta et M. Tliiers qui avait entrepris son
patriotique voyage à travers les cours d'Europe.

Les quelques rédacteurs du Gaulois, échappés de Metz et
de Sedan, qui se trouvaient alors à Bruxelles refusèrent
d'écrire dans un journal o,ù M. Derrien rédigeait le bulletin
politique et donnèrent leur démission.

La paix fut conclue. M. Derrien rentra en France.

Et comme il n'avait en rien servi son pays, comme il s'é-
tait montré hostile au gouvernement de la République et
l'ami du gouvernement déchu, comme il avait été à Tours
pendant qu'on mourrait de faim à Paris, et à Bruxelles
pendant qu'on se battait sur la Loire, le gouvernement de

la République le réinstalla au ministère de l'intérieur— le
faisant monter en grade. De sous-chef de bureau, il passa
chef de division. On no pouvait guère faire davantage.

C'est le M. Derrien que je viens de présenter à nos lec-
teurs, qui juge —en dernier ressort — si les dessins du
Grelot peuvent ou ne peuvent qas être livrés à la publicité.

Or, tout dernièrement,—je continnue à solliciter l'at-
tention de M. le minisire — tout dernièrement, l'un de
nos dessinateurs et le chef de notre administration allèrent
précisément demander à M. Derrien l'autorisation de pu-
blier un dessin qui soulevait des difficultés parce qu'il re-
présentait le roi de Prusse— et qu'il est défendu de repré-
senter le roi de Prusse autrement que le front couronné
d'une auréole.

Pour remplacer, au besoin, ce dessin, on en soumettait
un autre — un Napoléon III dans je ne sais quel accoutre-
ment.

M. Derrien répondit textuellement ceci :

— Je ne veux pas que vous continuiez à insulter l'Empereur. —
L'Empereur, voyez-vous, est encore très-populaire; il y a une

RÉACTION FORMIDABLE EN SA FAVEUR, MÊME A PARIS. — NOUS RE-
CEVONS TOUS LES JOOiiS DES LETTRES D'OUVRIERS QUI
NOUS REPROCHENT DE. LE LAISSER ATTAQUER AINSI.
D'AILLEURS TOUS LES GOUVERNEMENTS SONT SOLI-
DAIRES.

Il va sans dire que ce dessin n'avait rien de commun avec
ces ignobles caricatures qu'on vendait dans Paris au lende-
main du k septembre ; c'était une caricature politique, telle
que les journaux anglais et autres en publient tous les
jours.

Notre administrateur se récria.

— Mais, dit-il, en vérité.,, nqus ne savons plus que faire.
Vous nous interdisez tous les sujets. Je sais que M. Paul de
Cassagnao a l'intention de fonder une espèce de Grelot bo-
napartiste, et je me demande comment il s'en tirera.

— 0,h 1 répliqua M. Derrien, M. de Cassagnao est un char-
mant garçon. Pourvu qu'il ne s'occupe pas de M. Thiers, je
lui laisserai faire tout ce qu'il voudra.

Qn se sépara sur ces bonnes paroles — que je garantis.

Ceci peut-il durer ?

Les journaux illustrés peuvent-ils rester soumis à un ré-
gime ou le premier venu peut dicter ses lois?

Aujourd'hui, le chef de la division de la presse est bona-
partiste; il peut être orléaniste demain et pencher après-
demain pour la légitimité. En ce cas, que deviendrons-
nous?

Nous avons déposé dix-huit mille francs au Trésor pour
pouvoir parler politique. 11 nous est donc difficile de publier
des dessins représentant mademoiselle Hisson souffletant
M. Joqvin ou tout autre sujet du même genre.

Il nous est non moins difficile de recommencer dans
cha.que numéro l'apothéose de M. Thiers.

11 nous est impossible enfin de montrer Bonaparte gagnant
la bataille de Sedan et l'empereur Guillaume mettant son
ép.ée aux pieds de Napoléon 111.

Mais comment contenter M. Derrien?

Comment éviter les interdictions et les saisies ?

M. le Ministre de l'intérieur daignera-t-il nous répondre?

Le Grelot n'a jamais fait et ne fera jamais de dessin que
la loi pourraitcandamner. On devraitdonese montrer moins
sévère à son égard. D'autant plus — nous sommes fâchés
d'avoir à le rappeler — qu'il a rendu au gouvernement de
M. Thiers des services qui comptent.

Alors que la Commune terrorisait Paris, alors que tout
jour nouveau vit supprimer de nouveaux journaux, les
rédacteurs du Grelot, bravant la Commune, risquant leur
liberté et plus peut-être, combattaient sans relâche les gro-
tesques sinistres de l'Hôtel de Ville.

On ne les remercia point ; ils n'ont pas demandé de re-
mercîments,

Mais ce n'est pas une raison pour saisir leur journal !
Le Rédacteur en chef Grelot,

Arnold MORTIER.

^<=&^TT"?K2GÇîrir;5^teo-

Nous demandons ■— et nous croyons à l'approbation de tous
les journaux illustrés — qu'une commission soit chargée, au
ministère de l'intérieur, de l'examen des dessins.

La censure — puisque censure il y a — ne doil pas subir
l'influence de sentiments ou de ressentiments personnels.

Il se pourrait, par exemple, que M.. Derrien, peu satisfait
de l'article qui précède, refusât désormais toutes les ca rica-
tures que lui soumettra notre administration.

Ce qu'il nous faut, ce que nous avons le droit d'exiger, ce

sont DES GARANTIES.

On accusait ajuste raison le gouvernement déchu de favori-
ser toutes les publications démoralisatrices.

Les agents de la République ne veulent pas laissera l'empire
cette spécialité.

Pendant qu'on saisit le Grelot, on autorise la vente die livrai-
sons libertines, ornées de dessins obscènes, ta censure n'a
raison d'êire que lorsqu'elle empêche les obscénités de se
produire en plein jour, mais elle ferme les yeux et se rattrape
sur la politique.

CE QUI POUVAIT ARRIVER!

Enfin, le prince s'est embarqué. Je respire

Quant on sait à quoi il a tenu que le prince ne s'ernbarm,,,
pas, et a ce qui nous pendait au nez s'il ne s'était nasfmh ll
que bien vite, on en est encore tout tremblant u,1Dar-

Ileareusement, l'hôtelier, qui le conduisait à sa chambre '

P'est ce qui noa,;

puis

,isl«

u0

Marseille, était porteur d'une lanterne
sauvés.

Toujours les petites causes et les grands effets!

La lumière de la lanterne, en frappant sur l'ausuqf»
geur, découpa son ombre sur le mur. Il vit cette omh ™ya"
bile s'engouffrer devant lui dans la chambre qu'on lui 1™°"
tmait... La peur le prit, et il s'enfuit jusqu'au bout ri, ™'•"
dor; mais la coquine d'ombre était sortie de la rh\m ""
après lui. u"njrJre

Alors il prit ses jambes à son cou pour ne les en délach»,
qu'à bord du bâtiment qui devait le conduire en Corse
k C'est ainsi que nous avons échappé aiix plus grands mal-
Comment cela? direz-vous.

Je m'explique :

Si le prince n'avait pas eu, au moment de s» coucher .•
grand'peur de son ombre, il aurait eu le lendemain matin 'Il
se réveillant, bien plus peur encore à l'idée que son arrivée
en Corse pouvait être saluée par quelques coups de fusils

De là à renoncer à voir le pays d'élections de M Mouner
il n'y avait que le temps d'une volte-face.

Naturellement, le prince faisait aussitôt recéder à perle m
billet de première classe pour Ajaccio.

Jusque-là, rien d'étonnant encore; il n'y avait pas lien nom
le pays de s'émouvoir outre mesure.

Mais voilà le chiendent!

Il paraît que le prince est né sous la constellation du Can
cer, autrement dite de l'écrevisse.

Or, tout le monde sait que ceux qui naissent sous ce si»ne
sont atteints-d'un goût violent pour les voyages.

Et oe goût, est tellement développé dans la personne au
héros de Malakoff — et autres lieux — qu'il a dégénéré chez
lui en une péngrinite aiguë qui l'empêche de rester assis plus
de quatre heures dans le même endroit.

Le prince n'est d'ailleurs pas homme à se retenir quand il
s^'agit de satisfaire le besoin de locometion qui le tourmente.
Capable de renoncer à explorer la belle Corse,si elle offre des
dangers, mais non point à s'égarer dans d'autres sites, il se
serait, pas plus tard que le lendemain, précipité vers le gui-
chet du chemin de h* de Paris-Lyon.

Seulement, avant de tin. délivrer sa place, la buraliste lui
aurait demandé si son passe-port était visé.

Attention! c'est ici qqe le drame commence.

Sur la sollicitation d'un visa qui lui est adressé, le préfet
des Bouches-du-Rhône. télégraphie au ministre de l'Intérieur
à Versailles : j

Préfet des Bouches-iïit-R&ône à Intérieur,
« Prince Ptouplon demande visa sur passe-port pour Dun-
kerque, Que faire? »

Sur ce, êmation profonde à Versailles.

M. Périer rassemble la commission de permanence; il y a
réunion des ministres, et après vingt-quatre heures de délibé-
ration, on conclut à la superfluité d'aucune mesure restrictive.

Seulement.., An! il y a un seulement! Tout en faisant con-
naître au Préfet des Bonches-du-Rtiône la décision du gouver-
nement, M. le ministre de l'Intérieur télégraphie en même temps
d'une part : ■

« Intérieur à Préfet du Nord.

« Plonpton à Dunkerque. Comme vous, pas malin; envoie
commissaire extraordinaire. Homme très-fort.»

Et d'autre part :

« Intérieur à guerre.

« Diriger tout de suite deux régiments sur Dunkerque en ob-
servation. »

Naturellement le prince, qu'un retard de deux jours a mis
sur des charbons ardents, se précipite en chemin de fer et
arrive à Dunkerque à toute vapeur.

Seulement il n'y a pas plus tôt pris son déjeuner qu'il éprouve
le besoin, provoqué par la trop longue rétention de sa pérégn-
nite, de remonter dans un wagon.

Il va à la sous-préfecture de Dunkerque demander un visa
ponr Bayonne.

Émotion générale.

Le sous-préfet en réfère à son préfet qui en réfère à son nu-
! nistre^qui en reréfère àla commission de permanence et au
conseil des ministres.

Pendant ce temps-là, le prince est dans un état de surexci-
tation incroyable.

L'idée que deux régiments l'observent, et que d'un moment
à l'autre il peut entendre le bruit de la trompette, celte idée,
jointe à l'impérieuse nécessité de sa périgrinite, le rend 1 homni
le plus malheureux de l'arrondissement de Dunkerque.

Enfin le télégraphe a parlé :

« Intérieur à Préfet du Nord.

« Laissez le prince évacuer librement. »

« Intérieur à Préfet des Basses-Pi/rénées.

ci Plonplon à Bayonne. Comme vous, pas malin; envoie coin- _
missalre extraordinaire. Homme très-fort. »

o Intérieur à Guerre.

« Diriger tout de suite deux régiments sur Bayonne en obser-
vation, n . .

Le prince arrive à Bayonne, il y dîne. Un moment on espei
qu'il va y coucher. Mais il a eu vent des deux régiment
observation. Et puis sa malheureuse pérégrinite !

Au dessert il a déjà envoyé solliciter un nouveau visa.

Sensation profonde à la sous-préfecture.

« Sous-Préfet à Préfet.

« Prince demande visa pour Monlbéliard. Que faire. »

Le préfet soumet la question au ministre de l'intf"f"^.
la soumet à la commission de permanence et au* ™ , es[
Nouvelle délibération à la suite de laquelle la demanu
, accordée.

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