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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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Gibbon, que voilà, a moins souffert; il est mort, comme
vous, sur le champ de bataille, enlevant ses soldats qui hési-
taient sous une grêle de balles.

« Allons, enfants, a-t-il crié, n'ayez pas peur, je vous servi-
rai de gabion 1 »•

Quelques secondes après, il tombait, et sa brigade culbutait
les Prussiens.

Mais quelles sont ces jeunes ombres qui s'approchent de
nous?

Poulizac. Générai, ce sont des volontaires du siège de Paris.
Celui-ci est Ernest Baroché, tué au Bourget, et dont la mort
glorieuse efface la vie politique de son père. Victor Hugo a
rayé son nom des Châtiments.

Cet autre est Regnault, le (ils du savant, le peintre de la Sa-
lomé, un artiste du plus grand avenir que la'balle d'une brute
allemande a couché sur la terre à Buzenval. Puis Franchetti ,
Rochebrune et moi-même, qui, échappé aux balles prussien-
nes, ai succombé dans Paris devant une barricade.

Celui-là enfin qui cause avec l'acteur Samson et mademoi-
selle Lmilie Dubois, c'est on jeune arliste de la Comédie-
Française qui a eu les deux jambes emportées par un obus. Ses
derniers moments ont été adoucis par les soins touchants de
ses camarades : Elmire, Dorine, Lucinde, Isabelle n'ont pas
quille ce lit de souffrance, et c'est l'une d'elles qui, souriant
dans ses larmes, a attaché sur la chemise du malade cette
pauvre petite eroix qu'il avait si vaillamment gagnée.

Mais tenez, voici venir vers nous un quatuor de finan-
ciers : Millaud, Mirés, gôlar et le banquier Jecker.

Miixaot. Ah ! mon pauvre Mirés, comme nous avons eu tort

«Je nous brouiller! A nous deux, nous aurions soulevé le monde.

Quand je pense à ce que j'ai fait tout seul ; car je n'ai jamais

été aidé; je ne pouvais pas tout faire. Aussi, tu as été trop vif

-avec moi. *

Mirés. Ce n'est pas ma faute ; c'est ma femme qui m'ani-
mait ; elle était horriblcmeBt jalouse de la tienne.

Millaud. Oh! les femmes! quand donc inventera-t-on quel-
que chose pour s'en passer!

Solar. Elles ont pourtant leur bon côté; et si l'on pier son
temps avec elles, au moins c'est agréablement.

Millaud. Peuh ! (A Auber qui regarde la petite, Bozacchi faire
h travail des pointes.) Qu'en pensez-vous, maître? c'est un sujet
où vous êtes expert.

Auber. Elle allait très-bien, cette petite. Quel dommage! je
lui aurais é^crit un divertissement : de Iafermeté, de la grâce,
un jarret d'acier emprisonné dans du velours... Ah! pardon,
monsieur Millaud, vous me demandiez...

Millaud. Si les femmes valent le mal que l'on se donne
pour elles?

Auber. Je ne me suis jamais donné de mal, moi.
Millaud. C'est que vous n'aimiez pas les femmes, alors.

Auber. Au contraire, je les adorais... toutes. Mais j'avais une
maîtresse que je leur, préférais : .c'était la musique, à qui,
dans le cours de mes quatre-vingts ans, je n'ai jamais fait une
infidélité.

Millaud. C'est comme moi alors, ma maîtresse était le jeu.
Tout était pour moi matière à jouer : les affaires, le journa-
lisme, la politique. Lorsqu'une de mes affaires réussissait, cela
m'en dégoûtait de suite; la partie étant finie et gagnée, je ne
m'y intéressais plus. C'est à cela que je mangeais l'argent que
me rapportait le Petit Journal.

Lorsque j'ai été trop malade pour faire des affaires, j'ai joué
au piquet avec Cochinat, mais il n'était pas de force. D'abord,
s'il faut vous l'avouer, je trichais comme Napoléon 1", mais
mieux.

A propos, maître, j'ai à vous témoigner tout mon regret de
n'avoir pas assisté à vos obsèques; j'étais à Arcachon. Ah! si
vous m'aviez imité, la France posséderait encore une de ses
gloires.

Auber. C'est ce que me disait Aimé Maillart il n'y a qu'un
moment; mais vous êtes tous deux dans l'erreur. Le séjour
d'Arcachon m'eût tué plus sûrement que nos deux sièges.

Ce qu'il me fallait à moi, c'était de m'endormir chaque soir
au bruit flatteur d'un excellent orchestre, c'était ma prome-
nade quotidienne au bois, la société de quelques hommes
d'esprit; lorsque je n'ai plus entendu que la Marseillaise ou le
Sire de Fiche-ton-Camp, quand on a eu dépouillé le bois de
Boulogne et que les obus sont tombés aux Champs-Elysées,
lorsque enfin mes amis sont partis pourVersailles et que l'on
a démoli la maison de mon voisin M. Thiers, je me suis dit :
«Mon pauvre Auber, tu as assez vécu, » et j'ai oublié de
vivre.

Al. Flan. C'est comme moi, quand les mobiles m'ont chassé
de chez moi, et que j'ai dû laisser tous mes chers bouquins,
j'ai compris que c'en était bien fini des chansons. Je n'ai rien
dit, j'ai été louer une chambre à l'hôtel,et je me suis endormi
pour ne plus me réveiller, après avoir une dernière fois par-
couru la Clef du caveau.

Mais quel est ce bruit?

Le général Clément Thomas. Ce sont das communards qui
parlent politique.

Raoul Rigault. Oui, nous n'avons été entourés que de traî-
tres, et si j'avais commandé plus tôt le peloton d'exécution, la
Commune était sauvée. Hébert, pardonne-moi, grande ombre,
je ne suis coupable que de faiblesse.

Vermorel. Vous n'étiez qu'un furieux; rendu fou par la lec-
ture des journaux de 93; vous n'aviez pas un grain de sens
politique. Autrement, vous n'eussiez pas laissé avorter le
grand mouvement du 18 mars. Paris était ce jour-là pour la
Commune, mais vous avez tout perdu par votre ignorance, par
votre incapacité et par des violences inutiles; vous avez ef-
frayé quand il fallait séduire ; vous n'étiez que des sots vani-
teux ou des gredins.

Raoul Rigault. Et toi un mouchard.

Vermorel. C'est vite dit, mais la postérité jugera entre
nous deux. Elle dira que j'ai perdu ma fortune,, celle de ma

mère, sacrifié ma liberté et, finalement, donné ma vie pour une
cause que vous aviez trouvé moyen de déshonorer en vous
montrant sous votre véritable jour, sanguinaire et débauché,
prescripteur le matin, et le soir courant les figurantes des Dé-
lassements.

Raoul Bigault (mélancolique)'. Ah! oui, ce fut une faute;.les
Contes de fées... Oswald... il a bien du talent! C'est égal, si j'a-
vais su qu'il fût du Gaulois....

Delescluze. C'est cela, encore un crime inutile. Vous ne se-
rez donc jamais qu'un gamin, citoyen Rigault?

M. Bonjean. Un gamin sinistre.

Raoul Rigault. Tu sais, toi faut pas faire ta têle;quand on a
été à la mairie du X", et qu'on s'est fait nommer sénateur, on
mérite tous les supplices.

Mgr Darboy. Et moi,,mon enfant', que vous avais-je fait
qu'avaient fait le vénérable M. Deguerry?Mgr Surat? les Pè-
res dominicains?

Baoul Rigault. D'abord, pas de familiarité, je ne suis pas
votre enfant, je suis un magistrat; si. je vous ai fait fusiller, c'est
.parce qu'il fallait provoquer la terreur par des exécutions, et
qu'autant valait commencer par des calotins. Au reste, c'est la
faute de Versailles qui n'a pas voulu rendre Blanqui, et da vo-
tre vicaire qui a franc-filé.

Mgr Darboï. QueleTribunaf suprême vous pardonne comme
nous vous pardonnons.

Raoul Rigault. Je m'en moque pas mal! Viens-tu, Mil-
Hère ?

Millière. Oui, car je veux te démontrer que si vous aviez
su l'économie sociale... (exeunt).

Gustave Lambert. Une voile à l'horizon.

Tous. C'est Caron ! [Les ombres se rapprochent de la rive.)

Ah. Dumas. Tiens, c'est vous, mon cher Mérimée?

Mérimée. Moi-même. Mon poids, je crois, ne fera guère
pencher la barque ; quant à vous, je crains bien que le nocher
ne vous demande double passage.

Al. Dumas. Bast! on me disait si léger. Ce que c'est pour-
tant que la gloire, mon pauvre ami; qui nous eût dit que no-
tre mort passerait inaperçue?

Mérimée. N'ayez crainte; nous laissons sur la terre le meil-
leur de nous-mêmes, et vous avez de plus un fils qui se charge
de ne pas laisser oublier votre nom.

Al. Dumas. Je crois bien, il a plus de talent que moi... mais
j'avais du génie..

Ponson du Terrail. Vous n'avez pas de monnaie, Dumas?

Al. Dumas. Je vous ai déjà donné la mienne.

Paul de Rock. Ah ! c'est un mot.

(Sur ces entrefaites, la barque approche et les morts se pressent
pour y entrer.)

Caron. Doucement, ne nous pressons pas, procédons par
ordre, et surtout, vous savez, pas d'argent allemand; j'ai élé
assez volé avec les silbergroschen.

G. FloURENs (avec une lance, un boucliir et un casque Cretois).
Tiens, voilà une drachme; elle est à l'effigie du tyran Othon.

Caron (à Raoul Rigault). Et toi, tu ne payes pas ?

Raoul Rigault. J'ai pas un radis. Veux-tu une prise à la
place, citoyen Caron?

Caron. Non, il me faut de l'argent, ou je te laisse.

Al. Dumas. Prenez-le; je paye pour tout le monde.

Jecker. Mais vous n'avez pas d'argent.

Al. Dumas.'Vous me prêterez un peu de eelui que vous avez
— -'avec Morny.

Caron. Allons, démarrons, nous sommes au complet (Ad
Umonmer). La barre devant. '

Gustave Lambert. Tournez au nord.

Al. Dumas. Vive la France!

UNE OMBRE. .

Les journaux continuent à plaider la cause du Grelot Nous
continuons à mettre leurs appréciations sons les yeux de nos
lecteurs.

LA CENSUBE.

Censure, tu possèdes
Do miraculeux aides
De qui les yeux aigus
Valent Argus.

Mains blanches et peau lisse,
Comme ils font la police,
Comme ils surveillent nos
Affreux journaux !

Oh ! comme, à Quatorze heures,
Ils vont dans les demeures
De l'artiste étourdi
Chercher Midi

Un surtout, — je l'adore.'
Car je me remémore
Avec quel courage il
Arrêta Gill.

Coquelicot dans l'herbe,
Il est lier et superbe.
Vraiment, ce Derien
N'a peur de rien.

Armé du crayon rouge
Il dit : Que nul ne bouge !
Et fait trembler Daumier,
Tout le premier !

Car ce fonctionnaire
Qui lance le tonnerre
Défend avec fureur
Son empereur,

Et la chaise percée
A Sedan ramassée
Est le trône et l'autel
De ce mortel !
(Le Rappel.)

Albert GLATIGNY.

La caricature politique et le GRELOT

C'est une grave queslion que celle rie savoir clans quelles limites les
agents du gouvernement déchu peuvent décemment continuer à lui
donner des marques de sympathie dans l'exercice des fonctions qu'ils ont
conservées. Car toutes les fidélités inébranlables ne se retournent pas avec
la même aisance que celle de M. Imgarde de Lefiemberg, dont le dé-
vouement, en tout pareil au sabre de M. Prud'homme, sera le plus beau
jour de la vie de tous les régimes.

Tout le monde n'est pas susceptible de ces régénérations spontanées
et l'on cite quelques fonctionnaires de l'école Loriquet qui, convaincus
que M. Thiers, n'est que le lieutenant général des armées de Napoléon lit,
et la Bépubliquo un intérim de la régence, continuent leurs services
exclusifs aux maîtres absents, poursuivant, comme aux plus beaux jours
du casse-tête municipal, tout ce qui était délit sous l'empire. Tel, le pré-
fet dont il a été parlé ici-même, et qui s'obstinait à considérer comme
séditieux le cri de : Vive la République !

Tel aussi, s'il en faut croire le Grelot, dont la protestation a ému ww
grande partie de la presse parisienne., serait le censeur actuel des caj#
catures politiques au ministère de l'intérieur.

Très-indulgent aux charges contre les Bourbons ou les d'Orléans, i
laissera volontiers représenter M. de Chambord sous les aspects d'un ton-
neau et M. de Nemours sous la forme d'un casse-noisette; mais îl ne to-
lère pas qu'on fasse à Napoléon 111 autre chose qu'un nez grec.

Pour être sorti de ce programme, le Grelot fut saisi, il y a quinze jours,
et, depuis juste autant de temps il réclame, soutenant, à tort selon moi,
qui crois à l'ironie, qu'un Napoléon 111 glorieux ne serait reconnu de
personne.

Il prétend que, dans un pays qui serait inhabité depuis longtemps si le
ridicule y tuait, vraiment il n'y a aucune raison pour le ménager à ces
ennemis, et que les services rendus à la patrie par la famille impériale ne
lui sont pas une immunité. Il soutient enfin que puisque lui, journal illus-
tré et plaisant par nature, a versé un cautionnement pour traiter les ma-
tières politiques, il les peut prendre par le bout qu'il veut, et n'est nul-
lement condamné à ne les aborder que sous une l'orme identique à celle
du Journal des Débats.

On le voit, c'est la question tout entière du droit de la caricature poli-
tique qu'il aborde, c'est-à-dire une de celles qui intéressent un côté ori-
ginal de l'art français et constituent une partie do son histoire. Un journal
qui a de bonnes raisons pour ne pas aimer les plaisanteries de cette es-
pèce, lui a répondu par un long panégyrique de la censure.

Mettant en présence les deux arts, celui du dessinateur et celui du cenç
seur, il a fait ressortir coiqbien le second surpassait le premier, par la no-
blesse du but, la dignité qu'il comporte et le don d'imagination qu'il ré-
clame. La bureaucratie tout entière a dû se sentir chatouillée jusqu'à
l'âme par le petit morceau qui établit neltement la suprématie de son in-
fluence sur les choses de l'esprit. Place au rond de cuir, petit faquin de
crayon !

J'avoue, qu'en dehors des choses de la morale que l'État a pour mission
de défendre, je ne crois pas que'son devoir soit précisément de réglemen-
ter la plaisanterie en France, d'y doser le rire, d'y répartir le ridicule et
de coiffer de sa protection les têtes de Turc que la gaieté populaire a
choisies. Les droits do Napoléon lit à ce dernier emploi me paraissent
incontestables.

Hélas ! tout le monde sait bien que c'est de peur d'en pleurer qu'on en
rit. En pleurer est assurément permis. — Le pleurer aussi, mais à la con-
dition de le faire discrètement et sans noyer les passants de ses larmes an
point de leur interdire la circulation.

Ceci soit dit pour M. le censeur des caricatures publiques au menislère
de l'intérieur..

(Opinion nationale).

Lddovic HANS.

GRELOTS.

A Versailles, la commission des fumistes succombe sous la besogne.
Il faut dire aussi que pendant la dernière session un grand nombre de
discours sont partis en fumée.

Une taxe est établie sur le papier ; j'en ai deux mains qui ont été frap-
pées. — Ne pas prendre cela, S. V. P. pour un applaudissement.

Calino lit les réflexions saugrenues suivantes à propos de l'impôt visant
es chiens et les chais:

« — Frappera-t-on les gens qui ont du chien dans le ventre?

« — Les actrices dont lé jeu a du chien?

« — Les chanteurs qui ont un chat dansia gorge?.

« — L'ami que ces daines appellent leur petit chien vert?

« — Mademoiselle X... qui en amour est une vraie chatte?

« — Monsieur B... directeur ambigu d'un théâtre populaire, bien
connu pour être un chien?

« — etc. etc. etc.....

—&>&>-

Le mot ambigu, me fait songer au théâtre (le ce nom, où l'on joue avec
succès une pièce dramatique intitulée « l'article 47. » — Le soir de la
première je rencontre au calé du théâtre le critique influent et je lui adresse
celle question: — Est-ce beau?

— C'est Belot — me répondit-il.

La Toussaint, jour des morts. Cette manière de parler m'agace; pour
les morts, il n'y a plus de jour; ils sont hélas! dans une nuit éternelle.

—=8o$>-

Les Bonapartistes ont du toupet. Ils se plaignent de ne point être libres.
Les ingrats! Yen a t-il seulement un d'eux qui soit à Cayenne?

la Galette de France, pur organe de la légitimité a le tort énorme de
publier chaque jour un numéro couvert d'articles réclamant la restaura-
tion d'Henri IV ; afin de se montrer fidèle à la couleur de son drapeau, •
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