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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0153
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LiS GRELOT.

La Rédaction du GRELOT s'étant réunie en séance extraordinaire, a décidé :

D'offrir des etrennes à ses Abonnés et à ses Lecteurs.

En conséquence elle a nais au monde une grande revue de l'année, en cinq actes, "des masses, de tableaux, avec b

divertissements, feux de bengale, dessins par Alfred le Petit, couplets, complaintes, chœurs d'entrée et de sortie Wp ^^ '

... • ' Uie> escrime

solo de piano, >

Qui tiendra huit pages,

Et qui, par faveur spéciale, à l'occasion du Jour de l'an, sera vendue le double, c'est-à-dire vingt centimes.
A samedi, dans tous les kiosques.

P. S. — Les personnes qui ont la détestable habitude de ne pas acheter le GRELOT sont priées de considérer la Tir'
comme une invitation.

LÀ SEMAINE PARISIENNE

BU SANG DE VOYOU

Une nouvelle qui nous vient do Londres a passé inaperçue,
bien qu'elle fût (le nature à bouleverser lojites les idées qu'à
tort ou à raison nous nous faisons de la royauté.

L'état du prince de Galles étant à peu près désespéré, on
s'est livré sur l'auguste malade à une opération peu commune,
mais qui semble avoir admirablement réussi : l'opération de
la transfusion du sang.

Cette opération est fort simple.

Il suffit de prendre à un homme bien portant du sang qu'on
transfuse ensuite dans les veines de l'homme malade.

L'homme auquel on prend ce sang vivace et régénérateur
est naturellement quelque pauvre, robuste voyou, qui n'a que
son sang à vendre, et qui ne se laisse pas prier lorsqu'il s'agit
de faire une bonne affaire.

Mais alors que deviennent les théories des monarchistes
purs?

Le sang royal n'est donc plus qu'un mythe, puisque non-
seulement il supporte les mélanges, mais que ces mélanges
lui font le plus grand bien ?

Il est peu probable, en effet, que le prince de Galles, relevé
de maladie, verra ses sujets si dévoués lui toi >»er le dos et.lui
refuser tout droit à la couronne d'Angleterre ; .us ce singulier
prétexte, qu'un roi régnant doit avoir du sang de roi dans les
veines et que le sang nouveau du convalescent n'est plus que
du sang de voyou!

Les Anglais qui raisonneraient ainsi ne feraient pourtant
que soutenir la réputation de logique dont ils se montrent si
fiées :

Le futur roi d'Angleterre n'est plus un roi pur-sang, mais un
roi de sang-mêlé; et — comme lui — ses descendants senti-
ront du sang de voyou circuler sous leur peau.

En poursuivant le raisonnement, nous arrivons même à des
conclusions étonnantes.

Le prince royal se mourait. Le sang royal, mais appauvri,
qui lui restait dans les veines ne suffisait pas à combattre la
maladie.

Qu'a-t-on fait?

On a fait mander un voyou bien fort et bien sain; on a pris
à ce voyou de son sang généreux, et ce roi expirant s'est senti
revivre, ranimé par ce sang de voyou.

Donc le vrai sang privilégié, le sang vivace, le sang géné-
reux, le sang qui peut seul donner des garanties, n'est pas le
sang de roi, mais le sang de voyou.

Et l'expression favorite de quelques journaux légitimistes :

Les sang-impurs,

Reste désormais impropre — lorsqu'elle ne s'applique pas
aux rois.

* *

Vous ailez voir ceci.

Le prince de Galles était, avant la maladie qui a failli l'em-
porter, un homme assez léger, ne reculant pas devant le scan-
dale, peu estimé en Angleterre, menant une vie passablement
déréglée, ayant enfin les instincts du voyou aussi accusés que
possible.

Mais je parie que ces goûts de mauvais goût vont disparaî-
tre, et que le prince désormais se consacrera tout entier aux
affaires de son pays : bon père, bon époux et bon roi.

Ce qui prouverait que le prince ■— voyou du temps où il
n'avait dans les veines que du sang royal — n'est devenu roi
que du jour où ce sang royal a été remplacé par le sang d'un
simple prolétaire.

LA QUESTION DU BALAI

Elle a failli prendre une importance politique.
Les grincheux disaient :

— On patauge sous la République, on ne pataugeait pas
sous l'Empire. JNous ne voulons plus patauger.

Et les commis voyageurs de Chislehurst ne manquaient pas
de souffler sur le feu en disant :

— C'est bien fait. Pataugez! Vous l'aurez voulu, Georges
Dandin que vous êtes. Napoléon III — le seul souverain sous
lequel on n'a jamais pataugé — attend que vous le rappeliez.
Il vous ramènera une armée de balayeurs, et on ne pataugera
plus.

Les journaux chislehursliens faisaient chorus.
L'Ordre comptait les balayeurs de l'Empire, et le Gaulois pu-
bliait les ligues suivantes :

A propos de Paris — marécage — un républicain de la veille me di-
sait hier :

Les républicains font tout ce qu'ils peuvent pour dégoûter les hon-
nêtes gens de jj Uéputilique. Sous le règne du tyran , les déerotleurs
avaient le droit de se plaindre; à dix heures, Paris, succursale de Ver-
sailles, était propre comme un sou. Le procédé pour le rendre habitable
était m simple que vraiment je ne comprends pas qu'on ne l'ait pas em-
ployé ces jours denders. I.e voici :

Le service du balayage employait 2,436 personnes, savoir :

106 employés et 2,330 ouvriers. — Les 106 employés étaient des in-
specteurs. Leur traitement variait de 1,400 fr. à 3,.00. Les 2,330 ou-
vriers.se divisaient de la manière suivante : 1,61(1 nommes gagnaient
2 IV. 30. à 3 fr. 50 par jour. 709 femmes, i fr. à 1 fr. 30. 2 garçons (en-
fants), 1 fr.

Et le susdit républicain terminait ainsi :

Croiriez-yous que ces... imbéciles (textuel)-m'ont appelé réactionnaire
quand je leur ai rappelé ce système?

Au risque-de passer pour un « rouge » aux yeux des rédac-
teurs du Gaulois, j'appellerai à mon secours un vieux numéro
du Gaulois lui-même :

Le numéro 644. — Dimanche, 10 avril 1870. (Napoléon III,
par la grâce de Dieu et la volonté nationale, empereur des
Français.)

J'y copie les lignes suivantes :

O printemps, vas-tu doitc pousser les Parisiens à de nouvelles lamen-
tations?

jamais, par un temps de pluie, les voies macadamisées n'avaient été si
peu balayées que cet liiver.

Et maintenant que le soleil est revenu, le macadam est tellement ar-
rosé qqe les mêmes voies ne sont pas plus propres.

Le directeur de la voirie aurait-il oublié les grandes traditions, ou
faut-il fonder une école d'arrosage et de balayage ?

Donc, voilà qui est bien entendu, j'espère? Si l'on patauge
sous la République, on pataugeait déjà sous l'Empire.

Ceux qui prétendent le contraire font preuve de beaucoup
de mauvaise foi, à moins qu'il? ne soient comme le Ganache
de Victorien Sardou,.qui disait :

— Autrefois les soufflets soufflaient, et maintenant ils ne
soufflent plus!

L'ENLÈVEMENT

Les provinciaux qui se figurent qu'il n'y a plus d'intrigues
au bal de l'Opéra vont être bien surpris en lisant ce qui
suit :

Pas plus tard que samedi dernier, l'un de nos confrères a
été enlevé par une très-grande dame... pour de vrai.

Afin de ne pas se compromettre, la très-grande dame pour
de vrai était venue en fiacre.

Le fiacre attendait au coin de la rue Le Peletier.

Notre confrère y monta d'assez bonne grâce.

Celle qui l'enlevait aussi.

— Fouette cocher!

Le fiacre ne s'est arrêté qu'en Espagne, où la grande dame
a des châteaux.
II importe de dire que c'était un fiacre à deux chevaux.

On me demande le nom du confrère.

— C'est Hippolyte Nazet, l'auteur de la Visite de gosses.

GR1NGOIRE.

LES SABOTS DE NOËL

C'est la veille de Noël.

Il est le quart avant minuit, comme disent nos voisins les
Belges, dans leur langue imagée.

Le paysan Jacques Bonhomme, entouré de sa femme et de
ses marmots, se livre à un modeste réveillon.

L'arbre, chargé de petits joujoux à treize, est dévoré par les
yeux pleins de convoilise des moutards.

Le père a l'air heureux devant tout ce petit bonheur tran-
quille, et, cependant, il passe de temps en temps sur son
front une main calleuse en murmurant :

— Ça ne peut pas durer comme ça! Les haricots baissent et
les farines montent. Sacredié! qui donc qui nous donnera un
bon gouvernement?

Et il avale un grand verre de piquette.
Le fieu bat le tambour et la petiote habille une magnifique
poupée qui a bien, ma foi, coûté cent sous chez l'épicier.

— Non, sacredié! reprend le père Jacques, ça ne peut pas
durer comme ça !

— Que qu' tas donc, mon homme? lait la bourgeoise. T'as
l'air tout chose... Les p'tits sont pourtant ben contents, eux
autres!

— J'ai... j'ai.,, j'ai que tout ça m'embête.

— Qui, ça?

— Le gouvernement.

— Le gouvernement?... Mais puisoue M 1» „

qu'il n'y en a pas et que nous sommes dans 'le pHïf «

--Vlàjustement le chiendent!... avec ce ,L„i
haricots baissent, baissent, que c'en est effnv'™ T^'les
tinue; mes sacs vont me roter sur les bris î! ça cor>-
ben plus heureux sous l'autre ! Ah! nous ««ons

— Quel autre?

— L'autre... sous lequel les haricots montaient

— Ah! oui... l'empereur!

— Tout juste.

— Mais puisque M. le percepteur dit que c'était un mJr
qui nous a vendus, livrés, trahis, honnis, ruinés S din>

— Tiens, femme, veux-tu que j'te dise?

— Dis, mon homme. .

— Eh bien, il m'embête, ton percepteur.

— Oh!... Jacques...

— Est-ce qu'il y a besoin de tant manigancer, àc' t'he.™
pour dire ce qu'on pense? ' 'neure,

- Non, certes, mais...

— Et puis, tous m'embêtent... là... qu'il pleuve, qu'il »Mle
qu ! grêle, qu ,1 fasse du soleil ou de la neige, de la lie où
du. beau temps c'est toujours Jacques Bonhomme ou 1™
cest toujours Jacques Bonhomme qui danse, c'est toi,ré
Jacques Bonhomme qui est battu. '""jours

— Qu'est-ce que tu veux, mon homme? c'est comme cari>
puis le commencement du monde.

— C'est bien ce qui fait que je veux que le monde finisse

— Hein?

— J'nï'entendons ben.

— Tiens, Jacques, je ne suis pas une savante, moi, mais il
me s.mble que c'est mal, tout c'que tu dis là ; etc'est comme
ça, vois-tu, depuis que tu as causé si longtemps avec ce grand
galopia qu est venu de Paris et qui fa donné un tas d'ehoses
a lire.

— Femme... tais-toi.
tu ne connais pas.

— Laisse donc!., il n'y a que les femmes pour avoir du flair,
J te dis que c'particulier-là est un pas grand'chuse.

— Suffit... en y'Ia assez I.. Il va être minuit... faut se coucher,
mels les mioches au lit.

La mère pend les petits et les emmène dans

— Bonsoir p' pa, bonsoir m'man.

— Bonsoir, bonsoir.
Jacques Bonhomme reste seul.

1! regarde autour de lui, et s'en va à pas de loup chercher
dans l'armoire une vieille paire de sabots.
Puis, il marmotte à voix basse :

— On dit qu'la nnitde Noël, il faut mettre ses sabots dans la
cheminée et que le lendemain on y trouve ce qu'on a le plus
désiré. Eh ben, comme, ce que j'désire le plus est un hou
gouvernement, j'vas mettre mes sabots dans l'âtre et p'l'être
bef> que demain matin... j'y trouverai ce que je cherche... le
gouvernement dp peuple par le peuple, par exemple... comme
dit le citoyen de Paris. J'sais ben qu'toutçà, c'est des super-
slitious et qu'il m'a dit que le bon Dieu n'était qu'une bonne
blague... mais enfin, on peut toujours essayer, n'est-ce pas?

Essayons.

Il prend les pincettes, enlève le feu et met les sabots dans
l'âtre.

— Là... v'ià qu'est fait.., {Maintenant nous allons ben voir.
Et le vieux se couche.

' Minuit sonne,

On entend dans la cheminée comme le bruit d'un œuf qui
dégringole, puis au milieu de la suie, on voit tomber dans les
sabots une sorte de petit homme tout petit, tout petit, pas plus
haut qu'une botle.

— Tiens!... fais Jacques Bonhomme, en se frottant les yeux...
mon citoyen de Paris! ftluis comment donc qu'y se fait qu'il
sort ratatiné comme çà?

Le petit homme, sans rien dire, va droit à lahuche au pain,
y prend une énorme miche, ouvre le buffet, s'empare du gigot
et d'une cruche de vin et s'installe à la place du paysan.

— Eh ben... il n'est pas gêné, au moins... le v'ià qui/3''
comme chez lui... Et moi qui comptais sur le reste dugigo'
pour déjeuner demain matin ■'

Le petit homme se met à mordre à belles dents dans la chair
rouge et saignante, en se versant rasades sur rasades.

— Sacredié! continue le paysan, il lampe rudementI—*'a
cruche va y passer... Mais c'est dr(ile...'i) nie semble Plus
grand que tout à l'heure.

En effet, le petit homme grandissait à vue d'oeil.
Après le gigot, qui disparaît en entier, le fromage, dont il
ne reste pas nne miette.
Puis, après le fromage, un grand lot de café, puis un énorme

et ne parle pas mal des citoyens que

soupente.

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tanlsu bas du Vu, et si lu fais un f

es, in vas nn peu me passer par II
ta!.'., attentai lit peu!

Au moment It fantôme pousse u
ilii|atiiil; et la paysanne d'une wix

^ Mais quoi que tvj rêves donc,
flanques à bas nu Sil?

Jacques Bonhomme se frotteles ]

-Tiens, il est parti!,..

- Oui ci, parli'l

-Lui,., le frère.,, qui m'a mis
prendre.

-T'as (ait un nantis rive, la

— Un rêve, femme ? Bis donc
égal, la leçon me profitera, et si ja

— Bonsoir, Jacques.

- Bonsoir, lladel»,

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