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LE GRELOT.

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Nous commençons aujourd'hui le roman littéraire et
moyen-âge, quoique essentiellement moderne, que
nous avons annoncé dans notre dernier numéro :

Attl TVOIWt IDE DIEU!

M. NICOLAS VUiUIlIECHE.

Nous croyons inutile d'appeler l'attention de nos
lecteurs sur ce remarquable ouvrage. Le nom de son
auteur et sa publication dans le Grelot, le recomman-
dent suffisamment.

LA CUEILLETTE DES FEUILLES.

L'arbre a été planté en 1789.

Il est encore solide malgré les tempêtes qui l'ont secoué, et
la foudre qui l'a frappé bien des fois n'a pu le renverser.

Souvent la sève vigoureuse, développée encore par un bien-
faisant soleil,lecouvrede ces feuilles spéciales que les botanistes
nomment :

Gaieltes.

Alors les jardiniers en chef s'émeuvent.

— Trop de gazettes, murmurent-ils. Jamais notre arbre ne
sera capable de supporter toutes ces feuilles-là.

— Mais, jardinier que vous êtes, si le cœur vous en dit,
abattez l'arbre !

— Abattre l'arbre! Pourquoi cela? Il me plaît de l'avoir
dans mon jardin. Est-ce qu'il y a un jardin un peu propre sans
cet arbre-là? Je vais émonder, voilà tout.

Et il émonde.

C'est le citoyen jardinier Rigault que notre dessin représente
dans l'arbre perché.

» Il rogne, taille, arrache les mauvaises feuilles, et celles qui
jaunissent, menaçant de ses ciseaux puissants des branches
tout entières. j

Autour de lui, le sol est jonché de feuilles frappées avant
l'âge que piétinent— ai-je bien vu?—des journalistes, des
concurrents !

Il y a là le jeune Delezcluse surveillant l'opération du coin
de l'œil ;

Et le rose Paschal Grousset, frisé, pommadé, musqué,
minaudant d'aise ;

Et Pyat qui s'esclaffe de rire en pensant aux hécatombes de
demain;

Et le rouge père Duchêne applaudissant du bout de ses
gants jaunes qui trahissent l'ancien poëlaillon libidineux des
gazettes plus ou moins galantes ;

Et l'auvergnat Vallès, l'écharpe du Délégué à la boutonnière,
vociférant, hurlant, poussant le cri du peuple.

Sans compter les invisibles, à un et deux sous, qui grouil-
lent au fond, à droite, à gauche, et qu'on devine sans pouvoir
mettre la main dessus.

La cueillette s'avance. L'arbre sera nu tout à l'heure.
Prends garde, jeune jardinier I
11 peut en mourir.

Paris possède actuellement une classe de citoyens intéres-
sants que cette Saint-Bafthélemy de feuilles a laissés sur le
pavé.

Ce sout les journalistes.

A ceux-là, le Grelot doit quelques bons conseils.

Il n'est pas permis de jeter ainsi le manche près la cognée.

Et je livre à qui voudra s'en servir les moyens de continuer
la publication de son journal supprimé d'une façon originale
et n'ayant pas encore servi jusque cejour.

1

Les rédacteurs du journal supprimé font imprimer leur
numéro, le collent sur une planche carrée, mettent ladite
planche au bout d'un bâton, revêtent ua costume de fantaisie
et vont promener lettï- placard sur le boulevard, s'arrtlant
devant celui qui vêtit en prendre connaissance st récol-
tant après chaque lecture, dans un énorme tronc, les trois
sous du lecteur.

C'est très-pratique, commode et fournit au journaliste l'oc-
casion d'un exercice salutaire qui ne lui manque que trop

souvent.

Il

Vous avez vu parfois des mendiants déposer une enveloppe
sur toutes les tables d'un café, puis demander ensuite un petit
sou à ceux qui avaient-eu la naïveté d'ouvrir l'enveloppe ?

Vous vous habillez ignoblement.

Vous faites imprimer votre journal, le mettez soits enveloppe
et sur l'enveloppe en grosses lettres :

Opinion Nationale ou Petit Monitedk.

Puis, vous vous livrez exactement au manège du mendiant,
sur lequel je viens de fixer votre attention. Trois sous par en-
veloppe gardée.

Au besoin, vous pouvez vous entendre avec l'un de ces
mendiants, plus exercés et plus effrontés que vous ne le serez
jamais.

Mais, en ce cas, il est urgent de lui adjoindre un adminis-
trateur pour surveiller ses opérations.

Nous ne nous faisons pas beaucoup d'illusions. Nos confrères
sont généralement doués d'un sot orgueil qui les empêchera
d'avoir recours aux moyens extrêmes que nous venons rie leur
proposer.

Ils auront tort.

Que diantre, les journalistes sont des hommes qui ont besoin
de leurs journaux pour vivre.

C'est même pour cela qu'il y en a tant qui meurent de faim !

GKHiGOlKB;

MANIFESTE

DES CITOYENS VIDANGEURS

QUI MIS VEULENT PLUS TRAVAILLER LA SUIT.

Aux citoyens membres de la Commune,
siégeant à VKôtel-de-Yiile et autres lieux.

Ah ! ça, nos beaux messieurs, voilà quinze jours que
vous vous occupez des citoyens boulangers.

Et nous? Nous ne vous intéressons donc pas?

En vérité, vous en prenez bien à votre aise. Trop d'ai-
sance, nos bons, trop d'aisance !

La vidange tout entière a l'oeil sur vous et si vous ne
marchez pas carrément dans ses eaux, eh! bien,, tant pis,
cela ne vous portera pas bonheur t

Qu'est-ce que nous demandons, après tout?

L'égalité de la fraternité.

Cela nous embête de travailler pendant que vous ronflez;
de nous échiner le tempérament pendant que les au-
tres se gaudissent dans leur duvet. Qu'on nous laisse tran-
quilles la nuit, et, si ça nous plaît d'aller souper à la Maison
Dorée, que personne ne puisse nous en empêcher, hein ?

La Maison-d'Or vous fait sourire, tas d'aristos que vous
êtes?

Est-ce que vous croyez que parce qu'on est dans la vi-
dange on n'a pas de cœur? Est-ce que vous croyez que les
cabinets ne sont faits que pour vos beaux habits?

Nous les connaissons mieux que vous, les cabinets !

Mais c'est précisément quand la maison dort que nous
ne vouions plus faire notre besogne.

Vous avez parlé d'humanité à propos des boulangers et
de leur travail de nuit. Nous ne les valons donc pas, les
boulangers ?

U nous semble qu'il n'est pas plus honorable de faire du
pain que de travailler à enlever ce qui en reste ?

Mais vous êtes bien tous les mêmes. Vous avez la bouche
pleine de grands mots et de grandes phrases :

Plus de préjugés !

Solidarité pour tous !

A tous les mêmes droits et les mêmes devoirs!

Malheur !

Les mêmes devoirs ? S'il vous fallait vivre au milieu de
nos tonneaux et travailler dans notre marchandise, nous ne
vous disons que ça, petits.

Revenons à la question.

Qli'estrce qui vous empêche de nous accorder ce que nous
vous demandons?

Trouvez-vous que nos voitures ne soient pas assez élé-
gantes pour être vues de jour? Si ce n'est que cela, nous
nous arrangerons. L'un de nous, le grand Delafosse, a trouvé
lé remède. Nos chars seraient désormais enguirlandés de
fleurs. Il y aurait des fontaines d'eau de Cologne aux quatre
coins. Cela n'enlèverait rien aux beautés des rues de Paris.
Au contraire !

Mais nous vous entendons d'ici :

— Ces hommes, dites-vous, ont un costume déplaisant.
Leurs blouses sont couvertes de taches étranges. Ce n'est
pas l'eau de Lubin qu'ils empestent..

Nous pouvons, si vous le voulez, travailler toit
comme les boulangers. Pourvu qu'on nous lai, "
bottes! " lsse nos

Ce qui est important, c'est que vous vous décidie? «■
grève générale ! ule2'Mnoj I

Et vous aurez beau nommer dés délég

aies, nous ne

tra.

vaillerons plus, Nous laisserons s'accumuler ce qu
savez jusqu'à ce que vous vous y enfonciez, nos purs ^

Donc, un bon décret et plus vite que cela. Que le vj i
geur soit rendu à savidângeuse. Plus de travail de nuiti

Après cela, si vous ne yous décidez'pas, vous sentez h'
ce que nous vous disons, hein?

Les vidangeurs délégués :

DliLAFOSSÊ, SeNLEMCSC, GflOTONNEAtl, RÉSÉDA
Pour copie coaforme :

LE GRINCHEUX.

ET LES ACCOUCHEURS?

Plaise à la Commune de décréter :

Considérant que les accouchements qui ont lieu la niiilfo
pousser des cheveux blancs à ceux qui les pratiquent ■

Qu'ils constituent un abus flagrant et une violation des prin
cipes républicains et vraiment révolutionnaires :

Art. 1er. — Les accouchements de nuit sont et demeurent
abolis.

Art. 2. — Les petits réfractaires qui se présenteraient cou
trairement à l'article 1", seront privés de leurs droits civils et
politiques, si ce sont des garçons; enfermées dans la mai»
de correction Habille jusqu'à l'âge de vingt-et-un ans si™
sont des filles.

Les concierges qui leur tireraient le cordon seront conduits
à la Conciergerie.

Art. 3. 44 Les gardes internationaux et les citoyennes sa»e-
femmes sont chargés de l'exécution du présent décret.

UN ACCOUCHEUB. '

CALENDRIER PROPHÉTIQUE

[t>u hindi 15 au dimanche 21 Mai.)

Considérant qu'il est devenu impossible de se procurer, même à prix
d'or, un petit pain au lait pour le café du malin, la Commune de Paris
décidera que l'heure du déjeûner sera désormais celle du dîner, et réci-
proquement.

Grâce à ëelte sage et paternelle mesure, on ne se doutera moine pis
des changements qui viennent de bouleverser la boulangerie parisienne,

Arrivée d'un étranger qui n'est pas un général de division. Quatre mille
Cinq cents hôteliers se le disputent. Le calé des Pyrénées, un café à
femmes, illumine sa façade pour fêter ce grand événement. Les boutiques
rouvrent. La confiance renaît. Les directeurs du Palais-Royal se deman-
dent sj ce ne serait pas le moment de lancer la première de Paris-Bahl

MERCREDI.

L'enquête concernant le couvent, de Picpus [trouvera, clair comme les
comptes d'un délégué aux finances, que les ossements déjeunes femmes
trouvés dans tes caveaux, étaient ce qui restait des malheureuses sur les-
quelles M. Louis Veuillot s'était livré aux dernières violences.

La colonne Vendôme étant démolie, les Versailluis décréteront que, dès
leur rentrée dans Paris, ils élèveront une autre colonne sur le même
emplacement, — avec le bronze des canons pris aux fédérés.

A la place du César d'on haut on mettra la statue de M. ïliiers.

L'étranger, qui n'est pas un général -de division, se promène sur te
boulevards. Il est suivi par qUalfe-vingt-douze mendiants. Des bouti-
quiers, ayant décidément repris confiance, sortent leurs drapeaux.

L'étranger demande à monter sur la colonne.

— La colonne est démolie.

— Sur l'arc de triomphe de l'Étoile, alors?

— 11 y pleut des obus.

— Sur les tours Notre-Dame?

— On a fermé les églises.
L'étranger continue sa promenade.

samedi.

On lit dans l'Officiel, de Paris :

« Jamais les boulevards n'avaient été aussi animés qu'hier. Les étran-
gers y affluaient. Les boutiques étaient ouvertes. Voilà donc Pans e"
voie de reprendre le rang qui lui convient. »

Etc.

DÎMAIStCHE.

Un garçon du Grand-Hôtel trouve inanimé, clans son lit, le !'imal

étranger, qui n'est pas un général de division.

U est mort d'ennui !

Le dùlégiïè aux frophelm,

M-Él'HISTO.

AH!

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