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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 2.1872

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https://doi.org/10.11588/diglit.3250#0041
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W,sPC'W'i«^ tfirroié- rfe-ce fort d'Issy où les canons-fjror.cte.eirt, ou
'WSiSK avaient les obus, du côté de ces tranchées d'où sortait te
'«S» M>%/ œillade, l'angoisse ressentie et la douleur devenaient plus for-
s !%,k h,K lencore, et une sourde malédiction montaitalorsa nies lèvres
%fNX'' «ire cette chose qui s'étalait ainsi en plein soleil : la guerre

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LE GRELOT

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temps de 1871, on. ne t'oubliera pas 1 Germinal vitsour-
Floréal s'épanouir la haine; Prairial vit faucher non
>,|rbe, mais les hommes. Qu'eût-il dit, qu'eût-il dit alors
,'ïtègre savant qnj avait créé jadis le calendrier des mois
JÏublicains, le pur Romme, l'ami de ce Bourbotte qui jetait
ïmourant ce cri de réconciliation suprême :
< Embrassons-nous tous, et aimons-nous tous; c'est le seul
«yen de sauver la République ! »

Jules Glaisetie.

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tes paries,!,»,,'
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comme une ièïre,.C-'
L'û passe, eDJetist'aV-?
ifffli kù.^

t'I Je rajeiniseiiieiL,-
annéeiifïf? ""

0 blanche Poésie, où donc es-tu cachée?
Rien ne tressaille plus à les divins rayons ;
Loin de toi, l'Art, Ion frère, a brisé ses crayons :
Dans les œuvres d'hier en vain je t'ai cherchée..

La gerbe de Musset est donc toute fauchée?
Tarie est donc la source où buvaient les lions?
Et la grappe aux grains mûrs, sang vif des passions?
C'est que la nuit s'est faite et que lu Tes couchée.

Drapée en ton dédain, dans les bois ténébreux,
Au château de l'Oubli tu dors. La pâle Etude
Veille sur ton sommeilavec ses grands yeux creux.

Mais nous irons en chœur peupler ta solitude :
Plus amoureux encor que le Prince Charmant,
Nous te réveillerons, ô Belle au Bois Dormant I

Arsène Hodssate.

A PROPOS DE BOTTES

s, ;Je vous avouerai, chers- lecteurs, que j'ai ri cette semaine
:amme jamais Vésinier, l'aimable bossu de la Commune, n'a
,ilde sa vie.

IS {Vous -ne vous êles pas aperçu que le Rappel avait reparu
iiijisi que le Pays?

i «(C'est du reste à cet immense événement que se rattachait
jïobablement la magnifique aurore, boréale qui a jeté ma
émme de ménage dans un étonnement dont elle n'est pas en-
core sortie.)
|Non, n'est-ce pas?

ÎEh bien, nos deux confrères sont de nouveau sur la brèche,
j(i3|je puis vous assurer qu'ils ont débuté par une passe d'armes
;."}ài enfonce iout ce que l'imagination peut rêver de plus co-

Jjcisse.

'Voici les faits.

iraeDlœiit-
i!a printemps fl Ap
élffintpleiisiïÈ

jtjrte.uil remplissait les coupes.des. convives.

I Le jeune Blum avait été chargé d'improviser des couplels

ÏMufcMlll!;:

>a!onieî;ààiej.
îllts, datai! lia
i sève eenlaiiaitetei

ici ; mois dt iuïries, ce : : Un jeune chevalier nommé Camille Pelletan, tout bouillant
iMilèillt«»ifc~cV'-une ardeur belliqueuse," et se croyant encore à la fête de
iJsteiiilils, Sâint-Cloud, avait cru pouvoir prendre pour tête de Turc, dans
lé Rappel, l'infortuné Janvier de la Motte, en sa qualité de
préfet de l'Empire.
I Du premier coup il amena le SOO.

Le soir même, en signe de réjouissance pour un si brillant
.'ait d'armes, le grand Victor réunissait la rédaction entière du
^journal à sa table somptueuse.

Porret avait été prié de ne rien ménager pour que la chère
; ..jn |; ...lût exquise, et le petit bleu des-crus les plus fameux.d'Argcn-

El, i *
guerre, après

: joj^djlilBïb'-pour la circonstance, et les citoyens Meunce et Vacquerie, dans
! tfcàïùnc tenue irrép'roeable, déclamaient, entre chaque service,
1 le ŒWne tirade de Tragaldabas.

1 Au dessert, le grand Victor, après une-chaleureuse allocu-
tion, Al approcher le jeune chevalier Pelletan, et lui remit, en
•guise de gratilication pour sa belle conduite, un magnifique
porte-monnaie à treize, renfermant une belle petite pièce de
quatre sous toute ne,uve.

Pendant que se?passaient ces folies au temple de la rue de
Larochefoucaul, que faisait Je jeune sire Paul de Gassa-
,gaac ?

i Plein d'une juste colère, il fourbissait, fourbissait, fourbis-
sait un de ces articles de 7 qui, le lendemain, éclatait comme
un obus dans les colonnes du Pays.

:Cet article était à peu près rédigé en ces termes ,
11 y a, de par le monde, un certain petit galopin du nom de
Camille Pelletan, qui vient de se permetti e une infamie qu'on ne
saurait ramasser trop vite avec une pelle et des cendres.

La rédaction tout entière du Pays a l'honneur de prévenir ce

des»*6'S

de morts*

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leurs*!
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;s*' a.|[i|Wxi, jeune muffe que s'il a un derrière, elle a des bottes, qu'elle tient
qrj'A

r^lJ'^'S 'Il était difficile,

W.....tWjA galant et de meilleur goût.

Mjsa disposition, et qu'elle se propose de lui appliquer au jour et à
$ ■ l'heure qui lui conviendront le plus.

us le voyez, chers lecteurs, d'être pins

■■lel»"1 «/

Avouons aussi que le brillant Pelletan avait assez mérité ce
compliment en traînant dans la boue un accusé avant l'arrêt
de la justice.

L'affaire" en était la, et la galerie attendait le résultat de ce
cartel en se tenant les côtes, quand un compositeur du Rap-
pel, acheté par nous à prix d'or, nous remit l'épreuve de te ré-
ponse qui va très-probablement foudroyer un de ces matins
l'infortuné Paul.

Nous sommes heureux de pouvoir faire profiter les lecteurs
du Grelot de cette primeur que nous disputait le Journal des
Débats.

"Voici cette page affriolante :

Citoyen Paul,

Tu m'as appelé muffe; tu ne trouveras sans doute pas étonnant
que je réponde à ce qualificatif par celui de fèijnant, que tu me, pa-
rais mériter complètement.

Ce n'est pas parce que tes rédacteurs ont des bottes comme Rat-
tien, qu'ils me font peur.

« Nous qui sommes des démocrates, nous n'avons que des chaus-
sons; mais je t'assure qu'ils sont aux pommes/

(Ce mot vient de m'être fourni par Blum, et je l'ai trouvé
tellement drôle que je l'ai gardé.)

« Donc, envoie-nous tes bottes, nous te répondrons par nos chaus--
sons, et nous verrons qui l'emportera, de la botte de S^dan ou du
chausson du 18 mars.

Ni salut, ni fraternité, mais des gi/fles !

Ton Camille pour la vie.

Si Paul en revient, je l'irai dire à Agen, patrie de Baze,
l'aimable questeur.

Vous pensez, ô mes lecteurs adorés, si cette polémique de
Savoyards nous a mis en belle humeur!

Je dois cependant avouer que quelques esprits chagrins ont
trouvé vraiment bien pitoyable que des journalistes se lanças-
sent à la figure, — quand je dis figure, vous m'entendez bien?
— de pareilles grossièretés, bonnes tout au plus pour des cro-
cheteurs.

Comment, ajoutent les mêmes esprits chagrins, nous en
sommes venus là que pour comprendre certains journaux; il
faudra désormais avoir fait ses études dans le Cathéehisme pois-
sard et passé ses examens sur le carreau des Halles?

Que diable va-t-on penser de nous en Champagne où sepaf-
fent tous les joqrs ces excellents Prussiens?

— Eh bien, diront-ils, c'est du joli ! Qu'est-ce qu'on nous
chantait donc que les Français étaient bien élevés et que c'était
le peuple le plus spirituel du monde?

Ce n'est pas étonnant qu'ils aient fait venir de chez nous
tant de balayeurs avant la guerre.

Der teufel 1 ça n'est pas propre chez eux!

Nicolas Flammèche.

L'ARGENT BENI

« Bien faible est notre obole, » écriviez-vous, ô sœurs

De Lorraine et d'Alsace,
Alors que, le front bas, mais portant haut les cœurs

Sous le fer qui menace,

A ceux dont vous prétend détacher vainement

Une tourbe allemande
Vous adressiez de loin, comme un défi charmant,

Votre première offrande.

«•■Bien faible est notre obole. Elle est la goutte'[d'eau
« Qui, dans les mers profondes,

« Sejaerd et disparait sans changer le niveau
« Momentané des ondes. »

Qui-se perd? Oh! non pas. Atome en ce flot d.'âr-

Que le vainqueur exige,
Votre obole suffit à l'absorber encor :

Adorable prodige !

Son merveilleux contact a, d'un seul coup, prêté

' Aux moindres pièces blanches,
La valeur d'un appui par l'esclave apporté
Pour les sombres revanches.

Qu'importe votre part dans le total fourni

A d'âpres exigences ;
En elle je ne vois que l'instrument béni.
Qui sert à nos vengeances !

Le Tudesque h présent peut jouer le mépris

Pou. nos douleurs 6ereines ;
Dire : «A moi l'or français I » faire avec de longs cris

Sonner ses poches pleines :

Il n'est plus une pièce arrachée à nos mains,

Plus une qu'il ne sente
Parler tout bas d'amour et de doux lendemains

A la patrie absente ;

Plus une que, froissant sous le doigt qui la tient,

Impuissant en sa haine,
11 n'ait droit déjuger : «Encore une qui vient

D'Alsace et de Lorraine! »

Paul Parfait.

KLÉON



RABAGAS D'ATHENES

Périclès avait su imposer une trêve tacite aux parli-s qui,
depuis la Révolution Rleisth/nienne, divisaient les Athéniens.
Le parti aristocratique s'inclinait devant son génie, et ses com- :
plaisances po,ur la multitude lui conciliaient le parti démocra- •.
tique. Estimé- par les patriciens, aimé par la plèbe, il était;
aux yeux de tous l'homme de la'République Athénienne.

Périclès mort, les partis rompirent la trêve. Aristocrates et
démocrates se disputèrent le pouvoir. Ce n'étaient pas seule-
ment ses principes que chacune des deux factions voulait faire
triompher, c'étaient aussi ses inlérêUjju'elle voulait sauve-
garder. Depuis deux ans déjà la guerre était engagée avec i
Sparte. La classe riche, ruinée par les armements qui étaient
exclusivement à sa charge et par les ravages des Lacédémoniens ,
sur les terres de l'Attique qui lui appartenaient toutes, aspirait à
la paix; la plèbe que les hautes payes, les constructions na-
vales etles fabrications d'armes enrichissaient voulaiUa guerre ,
à outrance.

A la tête du parti oligarchique étaient Nicias et Démos-
thènes, deux stratèges qui avaient souvent conduit à la vie- '
toire les armées de la République, et un certain Phaeax, riche1;
chevalier, beau parleur, mais sans valeur réelle. La parti dé-
mocrati jue avait pour prineîpal chef ta démagogue Kléon.

Kléon, fils de Kléénétos^, était corroyeur. Il n'avait pas ap-
pris la rhétorique et te politique dans les écoles de sophistes
mais sur la plaCe publique et à l'Assemblée où tout citoyen
athénien pouvait écouter les-oraleurs: e*s'essayer à leur répon-
dre. Kléon avait la véritable éloquence dto tribun, véhémente
rude, hardie. Il passionna H et il entraînait la multitude

'

La première fois que Kléon aborda la tribune, ce fut pour
demander la mise en accusation de Périclès. Sa motion em-
porta la majorité des suffrages. Périclès fut traduit en justice.
Kléon soutint l'accusation devant le Dikaslérion. Périclès fut
condamné à une énorme amende.

La mort de Périclès, qui survint peu de temps après ce pro-
cès, fit de Kléon un chef de parti. Il promettait au peuple de
nouvelles réformes; il se déclarait pour te guerre a tout
prix. A l'Assemblée, durant les six années que Kléon di-
rigea le parti démocratique, il remplit dignement et dans l'in-
térêt de la chose publique son rôle d'orateur du peuple. Mais
il se montra toujours partisan des mesures excessives. Ainsi
ce fut sur la motion de Kléon que l'Assemblée décréta l'exé-
cution des prisonniers mytiléniens révoltés et le massacre de
tous les habitants de la cité insurgée de Scione.

L'affaire de Sphaktérie vint porter au comble la renommée
de Kléon. C'était en 423 avant l'ère chrétienne. Un corps de
Lacédémoniens était.bloqué dans l'île de Sphaktérie par une
petite armée athénienne, commandée par Démosthènes, qui
occupait Pylos. Le blocus traînait en longueur. Kléon atta-
qua violemment Démosthènes devant l'Assemblée, aedusant
ce slralége de mollesse et d'incapacité. Il dit que siles géné-
raux étaient des hommes, il leur serait facile avec les forces
dont ils disposaient de prendre l'île de vive force. Il ajouta
que si lui, Kléon, avait le commandement des troupes, les
Spartiates mettraient bien vite bas les armes.

Une telle forfanterie irrita les Athéniens. Excitée par les
nombreux ennemis de Kléon, qui pensaient ainsi détruire à
jamais son prestige, l'Assemblée tout entière le mit en de-
meure défaire ce qu'il avait inconsidérément avancé. Klé on:
se vit perdu s'il hésitait. Il accepta le commandemonf de l'ar-
mée, et il s'embarqua.

Le lendemain de son arrivée à Pylos, une descente hardie
dans l'île de Sphaktérie le rendait maître de la position et d e
la garnison Spartiate qui s'y trouvait. Ce qui devait précipite r
la chute du démagogue tourna à sa gloire.

L'an 422, Kléon, élu stratège, partit d'Athènes avec un
corps expéditionnaire pour aller soumettre les cités révoltées
du littoral de la Thrace. Il fut tué devant \mphipolis en com-
battant vaillamment à la tête de ses troupes. .. I

C'est cet homme qu'Aristophane, qui appartenait à la
faction aristocratique, jeta en proie aux rires du peuple,
athénien sur le Théâtre de Bacchus; c'est ce Kléon que le
poêle de la Parabase des Oiseaux railla sur son état de cor-
royeur, qu'il traita en pleine scène de coquin, d'ivrog ne, d'in-
fâme et de lâche, et qu'il accusa publiquement de malversa-
tions.

« Que les dieux t'accablent des plus épouvantables maux!
roi des coquins, calomniateur infâme, immonde débauché,
sycophante, impudent larron, chien-renard astucieux et per-
fide, tu m'as indignement volé !» dit à Rléon le bonhomme.
Peuple dans la comédie des Chevaliers.

« J'ai volé dans l'intérêt public, » répond Kléon.

Après le Kléon d'Aristophane, pourquoi s'étonner et s'in-
digner du Rabagas de Victorien Sardou? Si M. Sardou n'est
pas Aristophane, Rabagas n'est pas Kléon, Rabagas n'a pas
vaincu l'ennemi à Sphaktérie et il n'est pas mort pour te paj

trie devant Amphipolis. »


Henry. Houssate.

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